La bonne idée

Et si on favorisait l’installation des femmes pour transformer l’agriculture ?

  • Par

Peu représen­tées, moins payées, par­fois même pas comp­tées ; les femmes sont dans l’angle mort des poli­tiques agri­coles. Pour­tant, les agricul­tri­ces sont plus tournées vers les pra­tiques durables que les hommes, souligne un rap­port pub­lié ce mer­cre­di par l’ONG Oxfam.

Il est temps de met­tre un coup de pro­jecteur sur ces actri­ces économiques oubliées : les femmes représen­tent 30 % des act­ifs agri­coles en France, estime le min­istère de l’Agriculture. Mais une par­tie d’entre elles n’est jamais recen­sée : quelque 132 000 com­pagnes d’exploitants n’ont pas de statut per­me­t­tant de pren­dre en compte leur action dans ce domaine, regrette Oxfam. «Ni cheffes, ni col­lab­o­ra­tri­ces d’exploitation, elles assurent un com­plé­ment de revenu» ou un tra­vail non rémunéré qui aident au main­tien de l’exploitation.

Part de femmes dans dif­férents secteurs de pro­duc­tion. © Oxfam

Plus nom­breuses dans les petites struc­tures, les femmes sont aus­si plus diplômées et plus âgées que les hommes (elles ont 52 ans en moyenne). Pour­tant, leurs revenus sont qua­si­ment un tiers plus faibles et leur retraite atteint pénible­ment 570 euros par mois. Entre autre bâtons dans les roues, les agricul­tri­ces béné­fi­cient de prêts ban­caires plus faibles, de moins d’aides à l’installation et elles sont moins représen­tées dans les syn­di­cats pro­fes­sion­nels, liste le rap­port, qui s’appuie sur des travaux de Carine Pio­net­ti, une chercheuse indépen­dante.

Pour Oxfam, la pre­mière action à men­er est de mieux compter et de ren­dre publiques un «plus grand nom­bre de don­nées ven­tilées par sexe». Car la femme est peut-être l’avenir de la ferme. Davan­tage tournées vers la bio, les cir­cuits courts ou l’élevage exten­sif en plein air, «les agricul­tri­ces sont motri­ces dans la tran­si­tion écologique du secteur agri­cole et son adap­ta­tion au change­ment cli­ma­tique», con­sid­ère l’ONG. Ain­si, se mon­tr­er plus pointilleux·ses sur la par­ité dans toutes les instances, la for­ma­tion des agent·es du min­istère de l’agriculture aux ques­tions de genre ou la mise en place de poli­tiques publiques favorisant les exploita­tions gérées par des femmes con­stitueraient de pre­miers pas vers la tran­si­tion écologique de l’agriculture.

Des ques­tions qui devraient ali­menter les dis­cus­sions du pre­mier Salon des agricul­tri­ces qui se tien­dra à la Cité fer­tile à Pan­tin (Seine-Saint-Denis) les 4 et 5 mars.