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La justice met un coup d’arrêt majeur aux projets de méga-bassines dans le marais poitevin

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Reteauqués. Lun­di, le tri­bunal admin­is­tratif de Poitiers a annulé l’autorisation de con­stru­ire deux ensem­bles de réserves d’eau (ou «méga-bassines») dans les départe­ments de la Char­ente, de la Char­ente-Mar­itime, des Deux-Sèvres et de la Vienne.

Des pro­jets «sur­di­men­sion­nés», qui ne sont pas asso­ciés «à de réelles mesures d’économie d’eau» et ne tien­nent «pas compte des effets prévis­i­bles du change­ment cli­ma­tique». Le juge­ment du tri­bunal de Poitiers ren­du pub­lic ce 2 octo­bre met un coup de frein inédit à des pro­jets de con­struc­tion de retenues d’eau en France.

Cette déci­sion annule l’autorisation de con­struc­tion et d’exploitation, délivrée en 2021 par les préfets des départe­ments con­cernés, pour ces deux groupes de «retenues de sub­sti­tu­tion» à des fins agri­coles. Soit pas moins de 15 «méga-bassines».

Ini­tié par l’Association de défense de l’environnement Poitou-Char­entes Nature, l’Association de pro­tec­tion et avenir du pat­ri­moine en pays d’Aigre et en Nord Char­ente, Vienne Nature, la Ligue de pro­tec­tion pour les oiseaux (LPO), l’UFC-Que choisir et la Con­fédéra­tion paysanne, ce recours en jus­tice con­tre les pro­jets poitevins visait notam­ment à met­tre fin à une cam­pagne de dés­in­for­ma­tion qui «présente les méga-bassines comme un moyen de dimin­uer les prélève­ments» d’eau.

Cap­ture écran de la carte élaborée par les Soulève­ments de la Terre pour réper­to­ri­er les dif­férents pro­jets de méga-bassines sur le ter­ri­toire français. © Soulève­ments de la Terre

Conçues pour stock­er les eaux abon­dantes de l’hiver et pou­voir les utilis­er en été, en lim­i­tant ain­si le prélève­ment d’eau lors des péri­odes sèch­es, la con­struc­tion de ces méga-bassines aug­menterait en réal­ité la pres­sion sur les réserves, soulig­nent les asso­ci­a­tions et le tri­bunal. Con­cer­nant par exem­ple le pro­jet de con­struc­tion de neuf méga-bassines sur les bassins de l’Aume et de la Cou­ture (Char­ente, Char­ente-Mar­itime et des Deux-Sèvres), «le pro­jet con­dui­sait à aug­menter les prélève­ments de 1,41 mil­lion de m3», pointe le juge admin­is­tratif de Poitiers.

En juil­let 2023, la Cour des comptes avait fait paraître un rap­port très cri­tique sur la ges­tion de l’eau par l’État français, soulig­nant que la réduc­tion des prélève­ments devait être au cœur de la ges­tion de cette ressource essen­tielle.