Chères toutes et chers tous,
📅 C'est déjà demain ! Ce jeudi 25 novembre, à 19h, nous vous attendons nombreux à l'occasion d'un débat au cours duquel nous nous interrogerons sur l'avenir de la justice climatique après l'échec de la COP26. Nous aurons le plaisir de nous entretenir avec Marine Calmet, présidente de Wild legal, une ONG qui veut redonner des droits à la nature ; Fanny Petitbon, responsable du plaidoyer à l'ONG Care France qui a suivi les négociations de la COP26 et Marie Cohuet, désobéissante et activiste pour Alternatiba, infiltrée au défilé Louis Vuitton en octobre dernier. Vous trouverez toutes les informations ici.
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En ne faisant de l'agriculture qu'une source d'argent, l'Europe joue un jeu dangereux avec le climat et le vivant.

Définitivement adoptée, la nouvelle Politique agricole commune prolonge les errements du passé
Pas cap'. Mardi, après plus de trois ans de négociations, le Parlement européen a entériné la future Politique agricole commune (PAC), qui promet de profiter toujours autant à l'agriculture industrielle.
Avec un budget de 387 milliards d'euros pour la période 2023-2027, la PAC reste – de loin - le premier poste de dépenses de l'Union européenne. Parmi les nouveautés de cette mouture : les écorégimes. Environ 25% des subventions aux agriculteurs (le premier pilier de la PAC), seront alloués aux exploitations aux pratiques vertueuses pour l'environnement. Hélas, cette notion floue est laissée à l'appréciation des Etats. La France, par exemple, a choisi de rendre éligible à ces paiements les exploitations estampillées « haute valeur environnementale » ; un label très décrié pour sa complaisance envers l'usage de pesticides (Vert).
Ce sont désormais les Etats qui, au travers de « plans stratégiques nationaux », décideront d'une large part de la répartition des aides. De quoi laisser craindre des grands écarts entre pays dans l'attribution des subventions, ou l'évaluation des conséquences environnementales de la PAC.
Porté depuis la fin 2019 par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le pacte vert européen prévoit notamment de diviser par deux les pesticides ou de porter le bio à 25% des surfaces agricoles. Des dispositions qui n'ont pas été incluses dans la nouvelle PAC. « On va continuer à distribuer 80 % de l’enveloppe à 20 % des agriculteurs, qui sont les plus gros utilisateurs de pesticides et d’engrais de synthèse », a tancé l'eurodéputé écologiste Benoît Biteau, opposé à la nouvelle PAC, comme une large part des formations de gauche au parlement européen.
En juin, la cour des comptes européenne avait déjà déterminé que les 100 milliards d'euros investis par la PAC (version 2014-2020) pour le climat n'avaient eu aucun effet sur la baisse des émissions (Vert). L'agriculture, a fortiori industrielle, est l'une des principales sources du réchauffement climatique. Or, les aides de la PAC sont attribuées en majorité aux plus grandes exploitations, ce qui ne change pas dans cette version.
Parmi les autres mesures, 10% des aides directes seront réservées aux petites et moyennes exploitations ; au moins 3% de la PAC devra soutenir les jeunes exploitant·es ; une réserve permanente de 450 millions d'euros sera constituée pour faire face aux crises des prix.

· Dans un courrier à destination des entreprises de la métropole clermontoise révélé lundi, Laurent Wauquiez applaudit la « réouverture », le 2 novembre, de la ligne aérienne Paris-Clermont. Le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes se félicite d'avoir obtenu deux rotations quotidiennes (allers-retours), « essentielles » pour « renforcer l'attractivité touristique et économique » et « désenclaver » Clermont-Ferrand. L'élu oublie cependant que la liaison était toujours assurée par Air France (4 à 6 vols par jour depuis Paris-Charles de Gaulle). Mais aussi qu'il est possible de gagner la capitale en seulement 3h27 de train, pour un bilan carbone... 41 fois moindre, selon le comparateur de la SNCF.
· Mardi, le gouvernement a présenté une feuille de route sur la prévention du mal-être chez les agriculteur·rices. Celle-ci prévoit de créer une « aide au répit », qui devrait permettre à un·e producteur·rice en surchauffe de se faire remplacer jusqu'à dix jours. Le plan prévoit aussi la constitution de réseaux de « sentinelles » « à même de détecter les situations de détresse ». Une idée jugée « intrusive » par Marie-Andrée Besson, coprésidente du réseau Solidarité paysans, qui estime dans Libération que cette identification « se fera en grande partie par leurs créanciers ». Selon elle, rien n'est prévu pour changer la réelle cause du mal-être : notre modèle agricole « agressif » et « industriel ». Un entretien à lire dans Libération.


