L'hebdo

L’école pétrolière

Elle investit les facs et nous enseigne des craques, mais la récré est bientôt finie pour l'industrie fossile.


Le gouvernement veut ré-autoriser certaines chasses jugées illégales

Merle alors ! Le ministère de l'écologie vient de produire une série d'arrêtés visant à réintroduire certaines pratiques de chasse « traditionnelles », pourtant interdites par le Conseil d'Etat.

Début août, la plus haute juridiction administrative avait annulé plusieurs autorisations de chasser des vanneaux huppés, des pluviers dorés, des alouettes des champs, des grives et des merles noirs à l’aide de filets (pantes, tenderies) ou de cages (matoles). Des techniques encore pratiquées dans une poignée de départements. Les juges avaient estimé que ces pratiques n’étaient pas conformes à la directive européenne sur les oiseaux de 2009, notamment pour leur caractère non-sélectif, puisque d'autres espèces se trouvent piégées.

La Fédération nationale des chasseurs (FNC) s'est empressée de dénoncer « un acharnement sans précédent ». Alors que la saison de chasse vient d'être lancée et à quelques mois de la présidentielle, le gouvernement veut cajoler cette puissante fédération, qui annonce des manifestations ce week-end pour « défendre la tradition » (Sud-Ouest).

« Quasi-menacé » en France, selon la liste rouge de l'UICN, le vanneau huppé est chassé à l'aide de fils dans les Ardennes. © Philippe Garcelon

Mercredi, une série d'arrêtés ont été mis en consultation par le ministère de l'écologie. Ils prévoient de réautoriser la capture des vanneaux huppés, pluviers dorés, grives et merles noirs avec des lacets et filets (tenderie) dans les Ardennes. Ainsi que celle de l'alouette des champs à l'aide de matoles et pantes dans plusieurs départements du Sud-Ouest.

Pourquoi le Conseil d'Etat laisserait-il passer ces nouveaux arrêtés ? Les versions précédentes « ne permettaient pas au Conseil d’Etat de considérer que le ministère avait apporté les motivations nécessaires sur l’absence de solution alternative, la sélectivité, l’usage judicieux et les faibles quantités » d’oiseaux tués, a indiqué le ministère de l'écologie à l'AFP.

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) s'est dite « stupéfaite » par ces arrêtés et prévient qu'elle « demandera leur suspension immédiate devant le Conseil d’Etat si jamais ils sont signés ». L'association encourage les Français·es à participer aux consultation publiques ouvertes jusqu'au 6 octobre, pour s'opposer aux arrêtés.

En Norvège, la gauche pro-industrie pétrolière remporte les élections législatives qui se sont tenues dimanche dernier, et revient au pouvoir. Avec leur bon résultat, les travaillistes pourraient effectuer une coalition avec leurs alliés historiques (Parti du centre et Parti socialiste), en se passant de l'appoint des formations écologistes du Parti de l’environnement et des Verts, qui réalisent de faibles scores. Ces dernières avaient fait campagne pour la fin prochaine de l'exploitation pétrolière dans le pays, qui figure parmi les premiers exportateurs mondiaux. - La Croix (AFP)

• Lundi, le Parlement français a adopté une mesure créant un nouveau délit d’intrusion sur les pistes d’aéroports. Cette infraction pourra désormais être punie de six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende, voire un an de prison et 15 000 euros d'amende si elle est commise en réunion. Discrètement introduite à l'article 10 d'une loi fourre-tout sur des dispositions d’adaptation au droit européen, cette mesure vise à réprimer les actions de désobéissance civile qui se sont récemment multipliées au sein des aéroports français (Vert). - Mediapart.

· Mercredi, Greenpeace a soufflé sa cinquantième bougie. Le 15 septembre 1971, ses premiers activistes prenaient la mer à bord d'un chalutier pour s’opposer au gouvernement américain qui prévoyait des essais nucléaires sur l’île d’Amchitka, au large de l’Alaska. Avec un certain succès puisque, dès l'année suivante, les Etats-Unis mirent fin à leurs essais nucléaires atmosphériques. Récit des actions les plus marquantes à lire dans Reporterre.

· La municipalité de Bordeaux va passer la quasi-totalité de ses rues à 30 km/h dès janvier 2022, a annoncé son maire écologiste, Pierre Hurmic, ce mercredi. Seuls les boulevards urbains et certains quais de la Garonne resteront à 50 km/h. Une mesure qui vise à améliorer la sécurité routière et à encourager le recours à d'autres modes de transport. Après Paris, passée à 30 km/h en août, les villes de Limoges et Lyon prévoient d'en faire de même sous peu. - Le Monde (AFP)

· Au Royaume-Uni, à peine Anne-Marie Trevelyan a-t-elle été nommée ministre du commerce international, mercredi, qu'une série de vieux tweets climatosceptiques ont été exhumés par l'opposition travailliste. « Il ne fait pas plus chaud, le réchauffement n'existe pas », pouvait-on par exemple lire parmi les gazouillis publiés entre 2010 et 2012. Elle s'en était également prise aux écolos « fanatiques » et à l'« obsession idéologique » autour du réchauffement. Voilà qui fait mauvais genre à moins de deux mois de l'ouverture de la COP26 à Glasgow (Ecosse). - The Guardian (anglais)

