Y a du bouleau. Le spectacle, présenté récemment à Paris devant un parterre de responsables d’entreprise, a vocation à être joué devant des salarié·es, sur leur lieu de travail. De quoi faire causer à la machine à café.
Tout commence par un dialogue un brin surréaliste entre un arbre et un oiseau. Cuicui, pivert en colère, est inquiet pour l’arbre qui l’héberge, Forest, que les humains veulent ratiboiser. À la clé, «une expulsion pour Cuicui, et la guillotine pour Forest» ! Mais c’est sans compter sur la persévérance de ce volatile militant. Il décide d’attaquer en justice l’entreprise Tato, spécialisée dans la fabrique de gâteaux avec du cacao peu responsable, qui projette de couper l’arbre pour construire un parking.
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Avec cette comédie légère, la pièce de théâtre Toc toc toc veut semer ses graines dans le monde de l’entreprise. Conçu pour être joué devant des salarié·es sur leur lieu de travail, le spectacle est vu comme un support pour éclairer les collaboratrices et collaborateurs, et créer de la discussion.
Grand bingo des concepts écolos
La compagnie Cléone spectacle, qui a déjà traité dans ses précédentes créations d’inclusivité et de coopération, s’est fait une spécialité de cette forme de médiation culturelle à destination des entreprises. Cette fois, l’écologie est au cœur de la pièce. «Notre mission est de fédérer les collaborateurs sur les sujets RSE [Responsabilité sociale des entreprises, NDLR], leur donner une matière pour comprendre et avoir envie d’agir, résume Caroline Monnier, autrice et metteuse en scène de la pièce. Le spectacle permet d’être en empathie avec les personnages, de ressentir des émotions. Les images ont la capacité d’exprimer visuellement des concepts qui peuvent être très théoriques.»
En soixante minutes chrono, dans Toc toc toc, tout y passe – ou presque. Limites planétaires, effet de serre, Accord de Paris, neutralité carbone, résilience, économie régénérative, décarbonation, rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) : les concepts de l’écologie sont listés au fil du récit de cette comédie très accessible, où se mêlent rire et réflexion, en pointant les paradoxes qu’il y a en chacun de nous.
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La première a été présentée mardi 21 février au théâtre Le Splendid, à Paris, devant un parterre de chef·fes d’entreprise et autres responsables RSE. Si en tant qu’œuvre théâtrale, la pièce pourrait être plus aboutie, l’ensemble est bien construit, et touche sa cible.
Présente lors de l’avant-première, Laure Douarre, cheffe de projet innovation pour le groupe de transport Transdev, est convaincue : «C’est une approche nouvelle, à la fois pertinente et instructive. La thématique du respect de l’environnement est abordée de manière ludique, avec beaucoup d’humour, mais aussi du fond. Ça interpelle et ça permet aux salariés d’être sensibles, avec un côté très créatif qui ne rend pas le sujet ennuyeux.»
Laure Douarre espère sensibiliser la direction RSE de Transdev pour que la compagnie vienne présenter le sujet dans ses différents réseaux de transport, sous formes de saynètes ou d’ateliers inspirés de la pièce : «C’est vraiment un sujet sur lequel on appuie. Il y a du sens à sensibiliser nos équipes sur les ressources de la terre et comment en prendre soin. Ça peut être très pertinent pour nos conducteurs, le métier maître chez nous.»
Une petite graine de plus pour prendre conscience de l’urgence de soigner une «planète en burn out», comme le résume la pièce.
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