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La France refuse de retirer ses chalutiers des aires marines protégées britanniques

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Ils man­quent pas d’aires. Paris reproche à Lon­dres de met­tre en dan­ger la fil­ière de la pêche en inter­dis­ant le cha­lu­tage dans cer­taines aires marines pro­tégées du Roy­aume-Uni.

Emmanuel Macron l’avait promis : 2024 sera «l’année de la mer». Pour l’instant, elle est surtout l’année des manœu­vres anti-écologiques, dénonce l’ONG de pro­tec­tion des océans Bloom. Depuis quelques semaines, la France a engagé un bras de fer avec le Roy­aume-Uni sur la ques­tion de la pêche dans les aires marines pro­tégées (AMP), des espaces délim­ités qui répon­dent à des objec­tifs de préser­va­tion de la nature.

Le 22 mars dernier, le gou­verne­ment bri­tan­nique a annon­cé l’interdiction du cha­lu­tage de fond dans cer­taines zones de treize de ses AMP — sur 178 au total. La mesure s’étend sur quelque 4000 kilo­mètres car­rés et vise à pro­téger ces rich­es écosys­tèmes. Le cha­lu­tage de fond est une tech­nique de pêche par­ti­c­ulière­ment destruc­trice, qui con­siste à racler le planch­er océanique à l’aide de lourds filets. Cette pra­tique frag­ilise les habi­tats marins et leur capac­ité d’absorption de car­bone.

Cette carte mon­tre les nou­velles zones inter­dites au cha­lu­tage de fond dans cer­taines aires marines pro­tégées du Roy­aume-Uni à par­tir du 22 mars 2024. © Bloom

Mais, pour la France, il s’agit surtout d’une mesure dis­crim­i­na­toire envers ses pêcheur·ses, qui évolu­ent notam­ment au sein de ces zones pro­tégées. «La France sou­tient ses pêcheurs et résiste à ces déci­sions arbi­traires du Roy­aume-Uni», a défendu Jean-Noël Bar­rot, min­istre délégué chargé de l’Europe, en vis­ite auprès des pêcheur·ses de Boulogne-sur-mer (Nord) fin mars.

D’après le gou­verne­ment français, ces restric­tions con­tre­vi­en­nent à l’accord de com­merce et de coopéra­tion (ACC) post-Brex­it. Or, elles sont autorisées dans la mesure où elles s’appliquent à tous les navires — y com­pris bri­tan­niques. «Que la France ne veuille pas pro­téger ses zones dites “pro­tégées” est une chose, mais qu’elle décide en plus de s’attaquer aux États qui veu­lent réelle­ment pro­téger les leurs est absol­u­ment scan­daleux», fustige Claire Nou­vian, prési­dente de Bloom.

À la demande de Jean-Noël Bar­rot, une réu­nion a eu lieu lun­di 15 avril entre la Com­mis­sion européenne, la France et le Roy­aume-Uni afin d’évoquer ce dif­férend et d’envisager la suite.

Pho­to d’il­lus­tra­tion : Une remon­tée de cha­lut de fond en mer du Nord. © Olivi­er Dugor­nay / Ifre­mer