L'estivale

Eurodépités

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Au grand dam de certains eurodéputés, la droite européenne fait son possible pour bloquer un texte essentiel sur la biodiversité. 


Au Parlement européen, un texte clé pour la restauration de la biodiversité mis en péril par une alliance des droites «contre-nature»

Eurodépités. Ce mercredi, les eurodéputé·es examinent une loi cruciale du Pacte vert européen visant la restauration des écosystèmes dégradés. La droite en a fait une cible à abattre, s’associant pour l’occasion à l’extrême droite et aux eurosceptiques.

Manifestations à l’extérieur et tractations à l’intérieur : en début de semaine, le Parlement européen de Strasbourg a été gagné par la fièvre qui entoure la loi européenne sur la restauration de la nature depuis plusieurs mois. Présenté en juin 2022 par la Commission européenne, ce texte vise non seulement la protection des écosystèmes menacés, mais aussi la remise en état de ceux qui ont déjà souffert.

En cas d’adoption, les États devraient ainsi mener des actions de restauration sur 20% des superficies détériorées (terrestres et marines) d’ici à 2030, et sur la totalité d’ici à 2050. Ces objectifs, juridiquement contraignants, en ont fait la bête noire des droites : le parti populaire européen (PPE), première force de l’hémicycle, a d’abord refusé de participer aux travaux parlementaires et milite désormais pour le rejet complet du texte. Les voix de l’extrême droite (ID) et des eurosceptiques (ECR), ainsi que l’indécision d’une partie des centristes de Renew (groupe auquel sont apparenté·es les député·es français·es de Renaissance) pourrait lui faire obtenir gain de cause lors du scrutin prévu ce mercredi en séance plénière.

Des activistes écologistes, dont la Suédoise Greta Thunberg (ici au micro), réclament une loi ambitieuse sur la restauration de la nature devant le Parlement européen à Strasbourg, mardi 11 juillet. © Frederick Florin / AFP

L’abandon de ce texte serait lourd de conséquences : «sans cette loi, l’Europe n’atteindra pas ses objectifs climatiques», explique à Vert Sergiy Moroz du Bureau européen de l’environnement (qui réunit 180 associations européennes). «Des écosystèmes en bonne santé sont impératifs pour stocker du CO2 mais aussi pour améliorer leur résilience au changement climatique», rappelle-t-il. Or, selon l’Agence européenne pour l’environnement, plus de 80% des habitats naturels de l’UE sont actuellement dans un état «mauvais ou médiocre», et jusqu’à 70% des sols sont en mauvaise santé.

Malgré ce constat, la droite européenne s’oppose catégoriquement à l’adoption du texte, qui menace, selon elle les agriculteur·rices, les pêcheur·ses et la sécurité alimentaire en générale. Le mois dernier, plus de 3 000 scientifiques ont adressé un courrier aux eurodéputé·es, déplorant l’«argumentation injustifiée» contre le règlement et leur opposant aux critiques des arguments factuels. 

Pour convaincre la droite de changer sa position, le parti Renew a fait une proposition inédite aux parlementaires : adopter une version édulcorée du texte, telle qu’amendé par les ministres de l’Environnement lors du Conseil des ministres de juin. Plusieurs ministres européens appartiennent à des gouvernements de droite et Renew espère que les eurodéputé·es du même bord accepteront de suivre leur proposition. «On va avoir des réunions jusque tard pour voir si on peut sécuriser des votes», confie à Vert l'eurodéputé Renew Pascal Canfin, qui concède «que cela se jouera à la voix près».

· Sept milliards d’euros supplémentaires seront alloués au financement de la transition écologique dans le budget 2024, a annoncé la première ministre Élisabeth Borne dans un entretien au Parisien dimanche. Ces investissements devront permettre de financer les rénovations énergétiques, les transports en commun, les énergies renouvelables et la transition agricole. Dans un rapport remis au gouvernement en mai, l’économiste Jean Pisani-Ferry avait estimé à 66 milliards d’euros les investissements (publics et privés) nécessaires chaque année pour décarboner l’économie. - Ouest-France

· Dans un rapport publié lundi, la Ligue des droits de l’homme (LDH) souligne la responsabilité de l’État et l’usage «disproportionné» de la force lors de la manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) en mars dernier (notre article). Les observateur·rices présent·es lors de la mobilisation pointent une «réécriture alarmante des évènements» pour justifier le «déploiement massif de la force». Enfin, la LDH condamne à nouveau de nombreuses entraves aux secours de la part des forces de l’ordre. - Libération

· Mardi, trois associations de protection animale, dont L214, ont annoncé porter plainte contre la France, l’Irlande et les Pays-Bas auprès de la Commission européenne. Animaux non nourris, bêtes frappées, durées de transport au-delà des limites réglementaires : les ONG reprochent aux trois pays les conditions dans lesquelles de jeunes veaux sont transportés depuis l’Irlande jusqu’aux Pays-Bas en passant par la France. - Le Monde (AFP)

· Mardi encore, le ministre de la transition écologique Christophe Béchu a lancé la plateforme Vigieau, qui permet de consulter les restrictions d’eau dans sa commune. 68% des nappes phréatiques sont toujours en dessous des normales de saison, a évoqué le ministre, invité sur France inter à cette occasion. Les nappes ne se sont toujours pas rechargées depuis la sécheresse catastrophique de l’été 2022.

