Le collectif Nourrir, officialisé ce lundi, veut œuvrer à renouveler les générations agricoles pour faire face aux enjeux environnementaux et garantir une alimentation saine.
Les 54 associations qui peuplent ce nouveau collectif ont un objectif ambitieux : atteindre le million de paysan·nes d’ici à 2050 en associant les citoyen·nes afin de massifier le mouvement vers une agriculture respectueuse du vivant et de la planète. «On veut faire la même bascule que le mouvement climat, en faisant de l’agriculture un sujet central», explique Clotilde Bato, co-présidente du collectif dans le grand hall du Conseil économique, social et environnemental (Cese), choisi pour l’occasion comme symbole de la participation de la société civile.
À l’origine, un constat d’échec partagé sur la politique française et européenne. La PAC déterminant les subventions européennes pour les quatre prochaines années fait notamment la part belle aux ambitions écologiques portées par les associations. Fin juin, La plateforme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire (PCTAA) et Pour une autre PAC décident d’unir leurs forces pour y remédier.
Du syndicat de la Confédération paysanne à l’ONG écologiste Greenpeace, en passant par le Secours Catholique, le collectif présente aujourd’hui un panel varié d’organisations mobilisées aussi bien sur les actions concrètes que le plaidoyer, en France comme à l’étranger. En reprenant la formule européenne «de la fourche à la fourchette» dans son logo, le collectif souhaite montrer que «ce que nous mangeons et la manière dont nous le produisons comptent».
Parier sur l’humain face aux solutions techniques
Pour nourrir tout le monde dans le respect du vivant, il faudra des bras. La volonté du collectif Nourrir est d’abord d’enrayer le déclin des agricuteur·ices, alors que 200 fermes disparaissent chaque semaine en France. Dans un manifeste publié à l’occasion du salon de l’agriculture, l’association plaide pour l’installation massive de nouveaux paysan·es afin d’atteindre le cap d’un million d’exploitant·es d’ici 2050, alors que le dernier recensement en 2020 n’en compte que 416 000 (100 000 de moins en dix ans).
«Ce projet doit devenir une cause nationale», souligne Clotilde Bato à la tribune. Pour réussi ce pari, les membres du collectif insistent sur l’importance des récits et de la représentation du monde agricole. «Pour attirer les jeunes nous devons leur montrer qu’il existe des alternatives et mettre en place des statuts protecteurs comme, par exemple, un système de saisonniers à l’image des intermittents du spectacle», imagine Adrien Lecossais, représentant du Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC).
Une convention citoyenne sur l’alimentation
À l’image de celles sur le climat ou la fin de vie, le collectif demande la mise en place d’une convention citoyenne sur l’alimentation pour mettre le sujet à l’agenda. «Mêlez vous des questions agricoles», lance à l’intention des citoyen·nes Mathieu Courgeau, co-président du Collectif et agriculteur en Vendée.
Depuis quelques jours, le public peut contribuer aux consultations menées par le gouvernement sur le projet de loi d’orientation agricole censée favoriser le renouvellement des générations agricoles. Initialement prévue pour durer un mois, cette sollicitation a été écourtée pour maintenir l’agenda retardé par le contexte sociale. «Un mauvais signal», pour le collectif Nourrir qui regrette également que les rencontres mensuelles avec le ministre de l’agriculture se soient interrompues. «Nous analysons vos contributions», a simplement répondu Benoit Bonaimé, directeur général de l’enseignement et de la recherche venu le représenter. «Nous resterons toujours ouverts au dialogue, mais turbulent si besoin», met en garde Clotilde Bato.
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