Pas de Pau. Entre continuité avec le gouvernement précédent et manque d’ambition écologique, l’arrivée de l’allié historique d’Emmanuel Macron à Matignon ne fait pas l’unanimité.
La société civile n’a pas tardé à s’indigner de la nomination de François Bayrou par le président ce vendredi midi : «Sans légitimité démocratique, sans majorité claire et sans plan d’action concret, les enjeux écologiques et de justice sociale risquent d’être à nouveau les grands oubliés de la politique gouvernementale», a réagi Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
Anne Bringault, directrice des programmes du Réseau action climat, a fustigé «un nouveau premier ministre qui n’a jamais été très vocal sur le climat ou la transition écologique, et un gouvernement qui, sans soutien d’une partie de la gauche, risque d’être à nouveau sous la coupe de l’extrême droite». «Emmanuel Macron avait annoncé un changement de méthode mais on prend les mêmes et on recommence», a regretté Fanny Petitbon, responsable France de l’association 350.org.
Une nouvelle censure en vue ?
Même son de cloche dans les différents partis de gauche : «Si c’est pour garder les mêmes, dont monsieur Retailleau à l’Intérieur, si c’est pour ne rien faire sur les retraites, sur l’écologie (…) je ne vois pas quel autre choix nous aurions que de le censurer quand nous en aurons l’occasion», a tancé la cheffe des Écologistes, Marine Tondelier, sur TF1. «C’est un nouveau bras d’honneur à la démocratie. Après avoir perdu toutes les dernières élections, Macron installe son premier et dernier soutien à Matignon», a déploré Manuel Bombard, coordinateur national de la France insoumise, qui a confirmé le dépôt prochain d’une nouvelle motion de censure. Les socialistes se sont engagé·es à ne pas participer au gouvernement Bayrou et ont mis en garde le nouveau chef de l’exécutif : «Nous attendons des garanties indispensables pour éviter une nouvelle censure».
Une expérience «solide» et un dialogue «ouvert»
Sans grande surprise, le mouvement centriste s’est réjoui de l’arrivée de son fondateur à la tête du gouvernement. «François Bayrou a su démontrer sa capacité à unir pour servir l’intérêt général. Nous travaillerons ensemble pour apporter des réponses concrètes aux Français», a salué le Modem. «Il a une expérience solide, il connaît bien le terrain puisqu’il est maire, et a une ligne politique stable», a abondé Geneviève Darrieussecq, ministre démissionnaire de la santé et membre du Modem. Pour Gabriel Attal, ancien premier ministre, François Bayrou «a les qualités pour défendre l’intérêt général et construire l’indispensable stabilité que les Français attendent».
Les Républicains ont indiqué qu’elles et ils conditionneront leur intégration à un gouvernement Bayrou au projet que ce dernier leur soumettra. «C’est en fonction de ce projet que nous déciderons ensemble d’une éventuelle participation», a confirmé Laurent Wauquiez, député LR de la Haute-Loire. Louis Aliot, maire Rassemblement national de Perpignan (Pyrénées-Orientales), a salué «un maire du sud-ouest bien enraciné dans un territoire et avec qui le dialogue est ouvert» et précisé que son parti ne voterait pas de censure «a priori».
Les paris sont lancés pour savoir si le gouvernement Bayrou tiendra plus longtemps que celui de son prédécesseur.
