Chères toutes et chers tous,
Le Vert est à moitié Covid !
Vous avez peut-être constaté que votre édition quotidienne ne vous a pas été livrée ce mercredi. La faute en revient au reflux épidémique qui n'a pas épargné notre petite rédaction. Nous espérons que vous aurez trouvé à vous occuper dans l'attente lancinante du nouveau numéro que voici.
Alors que les politiques, faute d'avoir écouté le Giec, sont à la rue, les citoyens y sont descendus pour battre le pavé.

Une « marche pour le futur » pour rappeler l’urgence climatique et sociale à la veille du premier tour
Sans se défiler. Pour que le climat et la justice sociale soient au cœur des débats, et contre « le découragement » et « la paralysie », des « marches pour le futur » auront lieu partout en France ce samedi 9 avril.
« Les questions climatiques sont toujours des questions sociales », justifie Gabriel Mazzolini, porte-parole des Amis de la Terre, qui juge « important de montrer que l’écologie n’est pas portée que par les bourgeois des grandes villes ». Présentée comme « totalement inédite » lors d'une récente conférence de presse, cette mobilisation fait suite à la marche « Look Up » du 12 mars, qui avait réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes au sein de 135 rassemblements (notre reportage à Paris).

À la veille du premier tour, et sans donner de consignes, les instances organisatrices entendent aussi appeler à un vote massif pour l'élection présidentielle… et préparent d'ores et déjà le rapport de force entre la rue et le pouvoir politique du prochain quinquennat. « Cinq années d’attentes supplémentaires ne sont pas acceptables », constate le Réseau action climat, qui fédère une trentaine d’associations. Celui-ci réclame que « les cinq prochaines années soient celles du climat, de la justice sociale, de l'égalité et de la paix ». Le 9 avril « sera le point de départ d'une dynamique plus large à lancer », promet aussi Youcef Brakni, pour le comité « La Vérité Pour Adama » contre les violences policières. « Les violences sont imbriquées et touchent principalement les mêmes groupes vulnérables, notamment les femmes, encore plus les femmes racisées ou précaires », explique également Pauline Baron, du collectif féministe #NousToutes.
Porte-parole du mouvement Alternatiba, Élodie Nace rappelle que le consensus sur l'urgence d'agir dépasse les seules ONG. Selon le dernier volet du rapport du Giec (consacré aux solutions – notre décryptage), « la fenêtre d’action pour réduire les courbes [d'émissions de gaz à effet de serre, NDLR] est passée à trois ans et non plus dix comme on le pensait avant. Ce qui rend l’action politique encore plus cruciale ». « Un monde à +2 degrés ou +3 degrés est un monde en guerre », complète Gabriel Mazzolini.
À Paris, le rendez-vous est fixé à 14 heures sur la place de la Bastille et un concert réunira plusieurs artistes sur celle de la République à l'issue de la marche.

· Mardi, la constellation de satellites Starlink a été privée de ses fréquences en France par le Conseil d'État. À la suite du recours porté par les deux associations environnementales Priartem (Pour rassembler, informer et agir sur les risques liés aux technologies électromagnétiques) et Agir pour l'environnement, les engins du milliardaire Elon Musk permettant l'accès à Internet ne sont théoriquement plus reliés aux utilisateur·rices français·es. Le Conseil d'État a pointé une erreur dans la procédure et reproche au régulateur des télécoms, l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), de ne pas avoir consulté le public avant de donner son feu vert en février 2021. - Numerama
· Mercredi, Greenpeace a demandé l'exclusion de TotalEnergies de la liste des sponsors de la prochaine Coupe du monde de rugby, qui aura lieu en France l’an prochain. « Le sponsoring de la Coupe du monde de rugby 2023 par TotalEnergies était déjà une véritable aberration à l'heure de l'urgence climatique, il l'est d'autant plus aujourd'hui alors que la major pétro-gazière maintient ses activités en Russie », pays « dont le régime est coupable de crimes de guerre », explique l'ONG. - Le Monde


