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Le Conseil national de la refondation climat et biodiversité, énième organe de concertation sur l’écologie

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Ven­dre­di, la pre­mière min­istre Élis­a­beth Borne a inau­guré le Con­seil nation­al de la refon­da­tion (CNR) cli­mat et bio­di­ver­sité en com­pag­nie d’une flopée de min­istres. Objec­tif affiché : bâtir le con­sen­sus pour accélér­er l’action cli­ma­tique.

Implan­té dans une anci­enne gare parisi­enne, le bar et tiers-lieu écologique La REcy­clerie, dans le 18ème arrondisse­ment de la cap­i­tale, revêt un décor inhab­ituel en ce ven­dre­di après-midi. Dans la salle prin­ci­pale aux grandes poutres en bois et en métal d’où pen­dent de nom­breuses plantes, une cen­taine d’invité·es, la plu­part en cos­tume, attend l’arrivée d’Élisabeth Borne et d’au moins cinq de ses min­istres. « Ça rend bien, il y a des plantes, ça fait éco­lo », souf­fle une mem­bre de l’équipe organ­isatrice. La présen­ta­tion du Con­seil nation­al de la refon­da­tion (CNR) dédié au cli­mat et à la bio­di­ver­sité doit don­ner le coup d’envoi à la plan­i­fi­ca­tion écologique promise par Emmanuel Macron à sa réélec­tion.

Sept CNR seront lancés autour de thé­ma­tiques var­iées (numérique, loge­ment, jeunesse, etc). Celui-ci réu­ni­ra élu·es, col­lec­tiv­ités, parte­naires soci­aux, représentant·es d’entreprise et du monde asso­ci­atif autour de 22 chantiers (sobriété, tran­si­tion juste, ser­vices publics exem­plaires, fis­cal­ité et finance­ment, etc) afin d’accélérer la tran­si­tion écologique et attein­dre les objec­tifs cli­ma­tiques de la France. Le pays est déjà sur la mau­vaise pente pour réduire ses émis­sions de CO2 de 40% d’i­ci à 2030 par rap­port à 1990. Pis, le nou­v­el objec­tif européen, adop­té par Paris, est désor­mais de ‑55%. Des plans d’action doivent être élaborés et déclinés pour chaque fil­ière afin d’obtenir, dès la fin de l’année, une pre­mière ver­sion con­solidée des straté­gies à met­tre en œuvre.

Les min­istres Agnès Pan­nier-Runach­er (tran­si­tion énergé­tique) et Christophe Béchu (tran­si­tion écologique) à l’oc­ca­sion du lance­ment du Con­seil nation­al de la refon­da­tion cli­mat et bio­di­ver­sité, ven­dre­di 21 octo­bre à la REcy­clerie (Paris 18è). © Bertrand Guay / AFP

Un maître-mot, martelé par l’aréopage de min­istres dépêché·es pour l’occasion : le con­sen­sus. « Évi­tons de nous frac­tur­er. Enten­dons à la fois ceux qui craig­nent qu’on aille trop vite et ceux qui ont peur que l’on n’en fasse pas assez », appelle de ses vœux la pre­mière min­istre. « Il y a peu de domaines où le con­sen­sus est aus­si dif­fi­cile, mais peu de domaines où il est aus­si néces­saire. Partager les con­stats et les solu­tions, c’est éviter de faire de l’écologie la guerre de tous con­tre tous », scan­de le min­istre de la tran­si­tion écologique, Christophe Béchu.

Nico­las Dufrêne, directeur du think tank l’Institut Rousseau, est scep­tique vis-à-vis d’un tel out­il. « En fait, on sait déjà à peu près ce qu’il faut faire. Les mesures, on les con­naît, pas besoin de refaire 150 fois les mêmes con­cer­ta­tions. On a le tra­vail excel­lent fait par la Con­ven­tion citoyenne pour le cli­mat, les plans de tran­si­tion de Négawatt, du Shift project, les mesures de la Stratégie nationale bas-car­bone, de la Stratégie nationale de bio­di­ver­sité… On ne peut plus don­ner l’impression qu’il faut tou­jours recom­mencer le tra­vail. C’est une stratégie de dilu­tion, où on dit “Regardez, on agit !” mais sans vrai­ment agir », déplore-t-il auprès de Vert.

Plusieurs intervenant·es plaident tour à tour pour que le gou­verne­ment pro­pose des moyens à la hau­teur des ambi­tions affichées. « Si j’ai un mes­sage à faire pass­er : chiffrez tout, n’éludez surtout pas la ques­tion, soyez clairs sur qui paye quoi et quand », insiste Benoît Leguet, directeur général de l’Institut de l’économie pour le cli­mat (I4CE). Véronique Andrieux, direc­trice du WWF France, et Arnaud Schwartz, prési­dent de France nature envi­ron­nement (FNE), exi­gent une plus grande cohérence entre les paroles et les actions.

Cer­taines organ­i­sa­tions écol­o­gistes se sat­is­font d’être asso­ciées au dia­logue, mais elles restent sur leurs gardes. « Quel a été le bilan des apports du Grand débat nation­al, de la Con­ven­tion citoyenne pour le cli­mat ?, s’interroge San­drine Béli­er, direc­trice de l’ONG Human­ité et bio­di­ver­sité. En ter­mes de con­fi­ance, on repart sur un proces­sus alors qu’on n’a pas eu de retour trans­par­ent sur toutes les démarch­es aux­quelles on nous a asso­ciés. Ce serait impor­tant pour motiv­er tout le monde pour ce nou­veau chantier. »