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Les incendies les plus meurtriers de l’histoire de la Corée du Sud ont fait au moins 28 morts

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Depuis le week-end dernier, des feux d’une ampleur inédite ravagent le sud-est de la Corée du Sud. Ce sont les plus destructeurs et les plus meurtriers enregistrés dans le pays, ont annoncé les autorités jeudi.

C’est un brasier historique qui ravage la Corée du Sud. Plus d’une dizaine d’incendies s’y sont déclarés en fin de semaine dernière, coupant les routes et les lignes de communication, et contraignant quelque 37 000 personnes à évacuer d’urgence.

Au moins 28 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées, selon un dernier bilan des autorités, qui pourrait s’alourdir.

L’un des incendies de forêt a réduit en cendres le temple Gounsa à Uiseong (Corée du Sud), mercredi 26 mars 2025. © Yasuyoshi Chiba/AFP

Les feux de forêt ont ravagé «35 810 hectares, soit plus que les incendies de 2000, qui étaient à l’époque les plus destructeurs enregistrés», a indiqué Lee Han-kyung, chef de la division des catastrophes et de la sécurité.

Les méthodes conventionnelles de lutte contre les incendies en Corée du Sud ont montré leurs limites face à des changements brusques de direction et de vitesse des vents, combinés à une période de sécheresse. Jeudi, en fin de journée, les soldats du feu pourraient être aidés par l’arrivée de précipitations.

«Nous pulvérisons trois tonnes d’eau chaque jour»

En plus des milliers de pompiers déployés, des centaines de soldats ont été mobilisés, et l’armée américaine fournit un soutien par hélicoptère depuis ses bases militaires du sud du pays.

La plupart des personnes ayant péri dans les incendies sont des riverain·es, dont de nombreuses personnes âgées. Au moins trois pompiers sont également décédés et le pilote d’un hélicoptère engagé contre le feu a perdu la vie dans le crash de son appareil en montagne.

Deux sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco et populaires auprès des touristes, les villages de Hahoe et Byeongsan Seowon, sont toujours menacés par les flammes, ce jeudi.

À Byeongsan Seowon (une ancienne académie confucéenne), des camions de pompiers ont projeté de l’eau et des produits ignifuges (qui résistent au feu) sur le site historique, dans un effort désespéré pour le sauver. «Nous pulvérisons trois tonnes d’eau chaque jour pour prévenir les incendies sur l’ensemble du site, y compris les bâtiments», a indiqué Lee Seung-myung, chef de l’équipe de sécurité incendie des pompiers d’Andong. Mais Choi Young-ho, un pompier, prévient : «S’il y a un vent fort, il transportera les flammes de loin, ce qui est très inquiétant.»

Des terres asséchées à cause du réchauffement climatique

Cette catastrophe, d’une ampleur jamais vue dans le pays, «révèle une fois de plus la dure réalité d’une crise climatique sans précédent», a souligné le chef local de la division des catastrophes et de la sécurité. Il a relevé que les zones touchées n’avaient reçu cette saison que la moitié des précipitations moyennes habituelles. Yeh Sang-Wook, professeur de climatologie à l’université Hanyang de Séoul, explique que ce manque de précipitations avait asséché la terre, «créant des conditions favorables aux incendies de forêt».

«Cela peut être considéré comme l’une des causes fondamentales, a-t-il estimé. Nous ne pouvons pas dire que c’est uniquement dû au changement climatique, mais le changement climatique affecte directement [et] indirectement les changements que nous connaissons actuellement. C’est un fait incontestable.» 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée en Corée du Sud, avec une température annuelle moyenne de 14,5°C – deux degrés de plus que la moyenne des 30 années précédentes –, selon l’Administration météorologique coréenne.

Une gestion forestière centrée sur les grands pins

Certains types de conditions météorologiques extrêmes ont un lien bien établi avec le changement climatique, comme les vagues de chaleur ou les fortes précipitations. D’autres phénomènes, tels que les incendies de forêt, les sécheresses, les tempêtes de neige et les tempêtes tropicales, peuvent résulter d’une combinaison de facteurs complexes.

Un autre expert, le professeur Hong Suk-hwan du département d’architecture paysagère de l’université nationale de Busan, a pour sa part pointé du doigt les pratiques de gestion forestière et la priorité donnée par Séoul à la préservation des grands pins – chargés de résine huileuse particulièrement inflammable.

Selon lui, si la Corée du Sud avait cultivé davantage d’arbres à feuilles caduques dans une forêt mixte naturelle, cela «aurait ralenti la propagation des feux de forêt».

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