Analyse

Législatives : les enseignements du premier tour pour l’écologie

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Une min­istre de l’écologie à deux doigts de quit­ter son poste, une majorité absolue incer­taine pour la coali­tion prési­den­tielle, des can­di­dates du mou­ve­ment pour le cli­mat en bonne voie… Voici les prin­ci­pales leçons du pre­mier tour des élec­tions lég­isla­tives, qui s’est tenu ce dimanche, en matière d’é­colo­gie.

Vers une majorité relative ?

Out­re l’abstention record, qui a atteint 52,5% des inscrit·es, c’est le prin­ci­pal fait poli­tique de la soirée : Ensem­ble, la coali­tion qui unit la République en marche, le Modem, Hori­zons ou Agir, arrive en sec­onde posi­tion der­rière la Nou­velle union pop­u­laire, écologique et sociale (Nupes) qui rassem­ble les forces de gauche. Selon les pro­jec­tions des insti­tuts de sondages pour le sec­ond tour qui se tien­dra dimanche prochain (à pren­dre avec pré­cau­tion), l’union prési­den­tielle pour­rait obtenir moins de 289 sièges sur les 577 que compte l’Assemblée nationale. Si majorité il y a, celle-ci pour­rait n’être que rel­a­tive. Ensem­ble serait obligé de compter sur cer­taines forces d’appoint, comme la droite des Répub­li­cains. Hélas, le pro­gramme de Valérie Pécresse sur l’écologie avait été jugé aus­si dure­ment que celui du prési­dent par de nom­breuses ONG spé­cial­isées (lire notre syn­thèse).

L’entrée en force de la Nupes — et son projet plus écologique — à l’Assemblée

Les pro­grammes de Yan­nick Jadot (EELV) et Jean-Luc Mélen­chon (FI) avaient rem­porté l’adhésion de ces mêmes organ­i­sa­tions, dont cer­taines esti­ment aujourd’hui que le pro­jet de la Nupes (qui lie insoumis·es, vert·es, com­mu­nistes et social­istes) sup­plante large­ment celui d’Ensemble (Reporterre).

Le secré­taire nation­al d’Eu­rope Écolo­gie les Verts et can­di­dat Nupes Julien Bay­ou, a fail­li être élu dès le pre­mier tour. Selon les pro­jec­tions, son par­ti pour­rait rafler entre 20 et 30 sièges dimanche prochain. © Stéphane de Sakutin / AFP

Au palais Bour­bon, les groupes des qua­tre for­ma­tions poli­tiques de la Nupes seront rassem­blés au sein d’un « inter­groupe ». Il est de cou­tume que la prési­dence de la com­mis­sion des finances de l’Assemblée revi­enne à la pre­mière force d’opposition. Un poste qui échoira vraisem­blable­ment à un·e élu·e de la France insoumise, par­tie pour compter davan­tage de sièges que les autres. C’est cette com­mis­sion per­ma­nente qui étudie le bud­get chaque année. Un texte cru­cial qui déter­mine l’attribution de nom­breux finance­ments qui peu­vent aller à l’encontre ou dans le sens de la tran­si­tion écologique.

Le Rassem­ble­ment nation­al dont la prési­dente, Marine Le Pen, a présen­té l’un des pires pro­jets pour le cli­mat et le vivant (Vert), devrait obtenir un groupe par­lemen­taire pour la pre­mière fois depuis 1986.

Des succès divers pour les ministres chargées de la transition écologique

Emmanuel Macron l’a annon­cé : les min­istres perdant·es aux lég­isla­tives devront ren­dre leur maro­quin. Dans le Cal­va­dos, la pre­mière min­istre chargée de la plan­i­fi­ca­tion écologique, Elis­a­beth Borne, obtient un bal­lotage assez favor­able. Elle récolte 34,32% des voix devant le can­di­dat de la Nupes et mil­i­tant du mou­ve­ment Youth for cli­mate Noé Gauchard (24,53%). Dans la deux­ième cir­con­scrip­tion de la Guade­loupe, la secré­taire d’État à la mer, Jus­tine Bénin, arrive égale­ment en tête.

Dans l’Essonne, la min­istre de la tran­si­tion écologique, Amélie de Montchalin, est en bien mau­vaise pos­ture. Elle n’obtient que 31,46% des voix, large­ment devancée par le social­iste et mem­bre de la Nupes Jérôme Guedj et pour­rait ain­si devoir ren­dre son tabli­er. Quant à Agnès Pan­nier-Runach­er, en charge de la tran­si­tion énergé­tique, elle a tout bon­nement été dis­suadée par le prési­dent de se présen­ter dans la 3ème cir­con­scrip­tion du Pas-de-Calais.

Les candidates issues du mouvement pour le climat bien placées

Out­re Noé Gauchard, plusieurs candidat·es passé·es par les organ­i­sa­tions qui com­posent le mou­ve­ment pour le cli­mat ont obtenu de bons scores. Dans la cir­con­scrip­tion voi­sine, Emma Four­reau est au coude à coude avec le député LREM sor­tant. Dans la Drôme, Marie Pochon arrive large­ment en tête de sa cir­con­scrip­tion (celle de la cen­trale nucléaire du Tri­c­as­tin). En Seine-Mar­itime, Alma Dufour se classe deux­ième à quelques cen­taines de voix du can­di­dat RN. Enfin, dans l’Ain, Lumir Lapray fait jeu égal avec le can­di­dat Ensem­ble.

Par­mi les nom­breuses ques­tions qui sub­sis­tent à six jours du sec­ond tour : la cam­pagne parvien­dra-t-elle enfin à pas­sion­ner les citoyen·nes et les con­va­in­cre de se ren­dre aux urnes ? La vague de chaleur qui va s’abattre sur le pays, con­séquence du boule­verse­ment du cli­mat, aura-t-elle une inci­dence sur le scrutin ?