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Le Royaume-Uni a testé la semaine de quatre jours avec succès

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Pen­dant six mois, 61 entre­pris­es et 2 900 salarié·es bri­tan­niques ont expéri­men­té dif­férents amé­nage­ments du temps de tra­vail sans touch­er aux salaires. Les résul­tats, très posi­tifs, révè­lent un ent­hou­si­asme partagé tant par les employé·es que par les entre­pris­es.

Les temps changent : pen­dant que le gou­verne­ment français est en passe de nous faire tra­vailler plus longtemps, la réduc­tion du temps de tra­vail est en train de faire ses preuves chez nos voisins bri­tan­niques, pour­tant plus libéraux. De juin à décem­bre 2022, une soix­an­taine d’entreprises d’horizons var­iés a accep­té de tester la semaine de qua­tre jours. Sous le chap­er­on­nage de l’ONG 4 Day Week Glob­al, elles ont pu choisir entre dif­férents for­mats tels que l’adoption du ven­dre­di chômé pour tous·tes les salarié·es, le choix d’un jour « off » lais­sé à la dis­cré­tion de chacun·e, la pos­si­bil­ité de priv­ilégi­er des journées plus cour­tes ou encore d’augmenter les vacances de façon à tra­vailler en moyenne 32 heures heb­do­madaires sur l’année.

À l’issue de l’expérimentation, 56 entre­pris­es – soit 92% du pan­el – ont décidé de pro­longer l’expérience. 18 sont même déjà sûres de péren­nis­er le principe d’une réduc­tion du temps de tra­vail. Leur crainte de per­dre en com­péti­tiv­ité ou en chiffre d’affaires à été large­ment bal­ayée. En moyenne, les revenus des entre­pris­es par­tic­i­pantes ont aug­men­té de 1,4 %. Du côté des salarié·es, l’analyse qual­i­ta­tive réal­isée par des chercheur·ses de l’université de Cam­bridge, du Boston Col­lege et du groupe de réflex­ion Auton­o­my témoignent de gains non nég­lige­ables en matière de bien-être. 39% des salarié·es interrogé·es s’estiment moins stressé·es et 71 % affichent un niveau de fatigue pro­fes­sion­nelle en baisse. De manière générale, «les niveaux d’anxiété, de fatigue et les prob­lèmes de som­meil ont décru, tan­dis que la san­té physique et men­tale s’est améliorée», notent les auteur·ices de l’étude. Enfin, 62% des salarié·es ont éprou­vé plus de facil­ité à con­cili­er leur vie pro­fes­sion­nelle et per­son­nelle.

Des résul­tats qui ne sur­pren­nent pas l’eurodéputé Pierre Lar­routur­ou, défenseur infati­ga­ble de la semaine de qua­tre jours (voir nos arti­cles ici et ). «Le sujet a longtemps été tabou en Europe mais l’épidémie de covid-19 a fait bougé notre rap­port au tra­vail avec la volon­té d’un meilleur équili­bre entre tra­vail et temps libre», assure-t-il. «Aujourd’hui, le sujet essaime en Espagne, en Bel­gique et gagne même l’attention des eurodéputé·es». Seul le gou­verne­ment français nav­igue à con­tre-courant : il a lancé en début d’année une expéri­men­ta­tion de la semaine de qua­tre jours – mais sans réduc­tion du temps de tra­vail – pour les agents de l’Urssaf de Picardie. Il n’est pas cer­tain que le pas­sage à des journée de neuf heures apporte autant de bien-être qu’une véri­ta­ble réduc­tion du temps de tra­vail.