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La Californie étouffe sous une canicule hivernale, signe du bouleversement du climat

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Les super boules. En Cal­i­fornie, État de l’ouest améri­cain en proie à des événe­ments extrêmes depuis plusieurs mois, le mer­cure a explosé tous les records pour le week-end du Super bowl, la célèbre finale du cham­pi­onnat de foot­ball améri­cain. 

Il fai­sait 28 degrés Cel­sius pour le coup d’envoi du match du Super Bowl à Los Ange­les ce dimanche. C’est la plus haute tem­péra­ture mesurée lors de cette grand-messe annuelle depuis près de cinquante ans. Le record remonte en effet à 1973, où les joueurs se sont affron­tés sous un soleil de plomb et 29°C, tou­jours à Los Ange­les. 

La chanteuse Mary J. Blige, lors du spec­ta­cle de la mi-temps du Super bowl, qui s’est tenu dans la nuit de dimanche à lun­di à Ingle­wood (Cal­i­fornie) © Kevin C. Cox / Get­ty Images via AFP

Depuis plusieurs mois, les Californien·nes subis­sent une météo invraisem­blable, symp­tôme du dérè­gle­ment cli­ma­tique. L’été 2021 a été le plus chaud jamais enreg­istré en Cal­i­fornie, suivi d’un automne par­ti­c­ulière­ment sec. Puis, en décem­bre, l’État améri­cain a été sur­pris par des chutes de neige his­toriques; jusqu’à trois mètres sont tombés en une semaine dans cer­taines zones. Des pré­cip­i­ta­tions qui ont don­né aux Californien·nes l’espoir d’une sécher­esse moins vio­lente au print­emps.


Les écarts aux max­i­males moyennes de sai­son relevés dimanche 13 févri­er, indiqués en degrés Fahren­heit © Nation­al Weath­er Ser­vice Weath­er Pre­dic­tion Cen­ter

Pour­tant, à peine entamée, l’année 2022 atteint déjà de nou­veaux extrêmes. 32 jours sans une goutte de pluie pen­dant l’hiver : ce nou­veau record a été annon­cé mer­cre­di dernier par un insti­tut météorologique, le Cen­tral Sier­ra snow lab de l’Université de Berke­ley (Cal­i­fornie). 

À cet hiv­er excep­tion­nelle­ment sec se sont ajoutées des tem­péra­tures-records la semaine dernière. 31,6°C à l’aéroport de Los Ange­les same­di ou encore 25,5°C à San Fran­cis­co : la Cal­i­fornie a enreg­istré des tem­péra­tures de plus de dix degrés au-dessus de la moyenne saison­nière. Des météoro­logues qual­i­fient cette vague de chaleur inédite de « canicule hiver­nale ». 

Sur les réseaux soci­aux, les inter­nautes ne savent plus s’ils doivent prof­iter du beau temps ou s’inquiéter de ces tem­péra­tures anor­males. Le météoro­logue de la chaîne de télévi­sion locale KGO-TV, Drew Tuma, a inven­té le terme de « delight­mare » (« delight » et « night­mare », soit un cauchemar déli­cieux) pour qual­i­fi­er la sit­u­a­tion. 

« Nous appelons cette météo un “cauchemar déli­cieux” », répond sur Twit­ter le météoro­logue d’une chaîne de télévi­sion locale à un inter­naute qui dis­ait que « La météo de San Fran­cis­co aujourd’hui était à la fois déli­cieuse et éprou­vante ». © Cap­ture d’écran Twit­ter

La vague de chaleur fait crain­dre un début pré­coce de la sai­son des incendies avec le retour des mégafeux, un fléau qui se développe en Cal­i­fornie. À Lagu­na Beach, une sta­tion bal­néaire au sud de Los Ange­les, des résident·es ont dû être tem­po­raire­ment évacué·es jeu­di au petit matin et les écoles ont été fer­mées à cause d’un feu qui menaçait les habi­ta­tions. « Nous n’avons plus de sai­son des incendies — nous avons une année d’incendies », a déclaré le chef des pom­piers du comté d’Orange, Bri­an Fen­nessy, lors d’une con­férence de presse. En 2021, le Dix­ie fire s’est hissé en tête des incendies les plus destruc­teurs de l’histoire de l’État ; un mégafeu suff­isam­ment puis­sant pour génér­er son pro­pre sys­tème météorologique.