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La semaine de quatre jours essaime en Europe

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Heures supp’, heures sou­ples. Pour réduire notre bilan car­bone, amélior­er le bien-être et la pro­duc­tiv­ité au tra­vail, l’idée d’une semaine de qua­tre jours fait son chemin dans un nom­bre crois­sant de pays européens.

« Nous sommes un pays qui tra­vaille moins que les autres », marte­lait hier le prési­dent de la République Emmanuel Macron lors de la présen­ta­tion du son pro­gramme « France 2030 ». Alors qu’il veut faire cravach­er davan­tage les Français·es, nos voisins européens con­sid­èrent plutôt le chemin inverse.

Début 2022, en Espagne, 200 entre­pris­es volon­taires pro­poseront une semaine de 32 heures de tra­vail à leurs salarié·e·s. Une expéri­men­ta­tion financée par le gou­verne­ment qui dur­era trois ans. L’entreprise espag­nole Soft­ware Del­sol a instau­ré la mesure en 2020 auprès de ses 181 salariés (France Info). Résul­tat : une chute de 20% du taux d’absentéisme et une hausse de 20% de son chiffre d’affaires.

Pio­nnière en la matière, l’Islande a aus­si testé la semaine de qua­tre jours auprès de 2 500 salariés — soit 1% de sa force pro­duc­tive — entre 2014 et 2021. Une expéri­ence con­clu­ante, avec un accroisse­ment de la pro­duc­tiv­ité et du bien-être salar­i­al relevé par les think tanks à l’origine du dis­posi­tif

Hier, c’est le Pre­mier min­istre belge qui a ouvert la voie à la semaine de qua­tre jours (La libre Bel­gique). Mais il s’agit-là d’une mesure libérale des­tinée à réamé­nag­er le temps de tra­vail jour­nalier. Celui-ci pour­rait pass­er de 8h à 9h30 pour com­penser le cinquième chômé. Une propo­si­tion décriée par le par­ti vert Eco­lo, qui milite plutôt pour une réduc­tion du temps de tra­vail comme en Espagne.

Out­re le bien-être des salarié·e·s, la semaine de qua­tre jours serait aus­si béné­fique pour la planète, comme l’expliquait Vert en juin dernier. La général­i­sa­tion de cette mesure per­me­t­trait de réduire l’empreinte car­bone du Roy­aume-Uni de 21,3% — soit plus que l’empreinte car­bone totale de la Suisse, révélait une étude de l’ONG bri­tan­nique Plat­form. Une baisse con­sid­érable jus­ti­fiée, entre autres, par la diminu­tion des tra­jets domi­cile-tra­vail et de la con­som­ma­tion élec­trique des entre­pris­es. 

En France, cette mesure est défendue depuis les années 1990 par Pierre Lar­routur­ou, député européen et fon­da­teur du par­ti de gauche Nou­velle Donne. En 1996, la loi Robi­en a per­mis aux entre­pris­es d’opter pour la semaine de 32h en échange d’un allége­ment des coti­sa­tions sociales. À l’époque, la mesure visait à enray­er le chô­mage en rem­plaçant ces heures en moins par de nou­velles embauch­es. Mais la réforme des 35h, votée en 1998, a entériné la semaine de cinq jours et tué dans l’œuf cette pos­si­bil­ité. Depuis, la semaine de qua­tre jours peine à s’établir dans le débat pub­lic français même si la pandémie et l’essor du télé­tra­vail l’ont peu à peu relancée.