Croissance verte et chasse au gaspi : l’écologie de droite selon Valérie Pécresse
Le courage de vert ? La candidate Les Républicains à l’élection présidentielle se démarque de ses adversaires de droite par un programme plus étoffé sur l’écologie. On peut y lire certaines mesures d’ampleur, comme un plan de rénovation thermique des logements ou la lutte contre les fuites massives de méthane de l’industrie fossile. Mais à manier seulement l’incitation sans « punition » et à préférer l’innovation technologie au changement de société, son projet paraît s’éloigner de l’ambition réclamée par la lutte contre la crise climatique. Le décryptage de son programme avec les explications de l’un de ses contributeurs est à retrouver sur le site de Vert.


Après le rapport du Giec, des scientifiques appellent à se rebeller pour le climat
Gare au coup de blouse. Des centaines de scientifiques de plus de 25 pays appellent à la désobéissance civile pour préparer le terrain à une « révolution climatique ».
Alors que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) multiplie les alertes dans une indifférence plus ou moins totale, les blouses blanches réunies sous la bannière du collectif « Scientist rebellion » (Rébellion scientifique), créé en 2020, ont décidé de sortir de leur réserve. « Limiter le réchauffement à 1,5 degré et répondre à l'urgence climatique nécessitent une transformation immédiate dans tous les secteurs et toutes les strates de la société, une mobilisation aux proportions historiques », constatent-elles et ils dans un communiqué publié mardi.
« Les faits détaillant la complicité des pays les plus riches du monde dans l'alimentation de la crise climatique ont été édulcorés par le processus de révision politique du Giec », ajoutent les scientifiques, proche du mouvement « Extinction Rebellion ». Avant de conclure : « L'heure est venue. Rejoignez-nous.

En Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Afrique, les scientifiques rebelles ont organisé « la plus grande grève scientifique et académique de l’histoire » du 4 au 9 avril, mais aussi des actions non-violentes. Mercredi, elles et ils ont bloqué un pont à Berlin (Allemagne) et ont annoncé un nouveau « passage à l'action » ce jeudi. À Los Angeles (États-Unis), les rebelles ont occupé l'entrée d'une banque. À la Hague (Pays-Bas), c'est l'entrée du ministère des affaires économiques et de la politique climatique qui a été barrée. À Madrid (Espagne), le siège du Parlement a été repeint en rouge (El Pais, en espagnol). Et la liste est encore longue.
« Cela ne suffit plus de faire des rapports, cela ne suffit plus d'être dans des commissions », explique un biologiste français anonyme au micro de France Inter. « Normalement, ce n'est pas le rôle des chercheurs et des chercheuses [mais] on est vraiment contraints » de sortir des laboratoires car « la situation est grave ».
Il y a deux ans, mille scientifiques avaient signé une tribune dans le Monde pour en appeler, déjà, à la désobéissance civile. Alors que le Giec met un point final au sixième cycle de ses rapports, certain·es de ses auteur·rices, comme le Belge François Gemenne, veulent désormais que les scientifiques prennent une part plus importante dans le débat politique, comme Vert l’avait raconté.

Qui a le meilleur programme pour l'écologie ?
Plein les urnes. À trois jours du premier tour de la présidentielle, il est temps de faire le point sur les propositions des candidat·es en matière d'écologie. C'est ce que propose le média en ligne Blast dans l’une de ses dernières vidéos, qui s'appuie sur le comparateur de programmes réalisé par les associations du Réseau action climat. Les positions des aspirant·es à l'Élysée sur les cinq secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre en France sont passées au crible, tout comme celles sur l'international et la finance. « On n'appelle évidemment pas à voter pour tel ou tel candidat, mais on donne un décryptage pour dire : ces candidat·es ont un programme sérieux pour le climat, mais pour ceux-là, a priori, cela ne permettra pas d'atteindre les objectifs climatiques », résume Anne Bringault, coordinatrice des programmes du Réseau et invitée de la journaliste Paloma Moritz.

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+ Loup Espargilière, Barbara Pagel et Justine Prados ont contribué à ce numéro