Chères toutes, chers tous,
Quel plaisir ! Vendredi dernier, le rédacteur en chef de Vert, Loup Espargilière, était l'invité de Mathieu Vidard dans la Terre au carré, aux côtés de la militante écologiste Pauline Boyer. On y a parlé de calembours sur l'écologie, de sacs à dos compostables, de Jean Castex, mais aussi de choses plus sérieuses. A réécouter sur France inter.
L'écologie pourrait faire son entrée en force à l'Assemblée et même, qui sait, écrire des lois comme bon lui semblerait !

Législatives : les enseignements du premier tour pour l’écologie
Une ministre de l’écologie en position d’être défaite, une majorité absolue incertaine pour la coalition présidentielle, des candidates du mouvement pour le climat en bonne voie… Le premier tour des élections législatives, qui s’est déroulé ce dimanche et dont l'abstention a dépassé 50% des inscrit•es - un record -, recèle de nombreux enseignements pour l’écologie.
Vers une majorité relative ?
C’est le principal fait politique de la soirée : Ensemble, la coalition qui unit la République en marche, le Modem, Horizons ou Agir, arrive en seconde position derrière la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) qui rassemble les forces de gauche. Selon les projections des instituts de sondages pour le second tour qui se tiendra dimanche prochain (à prendre avec précaution), l’union présidentielle pourrait obtenir moins de 289 sièges sur les 577 que compte l’Assemblée nationale. Si majorité il y a, celle-ci pourrait n’être que relative. Ensemble serait obligé de compter sur certaines forces d’appoint, comme la droite des Républicains.
L’entrée en force de la Nupes - et son projet plus écologique - à l’Assemblée
De nombreuses ONG spécialisées estiment que le projet de la Nupes (qui lie insoumis·es, vert·es, communistes et socialistes) supplante largement celui d’Ensemble sur le plan de l’écologie (Reporterre).
Il est de coutume que la présidence de la commission des finances de l’Assemblée revienne à la première force d’opposition. Un poste qui échoira vraisemblablement à un·e élu·e de la France insoumise, partie pour compter davantage de sièges que les autres. C’est cette commission permanente qui étudie le budget chaque année. Un texte crucial qui détermine l’attribution de nombreux financements qui peuvent aller à l’encontre ou dans le sens de la transition écologique (lire notre article sur ce que peut l’Assemblée pour l’écologie).

Des succès divers pour les ministres chargées de la transition écologique
Emmanuel Macron l’a annoncé : les ministres perdant·es aux législatives devront rendre leur maroquin. Dans le Calvados, la première ministre chargée de la planification écologique, Elisabeth Borne récolte 34,32% des voix devant le candidat de la Nupes et militant du mouvement Youth for climate Noé Gauchard (24,53%). Dans la deuxième circonscription de la Guadeloupe, la secrétaire d’État à la mer, Justine Bénin, arrive également en tête.
Dans l’Essonne, la ministre de la transition écologique, Amélie de Montchalin, est en bien mauvaise posture. Elle n’obtient que 31,46% des voix, largement devancée par le socialiste et membre de la Nupes Jérôme Guedj.
Les candidates issues du mouvement pour le climat bien placées
Outre Noé Gauchard, plusieurs candidat·es passées par les organisations qui composent le mouvement pour le climat ont obtenu de bons scores. Dans la circonscription voisine, Emma Fourreau est au coude à coude avec le député LREM sortant. Dans la Drôme, Marie Pochon arrive largement en tête de sa circonscription (celle de la centrale nucléaire du Tricastin). En Seine-Maritime, Alma Dufour se classe deuxième à quelques centaines de voix du candidat RN. Enfin, dans l’Ain, Lumir Lapray fait jeu égal avec le candidat Ensemble. Le portrait croisé de ces deux dernières est à lire sur le site de Vert.

· La semaine dernière, des éoliennes offshore ont produit de l’électricité pour la première fois en France, ont annoncé les détenteurs du parc (dont EDF ou le gestionnaire de réseau RTE), situé près de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Il est le tout premier à entrer en service dans l’hexagone et devrait compter d’ici à la fin de l’année 80 éoliennes - 27 machines ont déjà été montées depuis la première pose, en avril. - Sud Ouest (AFP)
· Samedi, les marcheurs du Relais jeunes ont terminé leur périple à travers la France par la marche parisienne « On n’attend pas ! », qui visait à rappeler les urgences sociales et climatiques à la veille des élections législatives. Pendant plus de trois mois, une dizaine de jeunes ont parcouru le territoire à pied et à vélo sur près de 3 000 kilomètres pour « replacer les enjeux de démocratie, de justice sociale et d’environnement au centre du débat national », comme l’indique leur manifeste. - Le Monde (abonné·es)
· Dimanche, lors d’un discours au sommet sur la sécurité de Singapour, le ministre de la défense des Îles Fidji a indiqué que la menace climatique était plus grande pour son pays que celle d’un conflit armé. Alors que les discussions entre ministres de la défense d’Asie et du monde entier ont été dominées par la question de l’indépendance taiwanaise, qui provoque de vives tensions entre la Chine et les États-Unis, le fidjien Inia Seruiratu a appelé à « ne pas se tromper d’adversaire ». - France Info (AFP)



