Panne décence. Tirés par la hausse des prix du gaz et du pétrole, les bénéfices des cinq plus grandes majors pétrolières (BP, Chevron, ExxonMobil, Shell et TotalEnergies) ont dépassé les 150 milliards de dollars (142,8 milliards d’euros) en 2022 – un niveau inédit.
Mercredi, la compagnie française TotalEnergies a annoncé des bénéfices de 20,5 milliards de dollars (environ 19,1 milliards d’euros) au cours de l’année 2022, soit 28% de plus qu’en 2021. Son résultat «net ajusté», qui n’exclut pas les évènements exceptionnels (ici, les provisions de pertes liées à la guerre en Ukraine et à la présence de l’entreprise en Russie), atteint 36,2 milliards de dollars (33,7 milliards d’euros), soit le double de l’année précédente.
En réaction, des activistes des Amis de la Terre et d’Alternatiba Paris ont aspergé de peinture rouge la façade du siège de TotalEnergies à la Défense (Hauts-de-Seine) dans la matinée pour dénoncer l’indécence de ces profits. Sur des banderoles, les militant·es ont brandi le message suivant : «Superprofits : vous encaissez, nous subissons». Dans un entretien au Parisien le même jour, le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, qui continue de réfuter l’usage du terme «superprofits» s’est dit ouvert à de nouvelles mesures de rabais à la pompe si les prix de l’essence continuent de grimper. En 2022, ces ristournes ont coûté 550 millions d’euros à l’entreprise, qui a tout de même fait 350 millions d’euros de bénéfices rien que sur le sol français.
Les résultats exceptionnels de TotalEnergies nourrissent le débat mondial sur la répartition des richesses alors que les majors profitent largement de la crise de l’énergie, au détriment des citoyen·nes. Une situation qui ravive aussi les critiques grandissantes de la société civile vis-à-vis de leurs activités extrêmement polluantes. Mardi, le président des États-Unis Joe Biden a dénoncé les bénéfices «scandaleux» des compagnies pétrolières lors de son discours annuel sur l’état de l’Union devant le Parlement américain. La semaine dernière, il avait déjà critiqué l’inégale répartition des profits d’ExxonMobil (55,7 milliards de dollars ou 51,1 milliards d’euros) et demandé à «Big Oil» («les grands pétroliers») d’enfin «faire leur part».
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