Barnier de crabes. Le pays est entré dans une nouvelle ère de turbulences politiques mercredi, avec le renversement du gouvernement de Michel Barnier et la censure de son projet de budget pour 2025. Malheureusement, la suite n’augure rien de bon pour la transition écologique.
Les troupes de Michel Barnier n’ont pas survécu à la motion de censure votée par 331 député·es de gauche et d’extrême droite mercredi soir. Alors que le premier ministre doit présenter sa démission ce jeudi après seulement trois mois de règne, son projet de budget pour 2025, à l’origine du vote, est automatiquement remisé.
En attendant qu’un prochain gouvernement dépose un nouveau projet de loi de finances, sans doute en début d’année prochaine, le scénario le plus probable prévu par la loi organique relative aux lois de finances, est l’adoption d’une «loi spéciale» qui autorise l’exécutif actuel à «continuer de percevoir les impôts existants». Côté dépenses, le gouvernement pourra rouvrir par décret les crédits déjà votés lors de la dernière loi de finances.
À première vue, ce retour au budget de 2024 destiné à éviter un «shutdown» à la française, pourrait apparaître comme une bonne nouvelle pour le climat. Le gouvernement y accordait des moyens inédits pour la transition écologique, tandis que celui pour 2025 prévoyait, au contraire, un plongeon de plusieurs milliards dans les dépenses vertes.
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Malheureusement, ce n’est pas si simple. Les dépenses reconduites concernent les «seuls crédits nécessaires à la conduite de la vie de la nation», précise la loi. Ce «minimum de crédits que le gouvernement juge indispensable pour poursuivre l’exécution des services publics» devrait concerner essentiellement les dépenses de fonctionnement. En clair, «les crédits concernant les [aides à l’achat de] véhicules électriques, la rénovation ou autres ne sont pas essentiels et seront gelés», a confirmé un cadre ministériel à nos collègues de Contexte.
Interrogé par Vert sur le devenir des mesures budgétaires touchant à la transition écologique, le cabinet de la ministre, Agnès Pannier-Runacher, n’a pas souhaité commenter. Il précise en revanche que les consultations du public sont toujours en cours et «se poursuivent jusqu’à leur terme» sur différentes feuilles de route climatiques de la France : plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et stratégie nationale bas carbone (SNBC). Leur publication officielle est toutefois suspendue à la désignation d’un nouveau gouvernement.
De nombreuses organisations écologistes ont réagi à la suite de la censure de l’exécutif. Le Réseau action climat (RAC) a déploré «encore un coup d’arrêt à la transition écologique et aux progrès sociaux qui l’accompagnent». Le réseau d’ONG a invité le prochain gouvernement à «rattraper le retard pris sur la transition écologique […] car le changement climatique et ses impacts dramatiques n’attendent pas». Pour Greenpeace, «replacer la justice sociale, fiscale et climatique au cœur du jeu politique est la seule solution» face à la crise actuelle. De son côté, l’association Attac a appelé à la formation d’un gouvernement autour du programme du Nouveau Front populaire (NFP) : «La décision la plus légitime est d’en revenir aux résultats des élections législatives.»
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