Canicules et pollution de l’air qui altèrent les performances, manque de neige et précipitations extrêmes qui décalent des compétitions : le changement climatique bouleverse d’ores et déjà les pratiques sportives partout autour du monde — y compris les Jeux olympiques.
Alors que le Comité international olympique (CIO) doit élire son prochain président la semaine prochaine, en remplacement de l’Allemand Thomas Bach, 400 athlètes réclament aux sept candidat·es que l’instance fasse du changement climatique l’une de ses priorités, dans une lettre ouverte envoyée ce vendredi. «Au futur président, nous demandons que le sujet suivant soit placé au-dessus de tous les autres pendant votre mandat : la protection de notre planète», démarre le texte. «Ce n’est plus une menace lointaine, mais un danger actuel et grandissant pour les sports que nous aimons et pour les pays qui constituent notre famille olympique», poursuivent les signataires, dont la liste est accessible sur la lettre ouverte.
400 athlètes, 89 pays, 51 disciplines
L’initiative est d’une ampleur inédite : 400 sportif·ves, issu·es de 89 pays, et représentant 51 disciplines. «Je ne pense pas que l’on ait déjà vu autant d’athlètes du monde entier parler d’une même voix», remarque Hannah Mills, skippeuse britannique et double championne olympique, à l’origine de cette initiative. «Je trouve ça important que les athlètes fassent valoir leurs positions sur un sujet aussi important», juge auprès de Vert Marie Martinod, skieuse acrobatique française, double médaillée d’argent olympique et signataire de la lettre.

«La hausse des températures et les conditions météorologiques extrêmes perturbent déjà le calendrier des compétitions, mettent en péril des sites emblématiques et affectent la santé des athlètes et des supporters», expriment les signataires, qui évoquent par exemple les incendies meurtriers de début janvier à Los Angeles (États-Unis) — ville hôte des futurs Jeux d’été en 2028.
Ces inquiétudes s’appliquent aux Jeux d’été — qui seront de plus en plus concernés par des vagues de chaleur extrêmes à l’avenir —, et aux Jeux d’hiver — d’ores et déjà victimes de la dégradation des conditions d’enneigement. «Dans le ski, le changement climatique affecte déjà largement les écosystèmes. Il y a moins de neige, des périodes de sécheresse de plus en plus régulières…», confirme Marie Martinod.
Dans la lettre, les athlètes appellent la future présidence du CIO à plusieurs actions : renforcer ses engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, promouvoir des pratiques «durables» dans les villes hôtes, et réévaluer les parrainages d’entreprises très polluantes. Enfin, elles et ils espèrent faire du CIO un porte-voix mondial pour sensibiliser le grand public aux enjeux écologiques.
«Chaque fraction de seconde compte»
«En bobsleigh, chaque fraction de seconde compte : il faut pousser dès le départ, travailler en équipe et se donner à fond pour atteindre la ligne d’arrivée. L’action climatique et un leadership fort de la part du CIO ne sont pas différents, nous avons besoin d’un travail d’équipe ambitieux et d’une voie claire pour protéger notre planète et, avec elle, l’avenir des Jeux olympiques», raconte Thorsten Margis, quadruple champion olympique allemand de bobsleigh et cosignataire de cet appel.
«Le mouvement olympique a l’opportunité de donner l’exemple, et personne n’a davantage de responsabilité là-dedans que le futur président [du CIO, NDLR]. Il n’y a pas de plus grand rêve qu’un futur sain pour tout le monde — aucune course n’est plus importante que ça», plaide Tilali Scanlan, nageuse des Samoa américaines qui a aussi ratifié la lettre.
Les sportif·ves demandent une rencontre officielle avec le CIO, après l’élection de son nouveau président, afin d’évoquer ces enjeux. Et concluent : «Jamais le respect de la devise olympique, “Plus vite, plus haut, plus fort — ensemble”, n’a été aussi essentiel».
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