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«Nous en avons assez» : face aux accusations de la droite, la présidente de l’OFB réclame le soutien du gouvernement

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OFB à bas. Du discours de politique générale de François Bayrou aux critiques venant de la droite, cette semaine, l’Office français de la biodiversité affronte camouflets et demandes de suppression. Sa présidente, Sylvie Gustave-dit-Duflo, défend l’établissement et les agent·es.

«Très en colère», la présidente du conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité (OFB), Sylvie Gustave-dit-Duflo, répond aux attaques venues de la droite contre son établissement public. Ces deux derniers jours, plusieurs personnalités politiques s’en sont pris à l’institution.

Sylvie Gustave-dit-Duflo est à la tête de l’Office français de la biodiversité depuis octobre 2021. © OFB

Jeudi, l’eurodéputé Les Républicains (LR) François-Xavier Bellamy affirmait qu’«il est grand temps de dissoudre l’OFB», tandis que le chef de fil des député·es LR, Laurent Wauquiez, proposait de le supprimer.

Leurs diatribes font suite aux propos d’un agent syndicaliste de l’OFB, à l’antenne de France Inter mercredi : «On a le sentiment que ce que veulent les agriculteurs, c’est de ne plus nous voir dans leurs exploitations. C’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans leurs cités.» Pour la présidente de l’établissement, qui condamne cette affirmation, «la déclaration isolée d’un syndicaliste ne doit pas remettre en cause ses collègues».

Des agressions à répétition contre l’OFB

Le discours de cet agent fait écho aux multiples actions musclées des syndicats agricoles (Coordination rurale et FNSEA, en particulier) à l’encontre de l’établissement public, au cours d’une année 2024 marquée par leurs mobilisations. Une cinquantaine de dégradations et effractions ont été recensées par Libération.

Sylvie Gustave-dit-Duflo liste les exactions à l’encontre de l’OFB : «En 2023, nos agents ont subi l’incendie du siège de Brest (Finistère). Depuis 2024 et la crise agricole, c’est plus de 55 agressions vis-à-vis de l’établissement et des agents. Un agent a même vu sa vie mise en danger, parce qu’on lui a déboulonné les pneus de sa voiture.»

Le Mans (Sarthe), le 26 novembre. À l’appel de la FDSEA 72 et des Jeunes agriculteurs, des manifestant·es ont déversé leur colère sur les grilles de l’OFB. © AFP

Le discours de politique général de François Bayrou a jeté de l’huile sur le feu, mardi. Le premier ministre a remis en question les normes environnementales et le port d’arme des agents de l’institution lors des inspections (notre article).

«Lorsque le premier ministre prend directement à partie l’OFB, sans avoir pris la peine de s’intéresser à nos missions, à ses enjeux, c’est inconcevable, c’est une faute», déplore Sylvie Gustave-dit-Duflo.

Aujourd’hui, elle défend ses agents, et rappelle que lorsqu’«ils vont au contact des agriculteurs, c’est pour exercer des missions de contrôle et assurer la qualité des sols, de l’air, de l’eau… Et on sait bien aujourd’hui que préserver la planète, c’est préserver notre santé, nos modes de vie. L’établissement et les agents sont pris à partie parce qu’ils exercent ces missions.»

7,5 % des contrôles dans le monde agricole

La polémique autour de cette institution se concentre sur les inspections des agent·es dans les exploitations agricoles. Une situation pourtant rare. Seuls 7,5 % des contrôles annuels exercés par l’OFB ont un rapport avec le monde agricole.

Leurs autres missions sont de déjouer le trafic illégal de la faune et de la flore, et de gérer et restaurer les zones naturelles protégées. La présidente de l’établissement souligne : «La probabilité pour qu’une exploitation agricole soit contrôlée par les 1 700 inspecteurs de l’environnement, c’est (une fois tous les) 120 ans».

Même pour ces rares inspections, Sylvie Gustave-dit-Duflo refuse de renoncer au port d’arme des inspecteurs. Lorsqu’ils exercent des contrôles, «ils le font dans le cadre, soit d’une procédure administrative diligentée par le préfet, soit d’une procédure judiciaire», justifie-t-elle.

Pour améliorer les relations entre agriculteur·ices et agent·es de l’OFB, elle cite la caméra piéton lors des inspections. «Nous avons commencé à travailler avec nos deux ministères de tutelle [de l’agriculture et de l’environnement, NDLR] pour un port d’arme discret, mais on ne peut pas désarmer la police de l’environnement, martèle-t-elle. Tous les troisièmes jeudis de septembre, je m’incline devant la stèle des agents qui sont tombés dans l’exercice de leur fonction».

La présidente de l’OFB regrette «les réactions timides» de ses ministères de tutelle. Elle réclame un appui plus fort de la part du gouvernement : «Je demande à ce gouvernement de nous soutenir, de nous appuyer et de reconnaître les missions que nous exerçons.»

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