New York pourrait écrire une toute nouvelle page de son histoire, ce mardi 4 novembre. Si les sondages disent vrai, la ville la plus peuplée des États-Unis (8,5 millions d’habitant·es) pourrait confier les clés de sa mairie à un homme de 34 ans, musulman, socialiste et fils d’immigré·es : Zohran Mamdani. S’il est élu, il pourrait devenir le premier maire musulman de New York et le plus jeune à remporter l’élection depuis un siècle.

Américain d’origine indienne, Zohran Mamdani est né en Ouganda en 1991. Il vit aux États-Unis depuis l’âge de sept ans et a été naturalisé en 2018. Sa mère, Mira Nair, est une réalisatrice mondialement connue, lauréate de la Caméra d’or à Cannes pour Salaam Bombay! en 1988 ; son père, Mahmood Mamdani, enseigne l’anthropologie à l’université Columbia (New York).
«Votez Zohran pour une ville abordable»
En juin dernier, Zohran Mamdani a créé la surprise en remportant la primaire démocrate pour la mairie de New York. Inconnu du grand public il y a un an, il devance désormais largement ses concurrents dans les sondages : le républicain Curtis Sliwa et l’ancien gouverneur de l’État de New York Andrew Cuomo (battu à la primaire démocrate mais candidat indépendant) sont relégués à plus de dix points.
Son slogan de campagne, «Votez Zohran pour une ville abordable», résume l’ambition du candidat : rendre New York vivable pour celles et ceux qui font tourner la ville au quotidien. Son programme s’articule autour de quatre mesures visant à réduire le coût de la vie : le gel des loyers pour les locataires new-yorkais·es ; la gratuité des bus ; la mise en place de crèches publiques gratuites pour les enfants de moins de 6 ans ; et la création d’un réseau d’épiceries gérées par la ville, qui achèteraient et vendraient à des prix d’achat en gros.
Pour financer ces réformes, il promet de taxer davantage les plus riches : hausse de l’impôt sur les sociétés et sur les revenus supérieurs à un million de dollars (environ 870 000 euros). «Je ne pense pas que nous devrions avoir des milliardaires», a-t-il lancé sur un plateau télé, scellant son image d’ennemi juré de l’ultrarichesse. Et de Donald Trump, qui le qualifie de «communiste fou» sur le point de «jeter l’argent par les fenêtres».
Sa carte maîtresse : la probité
Socialiste revendiqué, Zohran Mamdani est aussi un fervent défenseur de la cause palestinienne et a, à plusieurs reprises, qualifié la politique israélienne de «politique d’Apartheid». Ces prises de position l’ont froissé avec une partie de la communauté juive new-yorkaise. Mais une autre, plus libérale – qu’il a su convaincre grâce à ses condamnations fermes de l’antisémitisme, et ses vidéos de célébration des fêtes juives –, le soutient encore.
De confession musulmane, Zohran Mamdani s’est illustré par ses nombreuses prises de parole contre l’islamophobie, et souhaite mettre fin au «sentiment anti-musulman» devenu, selon ses mots, «endémique» à New York. Il fustige également une police «corrompue et raciste».
Son inexpérience reste son talon d’Achille. Zohran Mamdani n’a exercé que trois mandats à l’Assemblée législative de l’État de New York et, auparavant, il était… rappeur. Celui que l’on a longtemps appelé «Young Cardamon» a même sorti un EP multilingue en 2016, avant d’entrer en politique. Il a connu un petit succès avec le titre Kanda (Chap Chap).
Ses détracteur·ices se moquent de ce parcours atypique : «Un candidat que Trump ferait fondre comme un couteau chaud transperce du beurre», a raillé Andrew Cuomo, rappelant son maigre bilan législatif. Mais Zohran Mamdani mise sur sa probité – un contraste marqué avec Andrew Cuomo, éclaboussé notamment par 13 accusations d’agressions sexuelles.
Une ascension fulgurante
Zohran Mamdani a connu une ascension fulgurante ces derniers mois, portée par une campagne électorale en plusieurs langues, y compris en espagnol et en arabe. Il a aussi réalisé des dizaines de vidéos devenues virales, avec lesquelles il a réussi à convaincre un public jeune et éloigné de la politique.
En janvier, il a mis en scène sa promesse de geler les loyers en plongeant dans les eaux glacées au large de Coney Island (New York), habillé en costume cravate. Un moment immortalisé dans une vidéo Tiktok visionnée 250 000 fois. Autre succès, avec 500 000 vues, sa vidéo sur la «halalflation», dans laquelle il se met en scène mangeant un kebab pour dénoncer la hausse du prix de la viande halal à New York.
La sociologie de la ville joue aussi pour lui. Comme le souligne The Washington Post, les anciens bastions irlandais, italiens ou juifs ont profondément changé. L’arrivée de populations latino-américaines et sud-asiatiques a redéfini le visage de New York. Ces électeur·ices, confronté·es à la flambée du coût de la vie, s’identifient à son parcours d’enfant d’immigré·es.
Le candidat a aussi pu compter sur le soutien de Bernie Sanders et d’Alexandria Ocasio-Cortez, figures de la gauche américaine, ainsi que de célébrités comme la mannequin Emily Ratajkowski, l’humoriste Ramy Youssef ou l’acteur de Stranger Things et musicien Joe Keery.
À lire aussi
- 							
«Changement climatique», «Vert» ou «Émissions» : ces nouveaux mots interdits par l’administration Trump aux États-Unis
Censure dessous. Nouvelle salve de censure aux États-Unis : vendredi, le Bureau de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables a reçu pour consigne de bannir plusieurs mots tels que «Réchauffement climatique» ou encore «Émissions» de ses futurs rapports. - 							
«Des soldats fiables» : Donald Trump engage des stars du climatoscepticisme dans son gouvernement
Science inverse. L’administration américaine vient de recruter trois scientifiques célèbres pour leurs positions à rebours du consensus scientifique sur le climat. Leur embauche intervient après le licenciement de centaines de chercheur·ses à l’origine d’un rapport pour élaborer les politiques américaines de réponse au dérèglement climatique.