En chiffres

650 milliards d’heures de travail sont perdues chaque année à cause de la chaleur

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Réduc­tion de la tem­péra­ture de tra­vail ! Chaque année, des cen­taines de mil­liards d’heures de labeur et des mil­liers de mil­liards de dol­lars sont per­dus à cause de la chaleur. Un phénomène qui promet de s’ag­graver avec le réchauf­fe­ment cli­ma­tique.

Quand l’hu­mid­ité se mêle à la chaleur, il arrive un cer­tain point (mesuré par l’indice du « ther­momètre mouil­lé ») où le corps humain ne peut plus se refroidir cor­recte­ment et risque la mort. Lorsque de tels épisodes sévis­sent, celles et ceux qui tra­vail­lent en extérieur (dans l’a­gri­cul­ture, la foresterie, la pêche, la con­struc­tion) sont condamné·es à s’ar­rêter.

650 mil­liards d’heures de tra­vail seraient ain­si per­dues chaque année à tra­vers le globe. C’est le con­stat acca­blant fait par les auteur·rices d’une étude parue le 13 jan­vi­er dans la revue Envi­ron­men­tal Research Let­ters. Ce chiffre est supérieur de 400 mil­liards à ce qu’avaient estimé de précé­dents travaux. En tout, c’est l’équiv­a­lent de 148 mil­lions d’emplois à temps plein qui part en buée chaque année. « Ces pertes annuelles sont com­pa­ra­bles aux pertes tem­po­raires qui sont sur­v­enues pen­dant les con­fine­ments liés au Covid-19 », indiquent les sci­en­tifiques. Cette embolie avait entraîné des pertes horaires équiv­a­lentes à la dis­pari­tion de 130 mil­lions d’emplois à plein temps.

Les pertes annuelles d’heures de tra­vail, rap­portées à la pop­u­la­tion de cha­cun des pays. © ERL

D’après les sci­en­tifiques, le coût de ces pertes de pro­duc­tiv­ité s’élève à 2 100 mil­liards de dol­lars par an, soit 1 870 mil­liards d’eu­ros. L’Asie est, de loin, le con­ti­nent le plus touché. Alors que 40% de sa pop­u­la­tion tra­vaille dans l’a­gri­cul­ture, l’Inde est le pays le plus meur­tri, avec 149 mil­liards d’heures en moins. Loin devant la Chine (49 mil­liards) et l’In­donésie (25 mil­liards). Les pertes économiques se mon­tent à 0,5% du PIB aux Etats-Unis, 7% en Inde, et atteignent 10% dans cer­tains pays.

Le nom­bre d’heures per­dues a cru d’au moins 9% au cours des qua­tre dernières décen­nies (+60 mil­liards d’heures). Ce qui révèle, selon les chercheurs, qu’un réchauf­fe­ment « rel­a­tive­ment faible » du cli­mat (+0,5°C sur la péri­ode étudiée), peut avoir des con­séquences majeures sur le tra­vail et l’é­conomie en général. Le phénomène promet de con­tin­uer à s’ag­graver, alors que la planète se dirige vers une hausse des tem­péra­tures de l’or­dre de 2,5 à 4°C à la fin du siè­cle.

Comme le rap­pelait le Giec dans la par­tie sci­en­tifique de son six­ième rap­port, parue en août, les vagues de chaleur son vouées à se mul­ti­pli­er : à 2°C de réchauf­fe­ment, un épisode de tem­péra­ture extrême qui appa­rais­sait une fois tous les 10 ans au 19ème siè­cle, se pro­duira 5,6 fois par décen­nie. A 4°C, il se pro­duira presque tous les ans. 43% des humains vivent aujour­d’hui dans des régions chaudes et humides (ONU).