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La Grèce devient le premier pays européen à interdire le chalutage dans ses aires marines protégées

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Planche de cha­lut. Cette déci­sion inédite s’accompagne de la créa­tion de nou­veaux parcs nationaux marins et de moyens ren­for­cés pour pro­téger ces écosys­tèmes.

C’est un «moment his­torique», s’est réjoui le Pre­mier min­istre grec, Kyr­i­akos Mit­so­takis, à l’occasion de la con­férence mon­di­ale Our ocean qui s’est tenue à Athènes mar­di et mer­cre­di. «Le cha­lu­tage de fond est la plus grande men­ace qui pèse sur les habi­tats marins», a jus­ti­fié le gou­verne­ment grec dans un doc­u­ment détail­lant ses annonces.

Cette pra­tique de pêche con­siste à racler les planch­ers océaniques à l’aide de filets, frag­ilisant l’ensemble des écosys­tèmes marins. Le cha­lu­tage sera d’abord ban­ni des trois parcs nationaux marins du pays dès 2026, puis dans l’ensemble des aires marines pro­tégées (AMP) à hori­zon 2030. Ces AMP sont des zones choisies pour leur riche bio­di­ver­sité et qui répon­dent à des objec­tifs de pro­tec­tion des écosys­tèmes.

Deux nou­veaux parcs nationaux mar­itimes veront aus­si le jour en 2024. Le pre­mier cou­vri­ra plus de 11% des eaux grec­ques dans la mer Ion­i­enne, à l’Est du pays, où l’on retrou­ve de nom­breux mam­mifères marins tels que des cachalots, des baleines, des dauphins ou encore des pho­ques moines. Le deux­ième s’étendra sur 6% des eaux ter­ri­to­ri­ales, dans le sud de la mer Égée (entre la Grèce et la Turquie), où vivent d’importantes colonies d’oiseaux sauvages. De quoi per­me­t­tre à la Grèce de pro­téger plus de 30% de ses zones marines dès 2024, avec six ans d’avance sur la loi.

Ces nou­velles mesures s’ac­com­pa­g­nent de moyens ren­for­cés, dont un sys­tème de sur­veil­lance éten­du (notam­ment à l’aide de drones) pour faire respecter l’interdiction de cha­lu­tage. Au total, 780 mil­lions d’euros seront des­tinés à la pro­tec­tion des écosys­tèmes marins.

«C’est la meilleure nou­velle que j’ai enten­due depuis des années pour l’océan !», a jubilé Claire Nou­vian, prési­dente de l’association Bloom. Ces annonces inter­vi­en­nent dans un con­texte européen ten­du, alors que la France reproche au Roy­aume-Uni de vouloir inter­dire le cha­lu­tage dans cer­taines de ses aires pro­tégées (notre arti­cle). «Nous espérons que cela entraîn­era un effet domi­no sur les autres pays européens, a expliqué au Guardian Nico­las Fournier, directeur de cam­pagne pour l’ONG Oceana. La France est sous pres­sion, car elle accueillera la con­férence des Nations unies sur les océans l’année prochaine». Il est encore temps pour Emmanuel Macron de tenir sa promesse de faire de 2024–2025 «l’année de la mer».

Pho­to d’il­lus­tra­tion : Un vil­lage de pêcheurs de l’île de Milos, dans le sud de la mer Égée en Grèce. © Man­fred Wern­er / Wiki­me­dia