Ski aurait pu prédire ? Pressenti pour devenir le président du comité d’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes françaises, le biathlète multimédaillé Martin Fourcade a annoncé qu’il retirait sa candidature, ce lundi. En cause : l’impact environnemental de l’évènement et plusieurs «désaccords».
Coup de froid pour l’administration des Jeux d’hiver 2030 : après plusieurs mois de tensions, notamment avec le monde politique, le quintuple champion olympique de biathlon Martin Fourcade a annoncé ce lundi renoncer à présider le comité d’organisation des JO «pour ne pas sacrifier» ses «convictions».
Dans un courrier adressé aux «membres fondateurs» de ce projet, l’athlète a précisé : «Aujourd’hui, les désaccords restent trop nombreux pour pouvoir envisager sereinement cette mission. Le mode de gouvernance, la vision, l’ancrage territorial : nous n’avons pas réussi à nous retrouver sur ces sujets fondateurs.»
Le skieur avait pourtant le soutien du mouvement sportif et de l’État, Emmanuel Macron l’appelait le «Tony Estanguet des montagnes».

Des scrupules écologiques
Martin Fourcade confie dans sa lettre renoncer au «défi d’une vie, au service d’un projet hors norme, qui justifie bien des concessions sur le plan personnel comme professionnel». Après plusieurs mois «d’échanges interminables», en particulier avec l’ex-président (Les Républicains) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, le champion considère que «[s]a vision» du projet n’est «pas forcément entendue», décrypte son entourage.
«Mon ambition pour ces Jeux est claire : ils doivent être en phase avec leur époque, pleinement conscients des enjeux écologiques et ancrés dans la réalité économique de notre pays», explique l’athlète dans son courrier. Une inquiétude partagée par d’autres sportifs tels que Stéphane Passeron, ancien skieur de fond en équipe de France et ex-entraîneur de l’équipe paralympique, devenu membre d’un collectif opposé à l’organisation des olympiades hivernales 2030 en France (notre article).
Martin Fourcade déplore le choix de la ville de Lyon (Rhône) comme siège du comité des Jeux, qu’il juge bien trop éloignée des sites de compétition. Il a proposé d’autres villes plus proches telles que Grenoble (Isère) ou Albertville (Savoie), sans succès.
«Organiser ces Jeux depuis un territoire de montagne est à mes yeux essentiel. Permettre à chaque acteur de comprendre les spécificités de la montagne d’aujourd’hui me paraît indispensable pour appréhender pleinement les défis propres aux Jeux olympiques et paralympiques d’hiver. Cette vision n’est pas partagée par tous les acteurs de ce dossier et je le regrette», écrit-il encore.
Des raisons politiques
Les détracteurs de Martin Fourcade soulignent des prétentions salariales trop élevées et des contrats de parrainage susceptibles de faire naître des conflits d’intérêts. D’autres considéraient qu’il était «un peu trop indépendant», selon plusieurs sources interrogées par l’Agence France-Presse.
«Malgré l’intervention de [Michel] Barnier, c’est bloqué», a confié ce lundi matin un ancien élu. Les bons offices de l’ancien premier ministre, ex-monsieur JO d’Alberville 1992, missionné bénévolement, n’ont donc pas apaisé les discussions.
«L’Élysée veut Fourcade, Wauquiez n’en veut pas», résument depuis des mois à l’AFP plusieurs sources. Dans son courrier, le champion se prévaut du «soutien indéfectible des athlètes», «des mouvements olympique et paralympique et de l’État». Une source gouvernementale se veut rassurante : «Le projet se déploie, il est solide, sur les rails», affirme-t-elle, tout en ajoutant qu’il est «complexe» et que «des points de vue différents s’expriment».
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