L’été 2025 s’impose comme le troisième plus chaud qu’ait connu la France depuis le début des relevés en 1900, a annoncé Météo-France mardi dans son dernier bilan. Avec un mois de juin «extrêmement chaud» – +3,3 degrés (°C) par rapport à la normale –, suivi de mois de juillet et août plus brûlants que d’habitude, la température moyenne de la saison a atteint 22,2°C. Un niveau qui place l’été 2025 juste derrière les 22,7°C moyens de 2022 et le record de 2003, 23,1°C.
Comment cet été s’est-il hissé sur le podium des plus chauds ? Deux vagues de chaleur ont frappé le pays. La première, fin juin, s’est distinguée par sa précocité et sa durée. La seconde, en août, a été jugée «très intense». Au total, la France a connu 27 jours de vague de chaleur : un niveau inédit si l’on exclut l’été 2022 qui en avait cumulé 33.
Sur l’ensemble de l’été, le seuil des 35°C a été franchi sur plus de 80% du territoire, un scénario comparable à des étés très chauds : 2003, 2019, 2020 ou 2022. Plus frappant encore, les 40°C ont été atteints sur plus de 20% du pays, un niveau équivalent à la grande année de sécheresse de 2022. «Alors qu’il était extrêmement rare au 20ème siècle en France, le seuil des 40°C est désormais franchi chaque année», note Météo-France.
Lors de la vague de chaleur d’août, des records de température sont tombés dans plusieurs villes du quart sud-ouest de l’Hexagone, notamment à Bergerac, en Dordogne (42°C), à Bordeaux, en Gironde (41,6 °C), ou encore à Angoulême, en Charente (42,3°C). Les nuits aussi ont été éprouvantes et des niveaux inédits de températures minimales ont été mesurés : à Nice (Alpes-Maritimes) le 12 août (28,7°C), à Narbonne (Aude) le 16 août (27,8°C) ou à Toulon (Var) le 17 juillet (27,2°C).
Peu de pluie et des sols très secs
Les vagues de chaleur successives qui ont touché le pays ont particulièrement accentué la sécheresse des sols. «Les pluies du printemps dernier ont permis le développement d’une végétation dense qui s’est très vite desséchée, suite à un mois de juin historiquement très chaud et sec», détaille Météo-France dans son rapport. D’autant que la météo n’a pas été très généreuse en pluie, surtout dans la moitié ouest du pays, avec cinq à dix jours d’averses en moins par rapport à la normale. À Luc (Var), par exemple, il n’est tombé que huit millimètres d’eau sur l’ensemble de la saison.
Les précipitations ont été excédentaires par endroits, dans les régions allant du Centre-Val de Loire au nord-est ainsi que sur le Roussillon et la montagne corse. Mais cela n’a pas suffi pour combler le déficit pluviométrique de l’été : il a plu en moyenne 15% de moins sur l’ensemble du territoire, par rapport à la normale saisonnière de référence 1991-2020.
Combinés à la sécheresse, les différents coups de vent fort, «mistral et tramontane principalement», ont augmenté le risque d’incendie. L’été a été marqué par des feux près de Narbonne (2 100 hectares brûlés) et à Marseille (750 hectares) début juillet. Puis, par le gigantesque incendie dans l’Aude début août, qui a ravagé 17 000 hectares dans le massif des Corbières, devenant l’incendie le plus dévastateur depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen.
Au total, 2025 a enregistré 36 000 hectares de surfaces brûlées. La moyenne annuelle est d’environ 13 000 hectares, selon des données de l’Office national des forêts (ONF), avec un record fixé à 64 000 hectares en 2022.
«Nous savons tous que l’été que nous venons de vivre constitue à bien des égards un basculement», a déclaré la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher, lors de la présentation du bilan. Et de prévenir : «C’est un avant-goût de l’après. Un avant-goût, malheureusement, car les vagues de chaleur seront plus fréquentes et plus intenses dans les années à venir.»
Des étés de plus en plus extrêmes
Alors qu’en juin des scientifiques concluaient que le réchauffement d’au moins +1,5°C était désormais inéluctable, Météo-France alerte : selon la Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (Tracc), le nombre de jours en conditions de canicule serait multiplié par trois dans une France à +2°C (par rapport à 1976-2005) ; par cinq à +2,7°C (horizon 2050) ; et par dix à +4°C (horizon 2100).
L’institut souligne également que les dix étés les plus chauds depuis le début des relevés sont tous après 2000. «C’est la quatrième année consécutive que nous connaissons un été très chaud», a rappelé la présidente-directrice générale de Météo-France, Virginie Schwarz.
À l’occasion de la présentation du bilan, Agnès Pannier-Runacher a appelé à «sortir de la cécité collective» et à prendre la mesure de «l’urgence climatique et écologique». Les vagues de chaleur, leur fréquence et leur intensité sont l’une des conséquences du réchauffement climatique, causé essentiellement par l’utilisation massive des énergies fossiles.
🌡️ Des étés records partout dans le monde
Alors que l’été 2025 a été le troisième plus chaud enregistré en France, le Japon, la Corée du Sud, le Royaume-Uni et la Chine ont subi la saison estivale la plus chaude de leur histoire. D’autres pays n’ont pas encore fait leur bilan, cette liste pourrait donc encore s’allonger.
· Au Japon, la température moyenne a été de 2,36 degrés au-dessus des normales de saison, avec un pic le 8 août 2025. Ce jour-là, un record de température a été battu dans la ville d’Isesaki, dans l’est du pays, avec 41,8°C enregistrés.
· En Corée du Sud, la température moyenne était de 25,7°C au cours des trois derniers mois, un record. Le précédent avait été établi l’année dernière, avec 25,6°C mesurés sur la période estivale.
· Au Royaume-Uni, la température moyenne relevée cet été a été de 16,1°C, soit 1,51°C au-dessus de la normale. Cela équivaut à 0,34°C de plus que le précédent record enregistré en 2018.
· La Chine a également connu des chaleurs intenses de juin à août. La température moyenne nationale a été de 22,31°C sur la période. En juin, la ville de Pékin a frôlé les 40°C. À l’été 2024, la Chine avait déjà enregistré un record de température avec une moyenne nationale de 22,30°C.
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