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La plus grande centrale nucléaire d’Ukraine a été prise par l’armée russe

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Dans la nuit de jeu­di à ven­dre­di, les troupes russ­es se sont emparées de Zapor­i­jia, la plus grande cen­trale nucléaire d’Ukraine et la plus puis­sante d’Europe. Des tirs de chars ont provo­qué l’incendie d’un bâti­ment admin­is­tratif, mais la sécu­rité du site n’a pas été affec­tée selon l’autorité de sûreté ukraini­enne.

Les sec­ours ont éteint le feu à six heures ce matin. D’après l’autorité de sûreté ukraini­enne (SNRIU), l’incendie a touché des bâti­ments aux­il­i­aires et « les sys­tèmes et les com­posants impor­tants pour la sécu­rité de la cen­trale nucléaire sont opéra­tionnels. » Deux mem­bres du per­son­nel de sécu­rité ont été blessés. L’Agence inter­na­tionale de l’énergie atom­ique (AIEA) n’a pas con­staté de hausse du taux de radi­a­tion — le ray­on­nement autour du site était de 0,1 microsiev­ert par heure, selon l’exploitant de la cen­trale, soit un niveau plus bas que la moyenne mon­di­ale, et large­ment inférieur à celui d’une radi­ogra­phie, pré­cise Le Monde.

©️ Guardian News sur Youtube

Toute­fois, le directeur de l’AIEA a indiqué à la Russie et à l’Ukraine qu’il prévoy­ait de se ren­dre à Tch­er­nobyl (égale­ment sous con­trôle russe) le plus rapi­de­ment pos­si­ble pour répon­dre à la demande d’aide for­mulée par la SNRIU. « Si nous devons porter assis­tance, nous devons être présents sur place » a‑t-il pré­cisé lors d’une con­férence de presse, ce ven­dre­di matin.

Les images cap­tées au petit matin par les caméras de la cen­trale de Zapor­i­jia ©️ cen­trale nucléaire de Zapor­izhzhia

Le Cen­tre d’in­for­ma­tion et de crise de la SNRIU a égale­ment été activé. Il main­tient le con­tact avec la direc­tion de la cen­trale nucléaire de Zapor­i­jia pour suiv­re l’évolution de la sit­u­a­tion. L’AIEA a appelé dans un tweet « à cess­er l’usage de la force et aver­tit d’un grave dan­ger si les réac­teurs sont touchés ». Le prési­dent ukrainien, Volodymyr Zelen­sky, a accusé la Russie d’avoir recours à la « ter­reur mil­i­taire » en s’en prenant aux cen­trales du pays (France Info). « Jamais à cette échelle-là, un pays aus­si nucléarisé n’avait con­nu un tel niveau d’intensité de con­flits » affir­mait à Vert Teva Mey­er, spé­cial­iste de géopoli­tique du nucléaire, en milieu de semaine.

Désor­mais, par­mi les enjeux cru­ci­aux, il s’ag­it de garan­tir la sécu­rité de la chaîne d’ap­pro­vi­sion­nement et d’éviter toute per­tur­ba­tion du refroidisse­ment des réac­teurs à l’ar­rêt, a indiqué la SNRIU. Sur les six réac­teurs de la cen­trale, l’AIEA a pré­cisé que l’u­nité 1 était à l’ar­rêt pour main­te­nance. Les unités 2 et 3 sont arrêtées pour des con­trôles de sécu­rité, et le refroidisse­ment des instal­la­tions est en cours. L’u­nité 4, elle, est en ser­vice à 60% de ses capac­ités. Les unités 5 et 6 sont en cours de refroidisse­ment égale­ment selon la SNRIU.

La ges­tion de ces six réac­teurs qui four­nissent — en temps nor­mal — un cinquième de la pro­duc­tion d’électricité du pays, est sous le con­trôle du per­son­nel ukrainien. Celui-ci a un rôle-clé dans la sécu­rité des instal­la­tions, comme l’expliquait à Vert Michaël Man­geon, spé­cial­iste des risques nucléaires : « Si les Russ­es vien­nent à con­trôler la cen­trale, ils auront néan­moins besoin des Ukrainiens pour exploiter les réac­teurs, même si les réac­teurs sont arrêtés. On ne peut pas rem­plac­er le per­son­nel à court terme. »