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Le gouvernement veut réprimer plus durement les opposants à l’avion

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Décon­nage immé­di­at. Mar­di, la majorité LREM à l’Assemblée nationale a validé le pro­jet gou­verne­men­tal de créer un délit d’in­tru­sion sur les pistes des aéro­ports, visant délibéré­ment les asso­ci­a­tions écol­o­gistes opposées au développe­ment du trans­port aérien. 

C’est un pro­jet de loi fourre-tout « por­tant divers­es dis­po­si­tions d’adaptation au droit de l’Union européenne dans le domaine des trans­ports, de l’environnement, de l’économie et des finances » qu’ont adop­té les député·e·s ce mar­di 6 juil­let. Son arti­cle 10 instau­re un « délit d’in­tru­sion », qui puni­ra de six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’a­mende « le fait de s’in­tro­duire dans la zone côté piste d’un aéro­port ». Une peine majorée si elle est « com­mise en réu­nion » ou si elle est « précédée, accom­pa­g­née ou suiv­ie d’un acte de destruc­tion, de dégra­da­tion ou de détéri­o­ra­tion ».

Ce nou­veau délit vise délibéré­ment les ONG envi­ron­nemen­tales qui ont fait de l’avion, moyen de trans­port éli­tiste et respon­s­able à lui seul de 6% du réchauf­fe­ment mon­di­al, une cible priv­ilégiée. En octo­bre dernier, des dizaines de militant·e·s d’Al­ter­nat­i­ba et des Amis de la Terre avaient envahi le tar­mac de l’aéroport de Rois­sy (RTL) pour pro­test­er con­tre la con­struc­tion d’un qua­trième ter­mi­nal. En mars 2021, Green­peace avait investi la même piste pour repein­dre en vert un avion d’Air France (Libéra­tion), dénonçant le green­wash­ing du gou­verne­ment, davan­tage porté sur la pro­mo­tion des car­bu­rants « verts » que sur la réduc­tion du traf­ic aérien.

L’ac­tion menée le 5 mars 2021 par des activistes de Green­peace sur le tar­mac de Rois­sy © Denis Mey­er / Green­peace

Ce n’est pas la pre­mière fois que le gou­verne­ment ten­tait d’im­pos­er ce délit con­tre les activistes écol­o­gistes. En novem­bre, l’exé­cu­tif avait déposé un amende­ment sim­i­laire à la propo­si­tion de loi sécu­rité glob­ale. Celui-ci avait été déclaré irrecev­able par l’Assem­blée nationale, qui avait estimé qu’il ne présen­tait pas de lien avec le texte déposé. La deux­ième fois sera prob­a­ble­ment la bonne : après avoir été adop­té en procé­dure accélérée par le Sénat, puis l’Assem­blée, le texte passera bien­tôt devant une com­mis­sion mixte par­i­taire, qui devrait valid­er l’essen­tiel des dis­po­si­tions gou­verne­men­tales.