L’Europe est une bonne élève dans la lutte contre le changement climatique, mais elle doit faire plus pour préserver l’environnement et augmenter sa résilience face aux effets du réchauffement. Ce constat, c’est l’Agence européenne de l’environnement (AEE) qui le fait dans son dernier rapport présenté ce lundi.
Tous les cinq ans, cette agence évalue les efforts des pays européens pour limiter le réchauffement climatique et, plus généralement, pour protéger l’environnement des diverses atteintes qui lui sont portées. Résultat : «Des progrès significatifs ont été réalisés dans la réduction de la pollution atmosphérique et des émissions de gaz à effet de serre», souligne le rapport. En termes de pollution de l’air, le nombre de morts liées à l’exposition aux particules fines a fortement chuté (de 45% entre 2005 et 2022). Et les émissions de gaz à effet de serre ont chuté de 37% depuis 1990, grâce à la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles et au doublement de la part des énergies renouvelables depuis 2005, rappelle l’AEE.
Mais les États européens n’arrivent pas à s’entendre sur une proposition ambitieuse de la Commission européenne : baisser de 90% les émissions en 2040 par rapport à 1990 ; et ils n’ont approuvé, mi-septembre, qu’un compromis a minima sur la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035. Alors, l’AEE alerte : «L’état général de l’environnement en Europe n’est pas bon.» Celui-ci «continue de subir dégradation, surexploitation et perte de biodiversité», poursuit l’agence européenne, qui a compilé les données de 38 pays à travers le continent.
60 à 70% des sols sont dégradés
81% des habitats protégés en Europe sont dans un état médiocre ou mauvais, et 60 à 70% des sols sont dégradés. L’eau est au centre des préoccupations. Surexploitée, la ressource est de plus en plus rare et sa qualité n’est plus garantie : selon le rapport, 62% des masses d’eau ne sont pas dans un bon état écologique.
Sur ce point-là, l’AEE préconise des efforts dans l’agriculture et le recyclage, l’innovation technologique et la sensibilisation du public. Car si le changement climatique exacerbe la rareté des ressources hydriques, il est possible de faire jusqu’à 40% d’économies d’eau grâce à une meilleure gouvernance, selon l’agence.
La pollution, elle, continue de tuer, malgré les efforts. «Les politiques européennes pour améliorer la qualité de l’air ont sauvé des vies, précise l’AEE. Mais 10% des morts prématurées en Europe sont dues à l’exposition à la pollution de l’air, de l’eau et des sols, au bruit et aux produits chimiques nocifs.»
Le rapport rappelle aussi que certains effets du réchauffement climatique sont indirects, notamment les dommages sur les infrastructures et les écosystèmes ou les hausses de prix. Les bâtiments, en Europe, n’ont pas été conçus pour faire face à la chaleur, note l’AEE. Et alors que le réchauffement climatique est deux fois plus rapide en Europe qu’ailleurs, la fréquence des vagues de chaleur extrême est de plus en plus élevée. 19% des Européen·nes ne sont pas en mesure de maintenir la température à un niveau confortable dans leur logement et seulement 21 des 38 pays étudiés disposent de plans d’action pour la santé en cas de canicule.
Les événements climatiques extrêmes coûtent cher
Plus généralement, les événements extrêmes liés au climat et à la météo (canicules, inondations, glissements de terrain, feux de forêt) se multiplient. Ils ont causé plus de 240 000 morts entre 1980 et 2023 dans l’UE et le coût de ces événements ne cesse d’augmenter. Les pertes économiques annuelles moyennes étaient 2,5 fois plus élevées entre 2020 et 2023 que sur la période 2010-2019. En 2023, le coût des inondations en Slovénie s’est élevé à 16% du PIB du pays.
Dans ce contexte, l’agence appelle la communauté européenne à faire évoluer ses sociétés et son économie. «La survie de l’humanité dépend d’une nature de haute qualité, notamment en termes d’adaptation au changement climatique», a affirmé à la presse une responsable de l’AEE, chargée des transitions durables et équitables, Catherine Ganzleben.
La commissaire à l’environnement, à la résilience en matière d’eau et à l’économie circulaire compétitive, Jessika Roswall, abonde : «Bien que des progrès aient été accomplis, l’état de notre environnement est un appel clair à l’action pour continuer à réduire la pollution, à restaurer la nature et à protéger la biodiversité. Nous devons repenser le lien entre l’environnement et l’économie, et considérer la protection de la nature comme un investissement, et non comme un coût.»
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