Décryptage

Les huit dernières années en passe d’être les plus chaudes jamais vécues par l’humanité

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Chaleur est grave. À l’échelle mon­di­ale, les huit dernières années risquent d’être les plus chaudes jamais mesurées, alerte l’Organisation météorologique mon­di­ale (OMM) ce dimanche, alors que s’ouvre la 27ème con­férence des Nations unies (COP27) sur le cli­mat.

Une « chronique du chaos cli­ma­tique ». C’est par ces mots que le secré­taire général des Nations unies, Anto­nio Guter­res, a décrit le rap­port (en anglais) sur l’état du cli­mat mon­di­al pub­lié par l’OMM à l’occasion de l’ouverture de la COP27 en Égypte.

Chaque année, ce doc­u­ment est actu­al­isé avec les dernières don­nées sur les indi­ca­teurs cli­ma­tiques clés (tem­péra­tures, niveau de la mer, état des glac­i­ers) et l’impact des phénomènes extrêmes. La ver­sion pro­vi­soire du cru 2022, présen­tée ce dimanche, fait notam­ment état d’une accéléra­tion sans précé­dent du rythme d’élévation du niveau de l’océan, qui a dou­blé depuis 1993. Depuis jan­vi­er 2020, la mer a mon­té d’un cen­timètre.

Les écarts à la tem­péra­ture moyenne de la péri­ode 1981–2010 mesurés en 2022, jusqu’à sep­tem­bre. © OMM

2022 a vu se suc­céder de nom­breux évène­ments cli­ma­tiques extrêmes sur l’ensemble du globe, entre les inon­da­tions his­toriques au Pak­istan, une sécher­esse per­sis­tante qui aggrave l’insécurité ali­men­taire en Afrique de l’Est, et des vagues de chaleur intens­es et répétées en Inde, en Chine et en Europe.

Dans les Alpes, les glac­i­ers ont per­du entre trois et qua­tre mètres d’épaisseur en moyenne, soit « net­te­ment plus que lors de l’année record précé­dente, en 2003 ». Les glac­i­ers suiss­es n’ont, pour la pre­mière fois de l’histoire, pas con­nu d’accumulation de glace fraîche puisqu’aucune neige n’a survécu à l’été. En vingt ans, le vol­ume de ces glac­i­ers a dimin­ué de plus d’un tiers — pas­sant de 77 à 49 kilo­mètres cube. L’étendue de la ban­quise de l’Antarctique a chuté à 1,92 mil­lion de kilo­mètres car­rés le 25 févri­er — le niveau le plus bas jamais enreg­istré, à près d’un mil­lion de km2 de moins que la moyenne, pré­cise l’OMM.

« Plus le réchauf­fe­ment est impor­tant, plus les impacts sont graves. Les con­cen­tra­tions atmo­sphériques de dioxyde de car­bone sont si élevées que le seuil de 1,5 °C fixé dans l’Accord de Paris est à peine à notre portée », s’est alar­mé le secré­taire général de l’OMM, Pet­teri Taalas. En moyenne, les dix dernières années ont été plus chaudes de 1,14°C que la tem­péra­ture moyenne de l’ère préin­dus­trielle (milieu du 19ème siè­cle). D’après le rap­port, la con­cen­tra­tion des trois prin­ci­paux gaz à effet de serre (le dioxyde de car­bone, le méthane et le pro­toxyde d’azote) ont atteint de nou­veaux records. L’augmentation annuelle de la con­cen­tra­tion de méthane, un gaz au pou­voir réchauf­fant 86 fois supérieur au CO2 au cours des 20 pre­mières années passées dans l’atmosphère, a été la plus forte jamais enreg­istrée.

Le mois d’octobre 2022 a été par­ti­c­ulière­ment mar­qué par des anom­alies de tem­péra­tures. En dégradé de rouge, les zones où il a fait plus chaud que les nor­males météorologiques. En bleu, celles où il a fait plus froid. © Coper­ni­cus

2022 ne devrait se class­er « que » au cinquième ou six­ième rang des années les plus chaudes, en rai­son de l’influence refroidis­sante du phénomène océanique La Niña. « Cette sit­u­a­tion n’indique pas que la ten­dance à long terme s’inverse. Ce n’est qu’une ques­tion de temps avant que se présente une nou­velle année record », prédit l’OMM. Glob­ale­ment, les années 2015–2022 risquent fort bien d’être les plus chaudes jamais enreg­istrées.