La quotidienne

Des hauts et débats

Chères toutes et chers tous,

📻 La semaine dernière, Juliette Quef et Loup Espargilière ont eu le plaisir de former plusieurs cadres de Radio France internationale (RFI), ainsi que les nouveaux « référents climat » que compte la rédaction, afin d'améliorer le traitement médiatique des sujets liés à l'écologie. Réjouissons-nous qu'une radio à la portée mondiale comme RFI ait décidé de prendre ce problème à bras-le-corps. Plus d'informations ici.


Le gouvernement n'en finit plus de discuter en remettant toujours l'action de côté.


Le Conseil national de la refondation climat et biodiversité, énième organe de concertation sur l’écologie

Planifier ni à faire. Vendredi, la première ministre Élisabeth Borne a inauguré le Conseil national de la refondation (CNR) climat et biodiversité en compagnie d’une flopée de ministres. Objectif affiché : bâtir le consensus pour accélérer l’action climatique.

La présentation du Conseil national de la refondation (CNR) dédié au climat et à la biodiversité doit donner le coup d’envoi à la planification écologique promise par Emmanuel Macron à sa réélection.

Ce nouvel organe consultatif réunira élu·es, collectivités, partenaires sociaux, représentant·es d’entreprise et du monde associatif autour de 22 chantiers afin d’accélérer la transition écologique. Des plans d’action doivent être élaborés et déclinés pour chaque filière afin d’obtenir, dès la fin de l’année, une première version consolidée des stratégies à mettre en œuvre (notre article).

Un maître-mot, martelé par l’aréopage de ministres dépêché·es pour l’occasion : le consensus. « Évitons de nous fracturer. Entendons à la fois ceux qui craignent qu’on aille trop vite et ceux qui ont peur que l’on n’en fasse pas assez », appelle de ses vœux la première ministre.

Les ministres Agnès Pannier-Runacher (transition énergétique) et Christophe Béchu (transition écologique) à l'occasion du lancement du Conseil national de la refondation climat et biodiversité, vendredi 21 octobre à la REcyclerie (Paris 18è). ©  Bertrand Guay /  AFP

Nicolas Dufrêne, directeur du think tank l’Institut Rousseau, est sceptique vis-à-vis d’un tel outil. « En fait, on sait déjà à peu près ce qu’il faut faire. Les mesures, on les connaît, pas besoin de refaire 150 fois les mêmes concertations. On a le travail excellent fait par la Convention citoyenne pour le climat, les plans de transition de Négawatt, du Shift project, les mesures de la Stratégie nationale bas carbone, de la Stratégie nationale de biodiversité… On ne peut plus donner l’impression qu’il faut toujours recommencer le travail », déplore-t-il auprès de Vert.

Certaines organisations écologistes se satisfont d’être associées au dialogue, mais elles restent sur leurs gardes. « Quel a été le bilan des apports du Grand débat national, de la Convention citoyenne pour le climat ?, s’interroge Sandrine Bélier, directrice de l’ONG Humanité et biodiversité. On repart sur un processus alors qu’on n’a pas eu de retour transparent sur toutes les démarches auxquelles on nous a associés. Ce serait important pour motiver tout le monde pour ce nouveau chantier. »

· Vendredi, Emmanuel Macron a annoncé le retrait de la France du Traité sur la charte de l'énergie (TCE), jugé incompatible avec les objectifs de l'accord de Paris. Ayant pour but de sécuriser les approvisionnements en pétrole et en gaz, cet accord permet notamment aux compagnies fossiles d’attaquer en justice des États dont les décisions nuiraient à leur rentabilité. La décision fait suite à la sortie récente des Pays-Bas, de l'Espagne et la Pologne, ainsi qu’aux exhortations du Haut conseil pour le climat et de nombreuses organisations de la société civile. - Vert
 

· Vendredi encore, le Conseil d’État a suspendu les arrêtés autorisant la chasse traditionnelle à l'alouette des champs. Comme l’année dernière, le juge des référés de la plus haute juridiction administrative a estimé que les prises réalisées à l’aide de filets (« pantes ») ou de cages (« matoles ») étaient contraires aux directives européennes, qui interdisent les techniques de capture non-sélectives, sans distinction d'espèces. - Le Journal du dimanche
 

