Casser la croûte. Vendredi, à la National Gallery de Londres, deux militantes du mouvement Just Stop Oil ont aspergé de soupe l’un des plus célèbres tableaux du maître néerlandais, Les Tournesols. Le retentissement est mondial, mais l’action divise les écologistes.
Sur la vidéo devenue virale, on peut voir deux jeunes femmes décapsuler en vitesse une canette de soupe avant d’en jeter le contenu sur le tableau qui leur fait face : un bijou post-impressionniste estimé à 86 millions d’euros ! On peut aussi entendre les cris de surprise et d’effroi poussés par les journalistes convié·es à couvrir l’action. L’un d’entre eux, paniqué, se charge même d’appeler la sécurité pendant que les deux assaillantes s’agenouillent et collent leurs mains au mur avec de la glue. « Êtes-vous plus préoccupés par la protection d’une peinture ou par la protection de la planète et des gens ? » questionne l’une d’elle. « Nous ne pouvons plus nous permettre d’extraire du pétrole et du gaz, car cela nous prendra tout ce que nous aimons. »
La peinture, protégée par une vitre, n’a subi aucun dégât. Du reste, c’est loin d’être la première fois qu’une œuvre d’art est attaquée, y compris par des militant·es écologistes (TF1). Mais cette fois-ci, la souillure a enflammé la toile et les médias. Une fois n’est pas coutume, des critiques sévères sont venues de certains écologistes. En France, le candidat d’EELV à la présidentielle, Yannick Jadot, a ainsi jugé que « le climat mérite mieux que cette caricature imbécile ». « Ce ne sont pas des « militants écologistes », ce sont des imbéciles », a tweeté pour sa part le journaliste Hugo Clément. Dans l’ensemble, les détracteurs ont souligné le fait qu’il n’y avait aucun rapport entre l’art et le changement climatique. S’attaquer au premier ne ferait donc que desservir la cause en choquant inutilement le grand public.
À l’inverse, de nombreux soutiens ont salué la profondeur du message et son intense retentissement. L’action a en effet illustré avec succès l’absurdité qui consiste à sacraliser une œuvre d’art, dont la valeur est largement spéculative, au moment même où les conditions de vie sur Terre ne sont plus assurées. « Il n’y a pas d’art sur une planète morte », ont ainsi scandé de nombreux·ses internautes. « OK, écoutez-moi, c’était en fait une action visionnaire et inspirée », a même défendu Peter Kalmus, climatologue à la Nasa, sur Twitter. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que les actions radicales sont vouées à se multiplier si rien n’est fait pour contrer le réchauffement climatique.