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Comment se faire un bon barbecue sans griller la planète ?

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La planète sur le gril. Sport nation­al pen­dant les beaux jours, le bar­be­cue a aus­si un coût envi­ron­nemen­tal non nég­lige­able. Quelques pistes pour prof­iter de ces moments con­vivi­aux sans réchauf­fer le cli­mat.

Le week-end dernier, le Salon du bar­be­cue se tenait à Paris, mar­quant le début de la sai­son de ces repas en extérieur qui font le sel de nos étés. Moment de partage par excel­lence, le bar­be­cue est aus­si par­ti­c­ulière­ment néfaste pour la planète.

Éviter les barbecues au charbon

Le bar­be­cue au char­bon de bois, le plus tra­di­tion­nel, est aus­si le plus pol­lu­ant. La com­bus­tion du char­bon émet un cock­tail de sub­stances néfastes pour la san­té et la planète, comme des par­tic­ules fines, du dioxyde de car­bone (CO2), du monoxyde de car­bone… Les fumées de cuis­son, stim­ulées par les fortes tem­péra­tures et la com­bus­tion incom­plète du char­bon, libèrent égale­ment des hydro­car­bu­res aro­ma­tiques poly­cy­cliques (HAP). Ces sub­stances chim­iques tox­iques, aux pro­priétés can­cérigènes, peu­vent se dépos­er sur les ali­ments et être inhalées. De plus, les bar­be­cues au char­bon requièrent l’utilisation d’allume-feux qui sont sou­vent très chim­iques. Dans cer­tains ter­ri­toires, l’usage de bar­be­cue au char­bon est pro­hibé lors d’épisodes de pol­lu­tion. Ce fut le cas en Isère ou dans la Loire durant l’été 2018.

Le bar­be­cue au gaz offre une com­bus­tion un peu plus pro­pre — près de trois fois moins émet­trice de CO2 que son équiv­a­lent au char­bon, d’après une étude sci­en­tifique (un peu datée) pub­liée dans la revue Envi­ron­men­tal impact assess­ment review. Le bar­be­cue élec­trique, bien qu’énergivore, a l’avantage de ne génér­er aucune émis­sion pol­lu­ante dans l’atmosphère. Enfin, le bar­be­cue solaire est une alter­na­tive par­ti­c­ulière­ment éco­lo puisqu’il n’utilise aucune autre énergie que celle du soleil au moment de la cuis­son. Il s’agit d’une sorte de parabole en alu­mini­um, au cœur de laque­lle on fait cuire les ali­ments grâce aux rayons du soleil qui se réfléchissent. Une fois le four solaire en sa pos­ses­sion, son usage est abor­d­able puisqu’il ne réclame ni élec­tric­ité ni com­bustible.

Végétaliser ce qu’on met sur le gril

Au-delà du cuiseur util­isé, pren­dre garde à ce qu’on fait griller dessus est encore plus impor­tant. Émis­sions de CO2, ressources en eau, usage des ter­res : l’impact envi­ron­nemen­tal de la viande n’est plus à démon­tr­er (notre arti­cle). Un repas avec du bœuf émet en moyenne 14 fois plus de CO2 qu’un repas végé­tarien.

Un repas avec du bœuf (7kg CO2-équiv­a­lent) émet en moyenne 14 fois plus de CO2 qu’un repas végé­tarien (0,5kg). © Cap­ture d’écran du site Impact CO2, mis en place par l’Ademe.

«Je com­prends le côté social et sym­pa de faire griller des trucs ensem­ble, mais en réal­ité on peut faire griller plein d’autres choses que de la viande», souligne auprès de Vert Mélanie, à l’origine du compte Insta­gram melanie_en_veganie, qui partage des recettes pour se tourn­er vers le végan­isme depuis trois ans. Les pos­si­bil­ités sont sans fin : tofu, sei­tan, bro­chettes de poivrons, de cour­gettes ou de champignons, maïs gril­lé, lamelles d’aubergines, pommes de terre en papil­lotes, camem­bert rôti au miel…

Depuis quelques années, les sub­sti­tuts à la viande (sauciss­es et steaks végé­taux) se dévelop­pent de plus en plus dans les super­marchés. Ces pro­duits n’ont pas tou­jours bonne presse en rai­son de leurs embal­lages plas­tiques ou de leur nature trans­for­mée. «Les gens ont sou­vent une réac­tion de rejet car ils craig­nent ce qu’il y a dedans, pensent que c’est ultra trans­for­mé… En réal­ité, le jam­bon ou le bacon qu’on peut acheter chez Car­refour sont tout aus­si trans­for­més, si ce n’est plus», souligne melanie_en_veganie. In fine, ces alter­na­tives végé­tales restent bien moins car­bonées que la viande. Des chercheur·ses de l’Université de Sheffield, au Roy­aume-Uni, ont mené une étude sur l’impact d’un bar­be­cue tra­di­tion­nel (avec viande) et d’une alter­na­tive veg­an (avec sauciss­es véganes). D’après leurs don­nées, le bar­be­cue carné (repas com­plet, dont usage d’un bar­be­cue à char­bon) entraîne 5,8 kilo­grammes de d’équivalent-CO2 par per­son­ne con­tre 2 kilo­grammes de CO2eq par indi­vidu pour la ver­sion végane.

Le Devoir a agrégé plusieurs études sci­en­tifiques et mis sur pied un com­para­tif de l’empreinte car­bone des dif­férents ali­ments que l’on retrou­ve lors des gril­lades esti­vales. a estimé l’empreinte car­bone des gril­lades esti­vales. Un repas de bar­be­cue «tra­di­tion­nel», com­posé d’un steak de bœuf (340g), d’un épi de maïs, de deux poivrons et d’une demi-aubergine génère 10,77 kgs de CO2eq, tan­dis que son cousin végé­tal­ien, à base de tofu (175g) et de légumes (épi de maïs, deux poivrons, demi-aubergine), engen­dre 1,65kg de CO2eq, soit dix fois moins.

«Pour les plus aven­tureux, on peut même faire nous-mêmes des bro­chettes de tofu, de sei­tan ou de tem­peh, qui ont de supers apports nutri­tion­nels et qui peu­vent être très bonnes si on les cui­sine avec de bonnes épices», avance Mélanie, qui a par ailleurs suivi une for­ma­tion sur les ali­men­ta­tions végé­tari­ennes à la fac de la médecine de la Sor­bonne. Sur son compte Insta­gram, elle a récem­ment partagé une recette de bro­chettes de sei­tan au papri­ka fumé et à la sauce soja pour apporter à un bar­be­cue en famille. Alors, sei­tan-tant, hein ?