Chaleur est grave. À l’échelle mondiale, les huit dernières années risquent d’être les plus chaudes jamais mesurées, alerte l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ce dimanche, alors que s’ouvre la 27ème conférence des Nations unies (COP27) sur le climat.
Une « chronique du chaos climatique ». C’est par ces mots que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a décrit le rapport (en anglais) sur l’état du climat mondial publié par l’OMM à l’occasion de l’ouverture de la COP27 en Égypte.
Chaque année, ce document est actualisé avec les dernières données sur les indicateurs climatiques clés (températures, niveau de la mer, état des glaciers) et l’impact des phénomènes extrêmes. La version provisoire du cru 2022, présentée ce dimanche, fait notamment état d’une accélération sans précédent du rythme d’élévation du niveau de l’océan, qui a doublé depuis 1993. Depuis janvier 2020, la mer a monté d’un centimètre.

2022 a vu se succéder de nombreux évènements climatiques extrêmes sur l’ensemble du globe, entre les inondations historiques au Pakistan, une sécheresse persistante qui aggrave l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Est, et des vagues de chaleur intenses et répétées en Inde, en Chine et en Europe.
Dans les Alpes, les glaciers ont perdu entre trois et quatre mètres d’épaisseur en moyenne, soit « nettement plus que lors de l’année record précédente, en 2003 ». Les glaciers suisses n’ont, pour la première fois de l’histoire, pas connu d’accumulation de glace fraîche puisqu’aucune neige n’a survécu à l’été. En vingt ans, le volume de ces glaciers a diminué de plus d’un tiers – passant de 77 à 49 kilomètres cube. L’étendue de la banquise de l’Antarctique a chuté à 1,92 million de kilomètres carrés le 25 février – le niveau le plus bas jamais enregistré, à près d’un million de km2 de moins que la moyenne, précise l’OMM.
« Plus le réchauffement est important, plus les impacts sont graves. Les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone sont si élevées que le seuil de 1,5 °C fixé dans l’Accord de Paris est à peine à notre portée », s’est alarmé le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. En moyenne, les dix dernières années ont été plus chaudes de 1,14°C que la température moyenne de l’ère préindustrielle (milieu du 19ème siècle). D’après le rapport, la concentration des trois principaux gaz à effet de serre (le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d’azote) ont atteint de nouveaux records. L’augmentation annuelle de la concentration de méthane, un gaz au pouvoir réchauffant 86 fois supérieur au CO2 au cours des 20 premières années passées dans l’atmosphère, a été la plus forte jamais enregistrée.

2022 ne devrait se classer « que » au cinquième ou sixième rang des années les plus chaudes, en raison de l’influence refroidissante du phénomène océanique La Niña. « Cette situation n’indique pas que la tendance à long terme s’inverse. Ce n’est qu’une question de temps avant que se présente une nouvelle année record », prédit l’OMM. Globalement, les années 2015-2022 risquent fort bien d’être les plus chaudes jamais enregistrées.
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