Des activistes de Greenpeace posent devant l’une des entrées de la préfecture du Finistère, où des algues vertes ont été déversées lundi 10 juillet. © Micha Patault / Greenpeace

Vert de rage. Lundi matin, des activistes de Greenpeace France ont annoncé avoir déversé près d’une tonne d’algues vertes tout autour de la préfecture du Finistère à Quimper. Une manière de dénoncer «la responsabilité de l’État face à leur prolifération sur le littoral breton», liée à l’élevage industriel très développé dans la région. Ces algues toxiques se nourrissent des rejets de nitrates issus de l’agriculture, et notamment de l’élevage intensif, dans les cours d’eau. L’association demande un moratoire sur le développement des fermes-usines, alors que la moitié des 3 010 «méga-exploitations» françaises se trouve en Bretagne, selon son recensement. Cette mobilisation intervient alors que sort ce mercredi au cinéma le film Les algues vertes de Pierre Jolivet. Tiré de la bédé éponyme de la journaliste Inès Léraud, ce film retrace le scandale de la pollution mortelle aux algues vertes sur les plages bretonnes.

· Le vrai du glypho ? Jeudi dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a ouvert la voie au renouvellement du glyphosate, un herbicide controversé, jugeant qu’il n’existe pas «de préoccupation critique» sur la santé humaine et animale, ni sur l’environnement. Dans son étude, l’Efsa a tout de même noté un «risque élevé à long terme» pour les mammifères dans la moitié des utilisations de l’herbicide. Ces résultats serviront de base à la Commission européenne décider de la prolongation (ou non) de l’autorisation du glyphosate, qui doit expirer en décembre prochain. - Libération (AFP)

· Chaud devant. Entre le 3 et le 9 juillet, la planète a connu sa plus chaude semaine jamais enregistrée, a déclaré l’Organisation météorologique mondiale (OMM) lundi. Le record de la journée la plus torride a été battu plusieurs fois de suite la semaine dernière (notre article). L’OMM s’attend à ce que de nouveaux records tombent avec le retour du phénomène océanique El Niño, aux effets réchauffants sur l’atmosphère. - France info (AFP)

· Le nombre de personnes déplacées par des événements extrêmes liés au climat ne cesse de s’accroître, à tel point qu’il pourrait atteindre 1,2 milliard d’individus en 2050. Hélas, le statut de réfugié climatique n’existe pas en droit international, un vide juridique que souhaite combler l’ONG Revi. Décryptage à lire sur le site de Vert.

· Réchauffement médiatique. En 2020, après le documentaire Les médias, le monde et moi, qui questionne le rôle des médias dans notre société, la journaliste indépendante Anne-Sophie Novel avait réalisé une première carte du paysage médiatique français. En parallèle de sa deuxième version tout juste mise à jour (où Vert figure désormais), la carte s’accompagne d’un petit ouvrage pratique visant à mieux s’informer et d’un jeu pédagogique pour questionner notre rapport à l’information. Vous trouverez plus d’informations sur ce projet ici.

 

· Ça va bon train. Jeudi, la SNCF a annoncé la création d’une nouvelle filiale, SNCF renouvelables, qui doit produire de l’électricité photovoltaïque sur les terres appartenant au groupe - le deuxième plus grand propriétaire foncier du pays, derrière l’État. Pour le plus gros consommateur d’électricité français, cette stratégie vise aussi à sécuriser l’approvisionnement électrique de la compagnie et en maîtriser les coûts. Dans un premier temps, 1 000 hectares seront mobilisés d’ici à 2030 pour installer des fermes solaires, qui pourraient couvrir 15 à 20% des besoins actuels de la SNCF en électricité. - 20 minutes

· Atterrissage imminent. Vendredi, la justice néerlandaise a autorisé le gouvernement à poursuivre ses plans pour réduire le trafic aérien de l’aéroport d’Amsterdam-Schipol. L’an dernier, les autorités avaient annoncé leur souhait de limiter le nombre de vols annuels au départ et à l’arrivée de l’aéroport (de 500 000 à 440 000) afin de faire baisser la pollution de l’air, entraînant un recours de la part de plusieurs compagnies aériennes. En mars, l’aéroport d’Amsterdam avait également décidé de bannir les vols de nuit et les jets privés (notre article). - Travel weekly

· Coup de cœur. Dans les territoires où sont implantées des zones à faibles émissions (ZFE), on observe une réduction des maladies cardiovasculaires, conclut une revue d’études scientifiques publiée dans The Lancet public health. Une des études analysées a notamment constaté une baisse de 11% de la mortalité liée à des pathologies cardiovasculaires au Japon. - Libération

«La poésie, c’est politique, parce que c’est construire un rapport différent au monde»

- Cyril Dion

Penser les plaies. Avec «Résistances poétiques», le guitariste Sébastien Hoog et l’écrivain, poète et réalisateur Cyril Dion livrent un disque et un spectacle hors du temps, où musique et mots se fondent, inspirés par Gainsbourg, Bashung, ou encore The Doors. Dans un entretien à Vert, ils décrivent la poésie à la fois comme un moyen de résistance dans un monde dirigé par l’économie de l’attention, et un horizon écologique désirable où nous aurions repris le pouvoir sur le temps. Un riche échange à lire sur vert.eco

Les trésors menacés du Périgord

Truffé de dangers. De la grotte de Lascaux - menacée par les incendies - aux châteaux perchés sur les falaises calcaires fragilisées par l’érosion, en passant par les filières de la truffe et de la noix affaiblies par les sécheresses, le Périgord subit de plein fouet les effets du dérèglement climatique. Cet épisode de l’émission Sale temps pour la planète nous emmène à la découverte de cette magnifique région, de ses trésors et de ses vulnérabilités.

© France télévisions

+ Loup Espargilière, Anne-Claire Poirier, Juliette Quef et Sanaga ont contribué à ce numéro