La communauté internationale arrivera-t-elle un jour à s’accorder pour lutter contre la pollution plastique ? En fin d’année dernière, les négociations organisées à Busan (Corée du Sud) pour aboutir à un traité international sur le sujet sont tombées à l’eau. En cause notamment, le refus des pays pétroliers (Chine, Arabie Saoudite, Russie, Iran…) d’agir pour limiter la production de plastique dont ils sont à l’origine, et qui pourrait tripler d’ici à 2060 (notre article).

Alors que les discussions doivent reprendre à Genève (Suisse) du 5 au 14 août prochain, une nouvelle coalition d’États a profité de la grand-messe sur l’océan organisée cette semaine à Nice pour resserrer les rangs. «Cette déclaration envoie un message clair et fort : nous n’abandonnerons pas», a martelé la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher, au nom de la France, à l’origine de cette mobilisation.
Cinq points pour un «traité ambitieux»
Australie, Colombie, pays de l’Union européenne, Ghana, petits États insulaires… 95 pays de différentes régions du monde ont rejoint cet «appel de Nice pour un traité ambitieux sur le plastique». En rappelant que «le cycle de vie complet des plastiques comprend les étapes de production et de consommation», les pays signataires souhaitent la mise en place d’un «objectif mondial» de réduction, avec des «obligations» pour tous les pays.
«Un certain nombre de pays essayent de nous faire croire que c’est en agissant sur la collecte, le tri et le recyclage que nous allons mettre un terme à la pollution plastique : ceci est un mensonge», a dénoncé Agnès Pannier-Runacher, lors d’un échange avec la presse.
Les 95 États appellent également à instaurer des «obligations contraignantes pour éliminer les produits plastiques les plus problématiques et les substances chimiques préoccupantes». Une liste des produits les plus dangereux à interdire selon leurs effets sur la santé (cancérogène, perturbateur endocrinien…) pourrait être établie.
Un moment décisif dans deux mois
Les autres points concernent la «conception des produits plastiques» ou encore les moyens financiers de mettre en œuvre un tel traité. Dernier élément : le contenu du traité sur le plastique pourra évoluer dans le temps, selon les progrès des connaissances scientifiques.
«On est sur un package de plusieurs points cruciaux sur lesquels les associations sont d’accord, salue Muriel Papin, directrice générale de l’association No plastic in my sea. Mais attention, si on enlève un de ces points, tout s’effondre.»
Autre nouvelle encourageante : quelques États producteurs de pétrole ont rejoint cette nouvelle coalition. À l’image du Mexique, dont la ministre de l’environnement, Alicia Barcena, a appelé à «appliquer la responsabilité élargie des producteurs», un principe selon lequel les entreprises seraient responsables de l’entièreté du cycle de vie de leurs produits.
Il s’agira désormais de convaincre le reste de la communauté internationale lors du prochain cycle de négociations à Genève en août prochain. La version finale doit être adoptée à l’unanimité des pays participants : «Dans cette situation, une minorité peut avoir un pouvoir bloquant», décrypte Camille Wolff, chargé de campagne pour la réduction des plastiques à No plastic in my sea. Les négociations s’annoncent déjà tendues.