La quotidienne

Éboule, ma poule

Chères toutes et chers tous,

Nous espérons que les fêtes vous furent bonnes et vous souhaitons une excellente année !

Pour celles et ceux qui auraient hiberné au cours des deux dernières semaines, vous avez peut-être raté notre grand bêtisier écolo 2021, ou notre florilège des meilleures nouvelles de l'année pour l'écologie. De quoi commencer 2022 sur un bon pied.


Le bouleversement du climat fait dévisser le mercure en plein hiver et déraper des villages polaires.


Balayé par l’élévation des températures, un village islandais panse ses plaies

Il y a un an, le village de Seydisfjördur était ravagé par de violents glissements de terrain, la pire catastrophe naturelle recensée dans une zone habitée en Islande.

Il est environ 15 heures, le 18 décembre 2020, lorsque la nuit commence à tomber sur Seydisfjördur, dans les fjords du nord-est de l’Islande. Thora Bergny Gudmundsdottir, gérante de l’auberge de jeunesse du village, s’inquiète à sa fenêtre en compagnie d’un ami. « On s’attendait à ce qu’il se passe quelque chose car il y avait eu des éboulements la veille […] Soudain, nous avons entendu un bruit incroyablement fort, comme une explosion… Et un énorme morceau de roche s’est décroché. » Lorsque l’épais nuage de poussière provoqué par l’éboulement retombe quelques instants plus tard, l’Islandaise de 68 ans observe avec effroi qu’une quinzaine de bâtiments ont littéralement disparu.

Le sapin au fond de l’image est le seul vestige de cette zone autrefois peuplée de maisons. © Julie Renson Miquel / Vert

Du 15 au 18 décembre 2020, le village de Seydisfjördur a connu la plus grande catastrophe naturelle que l’Islande ait jamais recensée dans une zone habitée. Si aucune victime n’est à déplorer, une trentaine de maisons ont été pulvérisées ou endommagées lors de la vingtaine de glissements de terrain qui ont eu lieu durant cette période. De quoi secouer les 650 âmes de cette bourgade encerclée par les montagnes qui fut, au 18e siècle, l’un des villages les plus prospères de l’île grâce à l’industrie de la pêche au hareng.

« Nous ne pouvons pas attribuer avec certitude cet évènement au dérèglement climatique, mais il faisait en tout cas plus chaud que d’habitude à cette période de l’année, souligne Guðfinna Aðalgeirsdóttir, glaciologue à l’université d’Islande et co-autrice principale du dernier rapport du Giec. Résultat : au lieu de neiger, il a plu des cordes pendant plusieurs jours. Sur une zone instable cela ne pardonne pas… ». 569 mm de pluie se sont abattus sur Seydisfjördur en cinq jours, un record pour le pays. Les chercheur·euses islandais·es peuvent en revanche affirmer que les changements climatiques multiplieront les glissements de terrain. « Outre l’augmentation attendue des précipitations l’hiver, la fonte du permafrost due à la hausse moyenne des températures posera problème car ce dernier joue le rôle de ciment dans le sol des montagnes », ajoute la glaciologue.

« C’est sûr que le climat est en train de changer, il fait plus chaud en hiver. Regardez dehors, il pleut encore alors qu’on est en décembre. Et cet été il a fait 28 degrés. Ici, en Islande… C’est fou ! », lance Ingrid Karis, installée dans le pays depuis deux décennies. Cette Estonienne de 42 ans, aux cheveux courts blonds platine et à l’énergie communicative, a tout perdu dans la catastrophe de Seydisfjördur.

Retrouvez la suite de ce reportage sur vert.eco

· La fin d’année 2021 est la plus douce jamais mesurée en France, outrepassant de 5°C la normale de saison, a indiqué Météo-France en fin de semaine dernière. Il a fait 10,7°C en moyenne entre le 24 et le 31 décembre, avec des records à Nîmes (20,9°C) et à Marseille (20,7°C). Une conséquence directe du réchauffement climatique pour l’institution, qui souligne la raréfaction des vagues de froid en hiver ces dernières années - la dernière remonte à février 2012 - et rappelle l’importance des basses températures, notamment pour le cycle végétal et la destruction des parasites. - Météo-France

· Le brouillon officiel remis, vendredi, aux Etats membres de l’Union Européenne, confirme l’entrée du nucléaire et du gaz au sein de la taxonomie verte européenne (Vert). Celle-ci permettra de faciliter les investissements vers des secteurs « durables ». Le nucléaire, cher à la France, et le gaz désigné comme « énergie de transition » malgré ses fortes émissions de CO2, seront cependant soumis à des conditions de traitement des déchets et à des seuils maximums de dégagements de gaz à effet de serre. - Le Monde

· « Environ 600 000 à 650 000 volailles » ont été abattues depuis la fin novembre pour limiter les risques de contagion de la grippe aviaire, a annoncé le ministère de l’agriculture ce vendredi. Celui-ci a dénombré 26 foyers infectieux dans le nord de la France et, plus récemment, dans le Sud-Ouest. Des restrictions lors du transport des volatiles sont mises en place dans les zones identifiées et les éleveurs doivent patienter avant d’acquérir de nouveaux poussins. L’an dernier, cette maladie, qui se propage par les oiseaux migrateurs, avait causé l’abattage de 3,5 millions de volailles. - Le Monde (AFP)