« Les mégabassines ne profitent qu’à une petite minorité d’irrigants qui vont continuer à s’agrandir pendant que leurs voisins disparaîtront. Elles ne visent qu’à maintenir en sursis face au changement climatique un type de productions intrinsèquement dépendantes des intrants chimiques »
Dans une tribune publiée mercredi dans le Monde, 200 personnalités issues du monde syndical, associatif, politique, scientifique ou artistique, demandent « l'arrêt immédiat » du développement des « méga-bassines » ; ces vastes retenues artificielles d'eau qui pullulent dans le Marais poitevin (lire notre reportage à ce sujet). Elles et ils dénoncent l'« accaparement » et la « privatisation » de la ressource en eau par l'agriculture industrielle, une « question vitale ».

« L’écoféminisme est une arme de déconstruction massive »
Jeanne Burgart Goutal est philosophe, enseignante et spécialiste de l’écoféminisme. Avec l’illustratrice Aurore Chapon, elle publie ReSisters (éditions Tana), un roman philosophique. Entretien.
En quoi l’écoféminisme est-il porteur d’une vision radicalement différente du monde ?
L’écoféminisme, c’est l’imbrication indissociable de l’écologie et du féminisme et c’est ça qui crée de la radicalité. Si on les pense séparément, on peut avoir un féminisme libéral ou réformiste qui voudrait maintenir le système en place et simplement permettre à plus de femmes – sociologiquement privilégiées – d’accéder au haut de la pyramide.
Par ailleurs, si on dissocie l’écologie du féminisme, on peut avoir une écologie peu radicale, de type « sauver les bébés phoques », ou portée sur le développement durable. En l’articulant avec le féminisme – un mouvement pour la justice entre hommes et femmes et qui défend une sororité internationale donc refuse d’exploiter le travail d’ouvrières textiles au Bangladesh – ça radicalise l’écologie qui doit repenser les fondements mêmes du capitalisme.
L’écoféminisme est une éthique qui a une puissance philosophique à même de remettre complètement en question nos manières de voir les hommes et les femmes, le pouvoir, l’Histoire, le capitalisme, la nature. C’est une véritable arme de déconstruction massive.

Dans ReSisters, vous dépeignez un « refuge », qui met en pratique la pensée écoféministe. Quelles en sont ses caractéristiques ?
On ne sait pas si le refuge est un monde réel ou bien imaginaire. C’est en tous cas un lieu expérimental où les personnages essaient de mettre en application les idéaux écoféministes de décroissance, d’autogestion, de répartition équitable des tâches et des prises de décision.
Il y a aussi des trucs un peu farfelus. Par exemple, un endroit où l’héroïne Lila comprend ce que dit son chat Archimède. Les personnages peuvent se mettre à entendre les êtres non-humains et donc à leur laisser une voix, y compris politique, dans la co-construction du monde.
En revanche, le refuge n’est pas idyllique. Quand on s’intéresse à l’écologie et aux pensées radicales, notre propre purisme est un piège. La pureté est une posture qui est possible en théorie mais dès lors que l’on veut agir, on est tous obligés de faire des compromis.
Un entretien à lire en intégralité sur vert.eco

Se réconcilier avec la nature en 60 secondes chrono
Minute papillon. Une minute pour se « réconcilier avec la nature » : c'est le thème de l'édition 2021 du Mobile film festival. Visions plus ou moins optimistes du futur, forêts embrasées ou déclarations d'amour enflammées au vivant... Des dizaines de très courts-métrages tournés au téléphone portable et réalisés depuis les quatre coins du monde composent la sélection officielle de ce festival de micro-cinéma. Les 50 films candidats sont à découvrir sur le site de l'événement jusqu'au 8 décembre prochain, date de la cérémonie de remise des prix organisée à l'académie du climat, à Paris. Voici l'un de nos chouchous.

+ Juliette Quef a contribué à ce numéro