On va y laisser des plumes. Une vague qualifiée de « plume de chaleur » va s’abattre sur une grande partie de la France à partir de mercredi et des records de températures risquent d’être pulvérisés localement.
Un épisode d’une « précocité remarquable » : c’est en ces mots que Météo-France décrit la vague de chaleur qui va frapper le pays à partir de mercredi et jusqu’à la fin de la semaine au moins. Dans le sud de la France, les températures pourraient dépasser la barre des 40 °C, de quoi battre de nouveaux records. Dans la partie nord du pays, les 35 °C devraient également être franchis. Météo-France prévient que des seuils de canicules pourraient être atteints par endroits. On parle de canicule lorsque, à l’inverse d’une vague de chaleur, les températures restent anormalement élevées de jour comme de nuit (où elles ne descendent pas sous une certaine température définie pour chaque département – Le Monde), et ce pendant au moins trois jours consécutifs.
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Cette situation exceptionnelle est due à la présence de masses d’air venues d’Afrique du Nord qui remontent vers l’Espagne et la France comme dans un entonnoir. À l’inverse d’un dôme de chaleur, phénomène statique généré par un anticyclone qui se fixe à un endroit, il s’agit d’une « plume de chaleur », ainsi que l’a appelée le climatologue et auteur principal du dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) Christophe Cassou sur Twitter : un panache de chaleur très dynamique et dont l’évolution reste incertaine. Cette situation est amplifiée par la présence d’une dépression météorologique au niveau des Açores, au large du Portugal, qui favorise les remontées d’air chaud vers l’Europe.
Il est possible que cette « plume » soit rejointe par une autre masse d’air en provenance de l’océan Atlantique et ne se transforme en « dôme » après quelques jours, ce qui en ferait « THE perfect heatwave » (« LA vague de chaleur parfaite »), toujours selon Christophe Cassou.
À l’instar de celle qui a durement frappé l’Inde et le Pakistan à partir de mars (notre article) les vagues de chaleur s’intensifient et se multiplient sous l’effet du bouleversement du climat. Météo-France en a répertorié trois fois plus lors des 30 dernières années qu’au cours des 42 années précédentes en France. Le changement climatique entraîne également l’intensification des risques dits « en cascade ». Par exemple, la chaleur plus forte engendre de moins bonnes récoltes agricoles et fait monter les prix, tandis qu’elle durcit les conditions de travail pour les agriculteur·rices, dont elle fait chuter la productivité et les revenus.
Face à l’intensification des vagues de chaleur, de nombreux·ses scientifiques proposent de donner des noms à ces épisodes extrêmes, à l’instar des tempêtes ou des ouragans, afin de mieux sensibiliser l’opinion publique. Par exemple, la vague de chaleur extrême d’août 2021 en Italie a été surnommée « Lucifer » par les médias italiens après avoir pulvérisé le record de températures dans le pays avec l’atteinte de 48,8°C.
Sur Twitter, le docteur en agroclimatologie Serge Zaka a proposé un sondage pour choisir un nom à la vague qui en France. Pour l’instant, avec 54 % des votes, c’est « Balrog » – un géant de feu issu de l’univers de Tolkien – qui cavale en tête.
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