Au Kenya, quelque 21 millions de personnes risquent la famine alors que la moitié nord du pays est ravagée par une sécheresse. Le pays aura un « besoin urgent » d'aide alimentaire au cours des six prochains mois, alerte l'autorité nationale de gestion de la sécheresse (NDMA). Cette année, les cultures des régions du nord ont déjà été dévastées par plusieurs vagues d'invasions de criquets pèlerins - The Guardian (anglais)

216 millions

C'est chaud. Sous l'effet du réchauffement, 216 millions de personnes pourraient être poussées à l'exil dès 2050, alerte la Banque mondiale. Parmi les causes : problème de disponibilité en eau - notamment potable, montée des mers, ou production agricole qui décline... Cependant, si l'élévation des températures était maintenue sous 1,5°C d'ici la fin du siècle, le nombre de personnes déplacées pourrait être abaissé à 44 millions. Plus d'informations sur le site de Vert.

• Défonceurs de la Terre. En 2020, le nombre de militant·e·s écologistes tué·e·s à travers le globe a atteint un nouveau record : 227 personnes, soit quatre par semaine, ont été assassinées pour avoir défendu l'environnement ou leurs terres, indique l'ONG Global Witness dans un rapport publié ce lundi. - Vert

• Le pire est avenir. Trois jeunes sur quatre jugent le futur « effrayant », 56% estiment que « l’humanité est condamnée », 52% que la sécurité de leur famille « sera menacée » et 39% hésitent même à avoir des enfants. Ces résultats, présentés dans le journal scientifique The Lancet Planetary Health, émanent de la plus vaste enquête jamais menée sur l'éco-anxiété des jeunes. - Vert

• Le climat ? Piece of cake ! En 2020, le mot « gâteau » a été prononcé cinq fois plus que « changement climatique » à la télévision britannique, selon albert, un projet de recherche sur l'écologie dans l'audiovisuel. - Vert

• Ça va faire un tabac. Le mois prochain, les dirigeants d'ExxonMobil, Shell ou BP seront questionnés par le Congrès américain sur les décennies passées à mentir au sujet de la crise climatique. Des auditions qui devraient offrir un spectacle similaire à celles des fabricants de cigarettes dans les années 1990. - Vert

L'usine Orca, pilotée par sociétés Climeworks et Carbfix. © Carbfix

Ils nous pompent l'air. Le plus gros aspirateur à dioxyde de carbone (CO2) du monde vient d'être mis en service en Islande. Avec ses larges tuyaux, Orca capte le carbone présent dans l'air, le mélange à de l'eau pour en faire de la pierre, et l'enfouit sous terre. Objectif : retirer 4 000 tonnes de CO2 par an de l'atmosphère. Soit l'équivalent des émissions de quelques maigres centaines de voitures pour un coût de construction qui atteint... 10 à 15 millions d'euros, selon Bloomberg. Hélas pour les « technoptimistes », pour que cette technique balbutiante ait un réel impact sur le climat, il faudrait changer de plusieurs ordres de grandeur, et le tout dans un temps record que ne nous laisse plus le climat. - Vert

Le plein de bonnes nouvelles et de bonnes idées pour ne pas désespérer :

• Un traité de tous les « non ». Dans une lettre ouverte adressée aux gouvernements du monde entier, 2 000 universitaires exigent un traité de non-prolifération des combustibles fossiles, sur le modèle de celui qui régit les armes nucléaires. - Vert

• Terminée, l'école pétrolière. Après des années de mobilisation de ses étudiant·e·s, l'université de Harvard, dont le fonds de dotation recèle 42 milliards de dollars (35,6 Mds€), a annoncé la fin prochaine de ses investissements dans les énergies fossiles. - Vert

• Les parents s'élèvent. Dans la Drôme, un collectif de 43 parents a décidé de porter plainte contre la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes pour « inaction climatique ». - Vert

• Paille paille le plastique ? L'ONG Surfrider lance une vaste campagne participative en ligne pour vérifier si les plastiques à usage unique désormais interdits ont bien été bannis des étals européens. - Vert

L’âge de ferme. Dans De la neige pour Suzanne, témoignage de sa nouvelle vie à la ferme, Clément Osé brosse un autoportrait intime et celui d’une génération prise en étau entre son mode de vie court-termiste et ses convictions écologistes. Une chronique à lire sur le site de Vert

Des hommes et des algues

Elles nous gâchent la vue et la vie. D'année en année, les vagues d'algues vertes se font de plus en plus présentes sur le littoral breton. En 2021, ce phénomène dû aux rejets de l'agriculture industrielle a explosé, puisque les tonnages relevés seraient supérieurs de 40 à 50% à la moyenne (20 Minutes). Journaliste et breton, Clément Le Goff a mené l'enquête dans ses Côtes-d'Armor natales. Dans le dernier épisode d'Envoyé spécial, il refait le fil de cette pollution dramatique et pourtant si évitable.

Des hommes et des algues (2021), Clément Le Goff, en replay sur le site de France télévisions.

© France Télévisions