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Sécheresses à répétition, prix de l’énergie : comment réduire durablement sa consommation d’eau ?

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Eau sec­ours. Alors que la sécher­esse assoiffe tou­jours la qua­si-total­ité des départe­ments français et à l’entame d’un hiv­er au cours duquel les fac­tures vont s’alourdir, il est plus néces­saire que jamais d’apprendre à réduire notre con­som­ma­tion d’eau. Mais par où com­mencer ?

En 2020, les Français·es ont con­som­mé 148 litres d’eau en moyenne par per­son­ne et par jour, d’après l’Observatoire nation­al des ser­vices d’eau et d’assainissement. Les usages sont répar­tis ain­si : 39 % pour se laver, 22 % pour le linge et de la vais­selle, 20 % pour les toi­lettes, 6 % pour la cui­sine, 6 % pour laver sa voiture ou arroser son jardin et seule­ment un petit pour­cent pour étanch­er sa soif (Cen­tre de l’information sur l’eau).

S’équiper pour faire des économies chez soi

Pour faire des économies, on peut véri­fi­er que nos robi­nets et nos WC ne fuient pas en rel­e­vant les chiffres sur le comp­teur avant de se couch­er et au réveil, recom­mande ce guide pra­tique de l’Agence nationale de la tran­si­tion écologique, qui pré­conise aus­si de priv­ilégi­er la douche rapi­de (35 à 60 litres) au bain (150 litres), et d’installer des « mousseurs » pour réguler les jets d’eau et en réduire le débit. Cet hiv­er, Enedis et les four­nisseurs d’élec­tric­ité seront autorisés à sus­pendre l’al­i­men­ta­tion élec­trique des bal­lons d’eau chaude de 12h à 14h pour éviter les pics de con­som­ma­tion.

Autres moyens « low tech » d’alléger sa fac­ture : installer un récupéra­teur d’eau de pluie dans le jardin pour ali­menter les WC ou la vais­selle, et opter pour des toi­lettes sèch­es — ce qui per­met aus­si de trans­former nos excré­ments en com­post. Pour rap­pel, trois à six litres d’eau — potable — dis­parais­sent dans nos cuvettes à chaque fois que l’on tire la chas­se.

Au lac de Serre-Pon­con, dans les Hautes-Alpes, le niveau de l’eau est descen­du d’environ 13 mètres en dessous du niveau habituel en rai­son de la sécher­esse. Ici, un pan­neau prévient les promeneur·ses du risque d’enlisement lié à l’absence d’eau. © Thibaut Durand / Hans Lucas via AFP

Faire le point sur sa consommation

On peut aus­si se ren­seign­er sur l’« empreinte eau » de notre ali­men­ta­tion et de nos achats — les vol­umes néces­saires pour les pro­duire. L’agriculture con­somme env­i­ron 80 % des ressources mon­di­ales (FAO), l’industrie 20 % et seule­ment 10 % sont dévolues à nos usages domes­tiques. Selon les dif­férentes études réal­isées par le Water Foot­print Net­work (celle-ci sur l’él­e­vage, celle-là sur les cul­tures), il faut en moyenne 17 196 litres d’eau pour faire un kilo de choco­lat, 15 897 litres pour un kilo de café, 15 415 litres pour un kilo de bœuf et 2 500 litres pour un t‑shirt en coton, en prenant en compte l’eau néces­saire pour faire pouss­er les céréales dont se repais­sent les ani­maux et les eaux de pluie stock­ées dans les sols. On peut faire le point sur l’empreinte de dif­férents pro­duits selon cette méth­ode de cal­cul en cli­quant ici, ou cal­culer ici son « empreinte eau» de manière plus large, en éval­u­ant sa con­som­ma­tion (en anglais). Il existe cepen­dant dif­férentes méth­odes de cal­cul, en fonc­tion des con­di­tions cli­ma­tiques locales, de la prise en compte ou non de l’eau plu­viale… En France, l’Inrae évoque plutôt le chiffre de 550 à 700 litres pour le bœuf.

Crédit : Tris­tan Gaudiaut/ Sta­tista ( Cre­ative Com­mons)

Cer­taines cul­tures sont plus gour­man­des que d’autres : on estime par exem­ple que le sorgho con­somme quelque 30 % moins d’eau que le maïs, notam­ment grâce à un sys­tème raci­naire qui s’implante plus pro­fondé­ment sous terre (notre arti­cle). L’impact envi­ron­nemen­tal des pro­duits que nous con­som­mons est cepen­dant très vari­able selon les ressources disponibles locale­ment, le cli­mat et les tech­niques agri­coles.

Dans ce con­texte, les « méga-bassines », ces retenues d’eau agri­coles des­tinées à main­tenir les capac­ités d’irrigation des cul­tures en été — notam­ment des champs de maïs à des­ti­na­tion du bétail — cristallisent les ten­sions, en par­ti­c­uli­er dans les Deux-Sèvres.

Voter pour protéger nos sols, nos infrastructures et l’accès à l’eau pour toutes et tous

Au-delà des efforts indi­vidu­els, la préser­va­tion de nos ressources en eau néces­site de dévelop­per des tech­niques agri­coles moins gour­man­des et plus respectueuses des sols, de dis­pos­er d’infrastructures en bon état, voire de pri­oris­er cer­tains usages. Autant de déci­sions qui relèvent de nos choix poli­tiques à l’échelle locale, nationale ou européenne. Avec le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, l’augmentation de la pop­u­la­tion mon­di­ale et l’accessibilité de la ressource en eau qui dimin­ue, le débat devient de plus en plus pres­sant : d’après l’Organisation météorologique mon­di­ale, plus de cinq mil­liards de per­son­nes pour­raient man­quer d’eau en 2050.