Analyse

«Tout était en place pour un incendie désastreux» : le changement climatique a rendu les feux de Los Angeles 35% plus probables

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Les feux qui ont dévasté de nombreux quartiers résidentiels autour de Los Angeles début janvier ont été favorisés par le dérèglement climatique, a révélé une étude scientifique publiée mardi.

29 morts, plus de 16 000 bâtiments et habitations détruits, des quartiers rasés de la carte… Les feux aux alentours de Los Angeles (États-Unis) ont fait d’innombrables dégâts depuis le 7 janvier dernier. Ils ont été boostés par l’effet du dérèglement climatique, ont confirmé 32 scientifiques du réseau World weather attribution (WWA) dans une analyse. Ce consortium international de chercheur·ses produit des études d’attribution – une discipline qui explore la responsabilité du réchauffement du climat dans la survenue d’événements extrêmes.

Dans le cas des incendies de Los Angeles, le dérèglement climatique a fortement alimenté les conditions météorologiques propices au feu : des précipitations faibles, voire inexistantes au cours des derniers mois, et une végétation asséchée autour de la ville. Un cocktail déjà mortel, auquel il faut ajouter les bourrasques de Santa Ana – ces vents hivernaux chauds et secs qui soufflent dans le sud de la Californie – particulièrement violents en ce début 2025. «Tout était en place pour un incendie désastreux», résume Park Williams, professeur de géographie à l’université de Californie et co-auteur de l’étude.

Une saison des feux plus dangereuse

Concrètement, ces conditions météorologiques risquées ont été rendues 35% plus probables à cause du changement climatique, ont calculé les auteur·ices du rapport. Dans la cité des Anges, les pluies se raréfient et la saison des feux s’allonge, devenant plus dangereuse : la ville connaît désormais 23 jours supplémentaires par an avec ces conditions de sécheresse intense par rapport au 19ème siècle. «En général, la saison sèche et la saison des vents forts ne se croisent pas mais, cette année, elles se sont dramatiquement rencontrées», explique à Vert Robert Vautard, climatologue à l’Institut Pierre-Simon Laplace et co-auteur de l’étude du WWA.

Les feux ont détruit plus de 16 000 hectares dans la région de Los Angeles (États-Unis). © Wikimedia commons

Si le sud de la Californie est habitué aux incendies, «l’occurrence simultanée de deux feux majeurs, boostés par des vents de Santa Ana de la force d’un ouragan dans des zones urbanisées, a créé des conditions imprévisibles et chaotiques», schématise l’étude.

Ses auteur·ices plaident pour l’amélioration du système d’approvisionnement en eau et une meilleure préparation des zones à risque, grâce au débroussaillage des maisons, afin de réduire la probabilité de nouvelles catastrophes. Car la situation n’est pas prête de s’améliorer. Si la hausse des températures atteint +2,6 degrés (°C) par rapport à l’ère préindustrielle (milieu du 19ème siècle) – ce qui est anticipé à horizon 2100 –, ces conditions météorologiques dangereuses seront encore 35% plus probables qu’aujourd’hui. Cela continuera de multiplier le risque de feux mortels et dévastateurs dans la région. «Sans une sortie accélérée des énergies fossiles qui réchauffent la planète, la Californie continuera de devenir plus chaude, plus sèche et plus inflammable», insiste Clair Barnes, chercheuse au Centre pour une politique environnementale à l’Imperial college de Londres et co-autrice de l’analyse du WWA.

Des événements extrêmes «de plus en plus difficiles à contenir»

Si ces incendies ont été aussi marquants pour l’opinion publique, c’est à cause de leurs dégâts, et parce qu’ils sont symboliques des conséquences du dérèglement climatique. «Cela nous montre l’effet exponentiel de ces événements extrêmes, qu’il devient de plus en plus difficile de contenir et de maîtriser», commente pour Vert Davide Faranda, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), spécialisé dans l’attribution des événements météorologiques extrêmes. Il avait mené une première étude sur la situation à Los Angeles, quelques jours après le départ des feux.

«Il y a un facteur émotionnel et humain très important quand on voit plusieurs grands quartiers entièrement détruits, avec de nombreuses familles qui ont perdu tous leurs biens en une journée, analyse Robert Vautard. Mais il faut aussi souligner que les feux ont touché des quartiers pauvres comme des quartiers très riches, ce qui montre que, quoi qu’on fasse, on ne peut pas échapper aux effets du changement climatique.»

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