À leurs risques et périph’. Les militant·es de la campagne citoyenne Dernière rénovation ont encore frappé : après l’interruption d’un match de demi-finale de Roland-Garros par une jeune femme qui s’était enchaînée au filet la semaine dernière, une douzaine de citoyen·nes ont bloqué la circulation sur le Pont de Neuilly, entre Paris et le quartier d’affaires de la Défense (Hauts-de-Seine), ce samedi. Assis·es sur la chaussée, elles et ils ont bloqué le trafic pour réclamer du gouvernement qu’il s’engage sur une seule mesure, « pour qu’elle soit réalisable » : la rénovation énergétique du parc immobilier français d’ici 2040 assortie d’un système de financement qui permette aux plus modestes de réaliser les travaux nécessaires. Excédé·es par l’embouteillage ainsi provoqué, des automobilistes ont tenté de déloger les perturbateur·ices avant l’arrivée de la police, comme le montrent les images tournées en live par les journalistes du Média. Certain·es activistes se sont glué la main au bitume pour éviter d’être déplacé·es, ce qui a contraint les forces de l’ordre à appeler les pompiers pour les en décoller. Neuf d’entre elles et eux ont été emmené.es en garde à vue durant 23 heures.

La France va connaître une vague de chaleur exceptionnelle, voire record, en fin de semaine
On va y laisser des plumes. Une vague qualifiée de « plume de chaleur » va s’abattre sur une grande partie de la France à partir de mercredi et des records de températures risquent d’être pulvérisés localement.
Un épisode d’une « précocité remarquable » : c’est en ces mots que Météo-France décrit la vague de chaleur qui va frapper le pays à partir de mercredi et jusqu’à la fin de la semaine au moins. Dans le sud de la France, les températures pourraient dépasser la barre des 40 °C, de quoi battre de nouveaux records. Dans la partie nord du pays, les 35°C devraient également être franchis.
Cette situation exceptionnelle est due à la présence de masses d’air venues d’Afrique du Nord qui remontent vers l’Espagne et la France comme dans un entonnoir. À l’inverse d’un dôme de chaleur, phénomène statique généré par un anticyclone qui se fixe à un endroit, il s’agit d’une « plume de chaleur », ainsi que l’a appelée le climatologue et auteur principal du dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) Christophe Cassou sur Twitter : un panache de chaleur très dynamique et dont l’évolution reste incertaine.

Il est possible que cette « plume » soit rejointe par une autre masse d’air en provenance de l’océan Atlantique et se transforme en « dôme » après quelques jours, ce qui en ferait « THE perfect heatwave » (« LA vague de chaleur parfaite »), toujours selon Christophe Cassou.
À l’instar de celle qui a durement frappé l’Inde et le Pakistan à partir de mars (notre article), les vagues de chaleur s’intensifient et se multiplient sous l’effet du boulerversement du climat. Météo-France en a répertorié trois fois plus lors des 30 dernières années qu’au cours des 42 années précédentes en France.
Face à l’intensification des vagues de chaleur, de nombreux·ses scientifiques proposent de donner des noms à ces épisodes extrêmes, à l’instar des tempêtes ou des ouragans, afin de mieux sensibiliser l’opinion publique. Sur Twitter, le docteur en agroclimatologie Serge Zaka a proposé un sondage pour choisir un nom à la vague qui en France. Pour l’instant, avec 54 % des votes, c’est « Balrog » - un géant de feu issu de l’univers de Tolkien - qui cavale en tête.

Où sont passés nos oiseaux ?
Du plomb dans l’aile. Des parois de verre des quartiers d’affaires aux centres des villes de plus en plus bruyants ou inadaptés aux nichées, les hypothèses sont nombreuses pour expliquer la disparition des oiseaux, sujet du dernier numéro de la série documentaire Sur le front. Dans les campagnes, le changement climatique, la chasse, l’effet des pesticides sur les insectes ou la destruction des habitats font partie des multiples causes avancées par les interlocuteur·ices d’Hugo Clément. Fort heureusement, il est possible d’enrayer cette extinction, pour peu que les bonnes décisions soient prises.

+ Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel, Juliette Quef et Anna Sardin ont contribué à ce numéro.