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À New York, le nouveau maire Zohran Mamdani promeut une écologie populaire : «J’aime sa proposition de rendre la vie abordable»

L’Odyssée d’un maire. Le démocrate-socialiste a remporté cette nuit l’élection municipale de la plus grande ville étasunienne. Si Zohran Mamdani n’a pas fait campagne sur le thème de l’écologie, il défend une politique qui associe fin du mois et fin du monde.
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Après quelques minutes de doutes, des dizaines de cris retentissent aux alentours de 21h30 (heure locale), mardi soir. Les jeunes socialistes de New York (États-Unis), rassemblé·es dans un bar du quartier de Manhattan, viennent d’apprendre à la télévision que leur candidat est élu maire de la ville avec plus de 50% des voix. Surtout, Zohran Mamdani est l’édile le mieux élu depuis 1969, récoltant plus d’un million de suffrages.

Né en Ouganda, d’origine indienne, de confession musulmane, ex-rappeur et représentant de l’aile gauche du Parti démocrate (notre portrait), Zohran Mamdani est tout ce que le président des États-Unis Donald Trump déteste : un «communiste», selon lui. Le milliardaire est d’ailleurs directement intervenu dans la campagne municipale. La veille du scrutin, il a appelé les New-Yorkais·es à voter pour le candidat indépendant Andrew Cuomo (qui avait perdu la primaire démocrate au profit de Zohran Mamdani) – qui termine finalement deuxième (près de 42% des voix). Donald Trump n’a pas soutenu le champion de son propre parti, le républicain Curtis Sliwa (7%).

«Abordable»

À 34 ans, Zohran Mamdani a remporté le scrutin grâce à un mot qu’il n’a eu de cesse de répéter durant sa campagne : «Abordable». Représentant d’Astoria, un quartier multiculturel de l’arrondissement du Queens, il a été élu sur la promesse de réduire le coût de la vie de la classe ouvrière locale.

Plus qu’ailleurs aux États-Unis, les prix ont augmenté de 3,2% sur un an dans la métropole new-yorkaise, d’après une étude du Bureau américain des statistiques du travail publiée en août.

Des militant·es socialistes poussent des cris de joie depuis un bar de Manhattan à l’annonce de la victoire de Zohran Mamdani. © Hugo Coignard/Vert

Pour y remédier, le nouveau maire promet de geler les hausses de loyers et d’ouvrir un «réseau d’épiceries municipales», comme il l’expliquait dans une vidéo sur Tiktok. Exonéré·es de taxe foncière ou de loyer, les épicier·es sont censé·es pouvoir répercuter cette baisse de leurs coûts fixes en proposant aux consommateur·ices une alimentation «abordable».

Le slogan a fait mouche auprès des électeur·ices du quartier de Brooklyn. «Je viens tout juste de voter pour Mamdani car j’aime sa proposition de rendre la vie abordable. Tout devient trop cher ici», confie Isamu, designer de 49 ans, un autocollant «J’ai voté» sur sa veste. «Je vote pour lui car j’ai besoin de nourriture et de plus d’argent pour payer mon loyer», résume Cherry, sexagénaire d’origine panaméenne.

D’autres disent avoir choisi Zohran Mamdani par défaut. «Je ne suis pas son plus grand fan, mais je n’aime pas Andrew Cuomo, qui est un harceleur sexuel», fustige Dean, avocat de 36 ans. Plusieurs femmes ont rapporté, à partir de 2020, des faits pouvant relever du harcèlement sexuel de la part de l’ancien gouverneur de l’État de New York.

«Je ne suis pas sûr que Mamdani puisse faire grand-chose mais, au moins, il ne me semble pas dangereux», ajoute Dean. «Je soutiens les démocrates. Et Cuomo est soutenu par notre président, qui construit un État autoritaire dans notre pays», considère Tony, un autre électeur de Zohran Mamdani.

Candidat de l’écologie populaire

La promesse de rendre la vie moins chère a davantage pesé dans le scrutin que les propositions de Zohran Mamdani pour faire face au dérèglement climatique. Toutefois, si l’écologie n’était pas au centre du discours du démocrate, c’est aussi parce que le nouveau maire de New York a essaimé les enjeux écologiques au sein des différentes propositions de son programme. «Le climat et la qualité de vie ne sont pas deux préoccupations distinctes, résumait Zohran Mamdani en avril dernier, auprès du magazine américain The Nation. En réalité, elles ne font qu’un.»

Zohran Mamdani célèbre sa victoire, mardi 4 novembre 2025, à New York. © Angela Weiss/AFP

Le candidat Mamdani a promis d’offrir aux New-Yorkais·es des bus «rapides et gratuits». Une mesure que l’on peut considérer comme écologiste, puisqu’elle réduit la dépendance à la voiture, très émettrice de dioxyde de carbone (CO2), mais qu’il a plutôt présentée comme une proposition de justice sociale. «Un New-Yorkais sur cinq a du mal à payer le tarif sans cesse croissant [des transports en commun], est-il indiqué sur son site de campagne. Les bus de notre ville sont les plus lents du pays, privant les travailleurs de temps précieux pour la famille, les loisirs et le repos.»

En tant que maire, le socialiste compte également financer la construction de 200 000 habitations dans les dix prochaines années. Là aussi, tout en s’attaquant à la crise du logement et à la vie chère, Zohran Mamdani souhaite que ces nouveaux «logements abordables» soient situés «près des centres de transport» et il veut «mettre fin à l’obligation de bâtir des parkings» à chaque nouvelle construction.

Opposé au gaz de schiste

Sa vision d’une écologie populaire, Zohran Mamdani l’a déjà mise en pratique. En tant que membre de l’Assemblée législative de l’État de New York, il s’est illustré localement en s’opposant à la construction d’une usine de gaz de schiste à New York. L’élu considérait que les émissions atmosphériques prévues étaient trop élevées pour être conformes à la loi de l’État qui oblige à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

«Chaque jour, je vois mes voisins d’Astoria souffrir de l’une des pires qualités de l’air de notre ville, comme en témoignent les taux d’asthme. Cela suffit, avait estimé Zohran Mamdani lors d’une manifestation en août 2021, d’après le média local QNS. Nous en avons assez que des investissements soient réalisés dans des combustibles fossiles polluants alors que nous pouvons aujourd’hui produire de l’énergie propre.»

Le nouvel édile de New York aura-t-il les moyens de ses ambitions ? Pendant la campagne, ses opposant·es ont pointé du doigt le coût élevé de certaines de ses propositions. Et, pour ne rien arranger, Donald Trump a menacé lundi de réduire drastiquement le financement fédéral dédié à la ville de New York en cas d’élection de Zohran Mamdani. Reste à savoir si le président d’extrême droite mettra sa menace à exécution.

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