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Le recasage de Jean-Baptiste Djebbari à la CMA CGM refusé par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique

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La pan­tou­fle était trop grande, même pour lui. Dans un avis pub­lié ce mar­di, la Haute autorité pour la trans­parence de la vie publique (HATVP) a refusé que l’ex-ministre délégué aux trans­ports ne rejoigne l’armateur CMA CGM.

Le 16 mai, quelques heures avant que ne soit annon­cée la démis­sion de son gou­verne­ment, Jean-Bap­tiste Djeb­bari était déjà don­né par­tant pour le con­seil d’administration du con­struc­teur de voitures de luxe à hydrogène Hopi­um. Au coeur du réac­teur des poli­tiques publiques des trans­ports pen­dant près de trois ans, le min­istre délégué pou­vait-il rejoin­dre un fab­ri­cant de voitures sans atten­dre ? Chargée de prévenir les poten­tiels con­flits d’intérêts, la HATVP avait émis un « avis de com­pat­i­bil­ité avec réserves », sur cette sit­u­a­tion d’autant plus dou­teuse que le con­struc­teur s’était déjà servi de l’image du min­istre pour assur­er sa pro­mo­tion (notre décryptage).

Le 15 mars dernier, Jean-Bap­tiste Djeb­bari a, une nou­velle fois, saisi la HATVP pour lui soumet­tre un autre pro­jet de recon­ver­sion. Out­re ses activ­ités dans le fret mar­itime, le géant CMA CGM se développe dans le fret aérien ain­si que dans le secteur de l’espace. Jean-Bap­tiste Djeb­bari était pressen­ti pour devenir vice-prési­dent exé­cu­tif en charge du pôle spa­tial que la société envis­age de créer.

Des inter­nautes ont moqué le grand « pan­tou­flage » de Jean-Bap­tiste Djeb­bari, cette pra­tique qui con­siste à pass­er du pub­lic au privé. © François Parsy

Cette fois, la HATVP a pointé des « risques déon­tologiques sub­stantiels » et ce, pour plusieurs raisons. Le min­istre délégué aux trans­ports fut « notam­ment chargé de suiv­re les poli­tiques rel­a­tives à l’intermodalité, à l’aviation civile et aux appli­ca­tions satel­li­taires, note l’avis. Il s’est égale­ment occupé, con­join­te­ment avec la min­istre de la mer, de suiv­re « les poli­tiques rel­a­tives aux ports et aux trans­ports mar­itimes, à la marine marchande, à la régle­men­ta­tion sociale dans le domaine mar­itime et à l’attractivité des métiers dans le domaine mar­itime ».

En out­re, Jean-Bap­tiste Djeb­bari a ren­con­tré le prési­dent-directeur général ou d’autres cadres dirigeants du groupe CMA CGM « à au moins huit repris­es au cours des trois dernières années », note la HATVP. On aurait pu le soupçon­ner de met­tre son car­net d’adresse et sa con­nais­sance intime des dossiers au ser­vice du groupe et au détri­ment de l’intérêt général. Après les bolides à hydrogène, les porte-con­teneurs et les satel­lites, quel sera le nou­veau jou­et con­voité par Jean-Bap­tiste Djeb­bari ?