Reportage

Le mouvement climat se fait une place dans la lutte contre la réforme des retraites

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Avec leur sono et leurs argu­ments qui lient jus­tice sociale et cli­mat, les organ­i­sa­tions écol­o­gistes par­ticipent pleine­ment à la mobil­i­sa­tion con­tre la réforme des retraites. Elles seront à nou­veau présentes dans plusieurs défilés, mer­cre­di 15 mars.

«Retraites, planète : même com­bat», scan­dent les manifestant·es, mar­di 7 mars, dans le cortège parisien opposé à la réforme des retraites. Les organ­i­sa­tions écol­o­gistes y défi­lent en tête, juste der­rière la Fédéra­tion syn­di­cale uni­taire (FSU), dans une ambiance fes­tive qui rap­pelle les march­es pour le cli­mat. Fondée en 2020, l’Alliance écologique et sociale (AES) mêle organ­i­sa­tions du tra­vail et asso­ci­a­tions envi­ron­nemen­tales ; elle est présente ce jour-là non seule­ment «pour soutenir les syn­di­cats», mais aus­si «pour soulign­er la cor­réla­tion entre tra­vailler plus et pol­luer plus», détaille auprès de Vert son porte-parole Jean-François Jul­liard, égale­ment directeur général de Green­peace France. «Tra­vailler plus longtemps, c’est con­som­mer plus d’énergie et de ressources, extraire plus de min­erais et accentuer la crise cli­ma­tique», pour­suit-il. «Nous nous sen­tons tout à fait à notre place dans cette mobil­i­sa­tion».

A Paris, le 7 mars 2023 © Basile Mes­ré-Bar­jon / Alter­nat­i­ba Paris

Contre une logique productive

Toutes les organ­i­sa­tions envi­ron­nemen­tales dénon­cent la «logique pro­duc­tiviste» d’une réforme des retraites qui «va à rebours de l’ur­gence, la vraie», peut-on lire dans une récente tri­bune à France info. A l’inverse, celles-ci défend­ent une vision basée sur les lim­ites plané­taires et inter­ro­gent la répar­ti­tion des richess­es. Comme de nombreux·ses manifestant·es, Elise Nac­cara­to, porte-parole d’Oxfam, bran­dit une pan­car­te «Faites pay­er les pol­lueurs, lais­sez vivre les travailleur·ses». Le refus de tax­er les résul­tats excep­tion­nels des pétroliers comme Total­En­er­gies et ses 19 mil­liards d’euros de béné­fices en 2022 ne passe pas.

La réforme n’intègre pas le changement climatique

«Savez-vous com­bi­en de fois le mot “cli­mat” est évo­qué dans le pro­jet de réforme des retraites et dans les doc­u­ments qui le présen­tent ? Zéro ! Pour une réforme qui est cen­sée anticiper et pré­par­er notre avenir, c’est tout sim­ple­ment hal­lu­ci­nant», remar­que Green­peace France. Impos­er un réc­it sur «l’angle mort du cli­mat» dans cette réforme, c’est aus­si ce que visent les organ­i­sa­tions écol­o­gistes. «La ques­tion de la péni­bil­ité va aller en s’accroissant avec les cat­a­stro­phes cli­ma­tiques, les vagues de chaleur n’ont pas été pris­es en compte dans cette réforme», s’insurge Elise Nac­cara­to. Par ailleurs, l’organisation Reclaim Finance souligne que la réforme favoris­era un sys­tème par cap­i­tal­i­sa­tion qui incit­era à épargn­er à tra­vers des ban­ques tra­di­tion­nelles. Or, celles-ci finan­cent des pro­jets pétroliers et gaziers et accentuent de ce fait la crise cli­ma­tique (notre arti­cle). Des argu­ments peu repris par les syn­di­cats tra­di­tion­nels. «Les argu­ments soci­aux et de péni­bil­ité pri­ment, et c’est nor­mal», tem­père auprès de Vert Elodie Nace, porte-parole d’Alternatiba Paris.

«Cette mobil­i­sa­tion con­tribue à une stratégie plus large : il n’y a plus un seul sujet d’actualité qui ne doit pas être pen­sé aus­si sous un prisme cli­ma­tique», pour­suit Elodie Nace. Les organ­i­sa­tions seront encore présentes dans plusieurs cortèges, ce mer­cre­di 15 mars.