Portrait

Jeune, socialiste et musulman : qui est Zohran Mamdani, l’ancien rappeur élu maire de New York

Maire des batailles. À 34 ans, Zohran Mamdani a été élu maire de New York, ce mardi. Gel des loyers, crèches gratuites, défense de la Palestine… Cet ennemi juré de Donald Trump, qui le qualifie volontiers de «communiste fou», l'a emporté avec 50,4% des voix, selon un bilan provisoire.
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Mise à jour mercredi 5 novembre avec les résultats officiels de l’élection et la victoire de Zohran Mamdani.

New York vient d’écrire une toute nouvelle page de son histoire, mardi 4 novembre. La ville la plus peuplée des États-Unis (8,5 millions d’habitant·es) a confié les clés de sa mairie à un homme de 34 ans, musulman, socialiste et fils d’immigré·es : Zohran Mamdani. Avec 50,4% des voix, il devient le premier maire musulman de New York et le plus jeune à remporter l’élection depuis un siècle.

Américain d’origine indienne, Zohran Mamdani est né en Ouganda en 1991. Il vit aux États-Unis depuis l’âge de sept ans et a été naturalisé en 2018. Sa mère, Mira Nair, est une réalisatrice mondialement connue, lauréate de la Caméra d’or à Cannes pour Salaam Bombay! en 1988 ; son père, Mahmood Mamdani, enseigne l’anthropologie à l’université Columbia (New York).

«Votez Zohran pour une ville abordable»

En juin dernier, Zohran Mamdani a créé la surprise en remportant la primaire démocrate pour la mairie de New York. Depuis, il n’a jamais quitté la tête des sondages. Inconnu du grand public il y a un an, il vient de défaire l’ancien gouverneur démocrate de l’État de New York Andrew Cuomo – qui a terminé en deuxième position avec 41,6% des voix, selon un bilan provisoire – et le républicain Curtis Sliwa, arrivé troisième avec 7,1% des suffrages.

Zohran Mamdani lors du rassemblement «Resist Fascism» à Bryant Park à New York, le 27 octobre 2024. © Wikimedia Commons

Son slogan de campagne, «Votez Zohran pour une ville abordable», résume l’ambition du nouveau maire : rendre New York vivable pour celles et ceux qui font tourner la ville au quotidien. Son programme s’articule autour de quatre mesures visant à réduire le coût de la vie : le gel des loyers pour les locataires new-yorkais·es ; la gratuité des bus ; la mise en place de crèches publiques gratuites pour les enfants de moins de 6 ans ; et la création d’un réseau d’épiceries gérées par la ville, qui achèteraient et vendraient à des prix d’achat en gros.

Pour financer ces réformes, il a promis de taxer davantage les plus riches : hausse de l’impôt sur les sociétés et sur les revenus supérieurs à un million de dollars (environ 870 000 euros). «Je ne pense pas que nous devrions avoir des milliardaires», a-t-il lancé sur un plateau télé, scellant son image d’ennemi juré de l’ultrarichesse. Les plus aisé·es semblent avoir reçu le message. Une vingtaine d’entre elles et eux ont collecté, pendant la campagne, 25 millions de dollars (21,7 millions d’euros) pour alimenter un fonds en soutien à son principal adversaire : Andrew Cuomo. Donald Trump, quant à lui, l’a qualifié de «communiste fou» sur le point de «jeter l’argent par les fenêtres».

Une limite à ce programme, toutefois : la fiscalité relève de la compétence de l’État, pas de la municipalité. Et, comme le rapporte The Conversation, la gouverneure de l’État de New York Kathy Hochul a déjà déclaré être opposée à ces hausses d’impôt, au nom de l’attractivité de l’État.

Sa carte maîtresse : la probité

Socialiste revendiqué, Zohran Mamdani est aussi un fervent défenseur de la cause palestinienne et a, à plusieurs reprises, qualifié la politique israélienne de «politique d’Apartheid». Ces prises de position l’ont froissé avec une partie de la communauté juive new-yorkaise. Mais une autre, plus libérale – qu’il a su convaincre grâce à ses condamnations fermes de l’antisémitisme, et ses vidéos de célébration des fêtes juives –, le soutient encore.

De confession musulmane, Zohran Mamdani s’est illustré par ses nombreuses prises de parole contre l’islamophobie, et souhaite mettre fin au «sentiment anti-musulman» devenu, selon ses mots, «endémique» à New York. Il fustige également une police «corrompue et raciste».

Son inexpérience reste son talon d’Achille. Zohran Mamdani n’a exercé que trois mandats à l’Assemblée législative de l’État de New York et, auparavant, il était… rappeur. Celui qui se faisait appeler «Young Cardamon» a même sorti un EP multilingue en 2016, avant d’entrer en politique. Il a connu un petit succès avec le titre Kanda (Chap Chap), puis avec Nani, en 2019.

© Mr. Cardamom

Ses détracteur·ices se sont moqué·es de ce parcours atypique : «Un candidat que Trump ferait fondre comme un couteau chaud transperce du beurre», a raillé Andrew Cuomo, rappelant son maigre bilan législatif. Mais Zohran Mamdani a misé sur sa probité – un contraste marqué avec Andrew Cuomo, éclaboussé notamment par 13 accusations d’agressions sexuelles.

Une ascension fulgurante

Zohran Mamdani a connu une ascension fulgurante ces derniers mois, portée par une campagne électorale en plusieurs langues, y compris en espagnol et en arabe. Il a aussi réalisé des dizaines de vidéos devenues virales, avec lesquelles il a réussi à convaincre un public jeune et éloigné de la politique.

En janvier, il a mis en scène sa promesse de geler les loyers en plongeant dans les eaux glacées au large de Coney Island (New York), habillé en costume cravate. Un moment immortalisé dans une vidéo Tiktok visionnée 250 000 fois. Autre succès, avec 500 000 vues, sa vidéo sur la «halalflation», dans laquelle il se met en scène mangeant un kebab pour dénoncer la hausse du prix de la viande halal à New York.

La sociologie de la ville a joué aussi pour lui. Comme le souligne The Washington Post, les anciens bastions irlandais, italiens ou juifs ont profondément changé. L’arrivée de populations latino-américaines et sud-asiatiques a redéfini le visage de New York. Ces électeur·ices, confronté·es à la flambée du coût de la vie, s’identifient à son parcours d’enfant d’immigré·es.

Le candidat a aussi pu compter sur le soutien de Bernie Sanders et d’Alexandria Ocasio-Cortez, figures de la gauche américaine, ainsi que de célébrités comme la mannequin Emily Ratajkowski, l’humoriste Ramy Youssef ou l’acteur de Stranger Things et musicien Joe Keery.

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