· Vendredi toujours, un accord salarial entre EDF et les syndicats a permis de mettre fin à la grève dans plusieurs centrales nucléaires. Le compromis, qui doit être validé d’ici vendredi, prévoit une augmentation de 5 % des plus bas salaires et de 2,5 % pour les cadres. En tout, huit réacteurs nucléaires ont vu leur redémarrage retardé en raison des grèves. - Libération
 

· Dimanche soir, une « mini-tornade » dévastatrice s’est abattue sur Conty (Somme), près d’Amiens. Un phénomène similaire a frappé des dizaines d’habitations à Bihucourt, dans le Pas-de-Calais, où les témoins évoquent une « véritable scène de guerre ». En tout, une centaine d’habitant·es sont à reloger. Les orages étant difficiles à prévoir, Météo-France avait placé dimanche La Somme, le Nord, le Pas-de-Calais et l’Eure en vigilance « jaune », alors que 20 autres départements étaient eux en vigilance « orange ». - Le Parisien

« Cette crise climatique est aussi une crise de l'information qui n'est pas diffusée comme elle devrait l'être […] les médias portent une très lourde responsabilité, ce sont eux qui ont cette capacité de parler suffisamment vite aux gens »

France interre. Après deux ans de cure médiatique, Greta Thunberg est de retour pour la présentation de son « Grand livre du climat ». Fuyant le rôle d’icône de la lutte contre le réchauffement climatique, la Suédoise a préféré compiler la parole d’une soixantaine de témoins, dont l’économiste français Thomas Piketty, l’essayiste-star Naomi Klein, ainsi que plusieurs activistes. « Il y a une différence entre savoir qu'il y a un changement climatique en cours et être vraiment conscient qu'il a des conséquences », a-t-elle indiqué ce matin, au micro de France Inter, appelant à aller plus loin que la simple évocation des tempêtes ou extrêmes climatiques. « On ne parle pas du fait que des gens souffrent déjà au quotidien […] on ne fait pas le lien entre ces différentes choses ». Pour mettre en avant de nouveaux récits, l’activiste suédoise prévoit déjà la publication d’un nouveau recueil dédié aux solutions.

Comprendre ce que « sobriété » veut dire, pour que la transition écologique puisse advenir

Sobre y es-tu ? Depuis cet été, tout le monde a le mot « sobriété » à la bouche, mais qui sait de quoi il retourne vraiment ? Lancée par l’association Makesense en partenariat avec Vert, la plateforme « paumé·es dans ma sobriété » permet de mieux en saisir les implications et propose des pistes pour se mobiliser collectivement - afin de se donner de l’énergie sans en gâcher.

Dans son dernier rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) définit la sobriété comme « un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau tout en assurant le bien-être de tous les êtres humains dans les limites de la planète ». À mille lieues de la simple « chasse au gaspi » à laquelle certain·es voudraient la réduire (Vert).

S’y retrouver dans les définitions et les actualités autour de ce concept-clef pour la transformation écologique : voilà l’objectif de la plateforme « Paumé·es dans ma sobriété » lancée ce lundi par Makesense, réseau international qui veut favoriser l’engagement des citoyen·nes.

Cliquez sur l'image pour accéder à la plateforme. © Make sense / Vert

Au menu, dès ce lundi et pour les mois à venir : des ressources pédagogiques pour se former sur le sujet et comprendre les ordres de grandeur, des quizz, des propositions à l’intention des décideur·ses et des idées pour s’engager. Vert mettra à disposition de la plateforme un à deux articles par semaine, qui seront liés à l’actualité chaude ou décrypteront à froid certains aspects de la sobriété.

Makesense entend faire plus que de passer cet hiver compliqué : l’association veut faire advenir une société où la sobriété serait « choisie et non subie ». Pour cela, elle propose des « programmes d’engagement citoyen » à sa communauté. Pendant douze jours, les personnes inscrites recevront quotidiennement des actions et des défis à relever autour de la sobriété, et pourront échanger avec les autres participant·es. Cliquez ici pour vous inscrire pour le prochain défi, qui commence le 13 novembre prochain.

De la purée sur Claude Monet

Oh purée ! Dimanche, un tableau (vitré) de Claude Monet, les Meules, a été aspergé de purée par des activistes écologistes dans un musée allemand. Une action inspirée par le récent jet de soupe de deux militantes britanniques sur Les Tournesols de Van Gogh, et qui a largement clivé l’opinion publique (notre article).

© Euronews

+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.