Panorama

Typhon, mégafeux, chaleurs irréelles : les pires dingueries climatiques de l’été 2024

Chaud business. Sous l’influence du dérèglement climatique qui s’accélère, l’été 2024 a été marqué par de nombreux records et des événements extrêmes en tous genres. On fait le point.
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La nuit caniculaire sans fin de Séoul

34 : c’est le nom­bre de nuits «trop­i­cales» con­séc­u­tives, durant lesquelles la tem­péra­ture n’est pas descen­due sous la barre des 25°C à Séoul, dans la cap­i­tale de la Corée du Sud, entre mi-juil­let et mi-août. Du jamais-vu depuis les pre­miers relevés météorologiques du pays, qui remon­tent à 1907. Au-delà de ce seuil noc­turne de 25°C, les sci­en­tifiques con­sid­èrent que la tem­péra­ture devient dan­gereuse pour la san­té. Les réper­cus­sions sont mul­ti­ples : per­tur­ba­tion du som­meil, incon­fort psy­chologique, dif­fi­cultés pour l’organisme à se refroidir et à récupér­er de la journée, hausse du risque de blessures et de mor­tal­ité au tra­vail, etc.

Le 22 juillet, la journée la plus chaude jamais mesurée par les humains

Ce jour-là, la tem­péra­ture moyenne mon­di­ale à la sur­face de la Terre s’est élevée à 17,16°C, a établi le ser­vice européen de sur­veil­lance de la planète, Coper­ni­cus. C’est la mar­que la plus élevée enreg­istrée depuis le début des mesures, en 1940. Le précé­dent record datait pour­tant de… la veille, avec un mer­cure à 17,09°C. «Nous sommes désor­mais véri­ta­ble­ment en ter­rain incon­nu, et comme le cli­mat con­tin­ue de se réchauf­fer, de nou­veaux records seront cer­taine­ment bat­tus dans les mois et les années à venir», a réa­gi Car­lo Buon­tem­po, directeur du ser­vice de Coper­ni­cus en charge du change­ment cli­ma­tique.

Le yacht d’un milliardaire emporté par une trombe d’eau

Le 19 août dernier, le supery­acht du mil­liar­daire bri­tan­nique Mike Lynch a chaviré au large de Palerme, en Sicile (Ital­ie) en rai­son d’une trombe marine qui a causé la mort de sept per­son­nes (sur les 22 présentes à bord). Il s’agit de colonnes d’air et de brume marine qui tour­bil­lon­nent, sim­i­laires à des mini-tor­nades se pro­duisant sur l’eau. Elles se for­ment lorsqu’une masse d’air froid en alti­tude et des eaux chaudes se ren­con­trent avec des con­di­tions météorologiques insta­bles (des vents changeants par exem­ple). Plus habituelles dans les eaux trop­i­cales, elles sont de plus en plus fréquentes en Europe à cause du réchauf­fe­ment cli­ma­tique.

Des plongeurs du Vig­ili del Fuo­co, le corps ital­ien des pom­piers, arrivent dans le port de Por­ti­cel­lo, près de Palerme, avec le corps de Mike Lynch à l’ar­rière du bateau, le 22 août 2024, trois jours après le naufrage. © Alber­to Piz­zoli / AFP

Des incendies exceptionnels aux quatre coins du globe

Si la France a été rel­a­tive­ment épargnée par les feux de forêt cet été, on ne peut en dire autant du reste du monde. Au Brésil, l’état de São Paulo a enreg­istré un nom­bre inédit de plus de 5 000 départs de feux depuis le début du mois d’août, con­sumant quelque 20 000 hectares de végé­ta­tion, dont d’immenses champs de sucre de canne. Sur la côte ouest des États-Unis, la Cal­i­fornie a subi l’un des pires mégafeux de son his­toire avec le «Park fire». D’origine crim­inelle, cet incendie déclenché fin juil­let a embrasé plus de 173 000 hectares et entraîné l’évacuation de près de 4 000 habitant·es de cette région frap­pée par la sécher­esse. D’importants feux de forêts ont égale­ment rav­agé la Grèce, la Turquie et le Cana­da.

Un pom­pi­er com­bat le Park fire en Cal­i­fornie, le 7 août 2024. © Josh Edel­son / AFP

L’Australie en surchauffe sous une canicule hivernale

En cette fin août, dernier mois de l’hiver de l’hémisphère sud, l’Australie est érein­tée par une canicule hiver­nale. Lun­di 26 août, le ther­momètre a affiché une valeur inédite de 41,6°C sur la côte nord-ouest du pays-con­ti­nent, dépas­sant de 0,4°C le précé­dent record. Plusieurs régions aus­trali­ennes ont con­nu des tem­péra­tures établies entre 10°C et 15°C au-delà des nor­males saison­nières sur plusieurs jours. Début 2024, le ther­momètre avait déjà avois­iné les 50°C dans de nom­breuses villes.

Anom­alies de tem­péra­tures en Aus­tralie le 26 août, jour du record de tem­péra­ture hiver­nale. © Trop­i­caltid­bits / Cap­ture d’écran X

En Antarctique, des anomalies de températures allant jusqu’à +28°C

L’Antarctique, région en plein hiv­er, a con­nu une vague de chaleur inhab­ituelle en juil­let. Mal­gré un mer­cure tou­jours négatif, les tem­péra­tures ont bon­di d’une dizaine de degrés en moyenne sur plusieurs jours par rap­port aux nor­males saison­nières. Des anom­alies qui ont locale­ment pu grimper jusqu’à +28°C, soit du qua­si jamais vu. L’Antarctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde, ont con­fir­mé des sci­en­tifiques l’été dernier.

Au Japon, un typhon d’une puissance phénoménale

Il a touché terre au Japon jeu­di 29 août. Shan­shan, d’ores et déjà con­nu comme le typhon le plus puis­sant de l’année et l’un des plus dévas­ta­teurs des dernières décen­nies, a com­mencé sa course sur l’île prin­ci­pale du sud de l’archipel, Kyushu. Il a bal­ayé l’île avec des vents dépas­sant les 250 km/h, des pluies tor­ren­tielles et des vagues géantes sur le lit­toral. Cinq mil­lions de per­son­nes ont été appelées à évac­uer et six morts sont déjà à déplor­er alors que le typhon devrait finir sa course en fin de semaine, après avoir par­cou­ru le pays d’ouest en est. Les sci­en­tifiques ne sont pas encore en mesure de prou­ver si le dérè­gle­ment cli­ma­tique rend les typhons, cyclones et oura­gans plus nom­breux, mais l’on sait qu’il aug­mente leur inten­sité et leur vio­lence.

Un homme devant une voiture ren­ver­sée par les rafales de vent causées par le typhon Shan­shan, le 29 août 2024 dans la ville de Saito, pré­fec­ture de Miyaza­ki. © Yuki Kana­hori / The Yomi­uri Shim­bun via AFP

La mer Méditerranée en pleine ébullition

Le 15 août dernier, la mer Méditer­ranée a atteint une tem­péra­ture médi­ane de 28,90°C, bat­tant de loin le précé­dent record (28,71°C) établi seule­ment un an plus tôt, en juil­let 2023. La grande bleue a con­nu des chaleurs par­ti­c­ulière­ment anor­males au cours de l’été, avec des pics dépas­sant aisé­ment 30°C dans plusieurs sta­tions de mesure. Une sit­u­a­tion aux con­séquences mul­ti­ples sur la bio­di­ver­sité et le cli­mat de la région, comme nous vous le racon­tions la semaine dernière.