Les écarts de température en Amérique du Nord le 1er janvier 2022. © Scott Duncan

C'est chaud (mais pas que). Au tournant de l'année 2022, le climat s'est emballé un peu partout à travers la planète. Pendant que la « douceur » était de mise en Europe de l'ouest, l'Amérique du Nord connaissait le chaos. En Alaska, la température-record (pour un mois de décembre) de 19,4 °C a été atteinte sur l’île Kodiak au sud de l’Etat. Puis, des pluies aussi torrentielles qu'inhabituelles à cette période ont été suivies d'une chute du mercure, couvrant l'Alaska d'une chape de glace. Un phénomène qualifié d'Icemageddon (contraction de glace (ice) et Armageddon). Idem dans le Colorado, à l'ouest des Etats-Unis, où de violents incendies nés des fortes chaleurs et de la sécheresse ont été arrêtés par d'aussi subites chutes de neige. Dans cette visualisation réalisée par le météorologue Scott Duncan, on voit apparaître les brutaux écarts de températures entre le Nord et le Sud du continent nord-américain le samedi 1er janvier : pendant que les maximales atteignaient 37,2°C à la frontière américano-mexicaine, elles s'établissaient à -25,5°C entre Etats-Unis et Canada. Soit un écart de 62,7° Celsius.

Environnement : ce qui change au 1er janvier

Le passage à la nouvelle année compte toujours son lot de changements : tour d'horizon des principales mesures en matière d'environnement qui sont entrées en vigueur en France au 1er janvier 2022.

Logement
→ Lancement de France rénov', un guichet unique en ligne pour guider les particuliers dans leurs démarches de rénovation de leur logement.

→ Les bâtiments neufs sont désormais soumis à la nouvelle réglementation environnementale (RE2020), qui remplace la réglementation thermique (RT2012). Elle renforce les exigences en matière de performance énergétique et « introduit des exigences relatives à l’impact carbone » du bâtiment, selon le ministère de la Transition écologique.

→ Il est désormais possible de déposer les permis de construire en ligne, ainsi que toutes les demandes d’autorisation d’urbanisme (panneaux solaires, fenêtres, ravalements de façade, etc.).

Consommation
→ L'entrée en vigueur de la loi « anti-gaspillage » de 2020 marque l'interdiction de nombreux plastiques à usage unique : parmi ceux-ci, les emballages plastiques autour de certains fruits et légumes non-transformés, les jouets offerts dans les menus pour enfants, ou les emballages plastique utilisés pour la livraison des journaux.

→ Les magasins sont désormais tenus de reprendre les meubles usagés, les produits dangereux vides ou pleins (peintures, colles et produits de nettoyage avec des substances à risques) et les cartouches de gaz combustibles.

→ Il est désormais interdit d'éliminer les invendus non-alimentaires (notre article). Cette interdiction concerne les produits couverts par les filières à responsabilité élargie des producteurs (REP) - vêtements, meubles, produits électriques et électroniques, etc., les produits d’hygiène et de puériculture, les produits d’éveil et de loisirs, les livres et fournitures scolaires, les équipements de conservation et de cuisson des aliments.

→ Les enseignes de commerce en ligne doivent s’assurer que, pour les produits qu’ils vendent et qui sont couverts par les filières REP, les producteurs ont bien financé les éco-organismes (notre article).

→ La garantie légale de conformité pour les produits d’occasion est allongée de six mois. Désormais, un défaut de conformité apparu dans les douze mois sur un produit de seconde main est présumé exister au moment de l’achat, sauf preuve contraire.

Agriculture
→ Fin de la castration pratiquée à vif sur quelque 10 millions de porcelets chaque année.

Transport
→ Le malus sur le poids des véhicules de plus de 1,8 tonne entre en vigueur. Largement plus souple que les préconisations de la Convention citoyenne pour le climat, qui réclamait un seuil de 1,4 tonne, il ne devrait concerner qu'une poignée de véhicules.

→ Le malus écologique sur les émissions s'applique à partir de 128 grammes de CO2 par kilomètre, contre 133. Il peut atteindre 40 000 euros pour un niveau supérieur à 223 grammes de CO2/km.

→ Le bonus écologique pour l'achat de véhicules électriques ou à hydrogène est prolongé de six mois.

→ le nouveau « titre-mobilité » permet aux entreprises de prendre en charge certains frais liés aux déplacements de leurs salariés entre le domicile et le travail jusqu'à 600€ par an, sans impôts.

→ Les compagnies aériennes doivent compenser 50% des émissions de CO2 de leurs vols opérés en métropole, avant d'atteindre 100% en 2024.

Broute Food : Pour une viande écologique et responsable

On peut manger de la viande en faisant du bien aux animaux, et ce, grâce aux abattoirs conscients ! Vous n'y croyez pas ? Pour vous en convaincre, regardez la dernière vidéo de Broute, le pastiche de Bertrand Usclat.

© Broute / Canal +

+ Juliette Quef et Julie Renson Miquel ont contribué à ce numéro