Aux États-Unis, les temps sont durs pour les énergies renouvelables. Lundi, l’administration Trump a annoncé suspendre immédiatement tous les grands projets d’éolien en mer en cours de construction pour des raisons de «sécurité nationale». Citant un rapport du département de l’énergie de 2024, Doug Burgum, le ministre américain de l’intérieur, responsable notamment des ressources naturelles, a déclaré dans un communiqué que les «mouvements des pales des éoliennes et leurs mâts hautement réfléchissants créent des interférences radars».

D’après des expert·es interrogé·es par CNN, les éoliennes peuvent effectivement créer des interférences avec les radars. En 2024, la Suède a notamment bloqué la construction de nouveaux parcs pour cette raison. Mais la conception des éoliennes peut être adaptée pour pallier ce problème. Pour Kirk Lippold, un ancien officier de la marine américaine cité par le Washington Post : «Chacun de ces projets a fait l’objet d’un examen rigoureux de sécurité nationale pendant plusieurs années et les dysfonctionnements soulevés ont été résolus.»
Cinq chantiers d’éoliennes sont concernés par la suspension, tous situés dans l’océan Atlantique au large de la côte est des États-Unis. Selon l’entreprise américaine Dominion, qui développe l’un des plus gros projets du secteur, cet arrêt temporaire de 90 jours vise à «évaluer la possibilité d’atténuer les risques».
Un arrêt non sans conséquence pour le pays puisque de nombreuses éoliennes étaient déjà en fonction même si des travaux étaient encore en cours. L’entreprise estime que cette décision menace la «fiabilité du réseau électrique pour certains des équipements militaires, civils et d’intelligence artificielle» les plus importants des États-Unis et «met en péril des milliers d’emplois». À la Bourse de New York, Dominion Energy reculait de 5,37 % vers 19h50, ce lundi, heure de Paris.
Une mesure «de bon sens»
Cette annonce intervient dans un contexte d’attaques récurrentes de l’administration Trump envers les énergies renouvelables. Dès son retour à la Maison-Blanche en janvier dernier, Donald Trump, grand défenseur des énergies fossiles, avait signé plusieurs décrets le jour de son investiture pour mettre un coup d’arrêt à l’éolien. Parmi les mesures annoncées, il avait imposé un gel des permis d’exploitation et des prêts fédéraux pour tout nouveau projet d’éolien en mer ou sur terre. Le président américain accuse notamment les éoliennes de «bousiller le paysage» et de tuer les oiseaux et les baleines.
Connu pour sa proximité avec l’industrie pétrolière et gazière, Doug Burgum a clamé sur X qu’«un seul gazoduc fournit autant d’énergie que ces cinq projets réunis» d’éoliens en mer, avant de qualifier la suspension de mesure «de bon sens».
Pour les associations environnementales, cette décision est «sans fondement». L’ONG américaine Environmental Defense Fund a dénoncé dans un communiqué une manœuvre pour soutenir «des centrales à charbon vieillissantes et coûteuses qui fonctionnent à plein et polluent notre air».
Bien que le secteur de l’éolien aux États-Unis ne soit pas aussi développé qu’en Europe, il comptait en 2023 pour environ 10% de la production totale d’électricité du pays. C’est plus du double que pour le solaire, et loin d’être négligeable.