Les satires opposées. Il promet « d’enrichir » son programme, elle s’enfonce dans le climato-négationnisme : Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont des techniques très différentes pour convaincre les indécis·es à l’approche du second tour de la présidentielle.
Éliminé au premier round, le climat revient finalement par la petite porte aux derniers instants de la campagne présidentielle. Emmanuel Macron, qui a siphonné avec succès les voix de la droite, s’affaire désormais à donner des gages à gauche avant le deuxième tour du scrutin le 24 avril. Mercredi, lors de son intervention sur le plateau de France 2, il a ainsi promis de dévoiler « dans les prochains jours » des mesures écologiques inspirées des programmes de Jean‑Luc Mélenchon et de Yannick Jadot, arrivés respectivement troisième et sixième du premier tour. L’objectif annoncé : chercher dans leurs programmes des mesures « cohérentes avec le projet qu'[il] porte ».

Le président a notamment repéré la mesure phare du projet de Jean‑Luc Mélenchon : « la planification écologique est une chose dont je peux me nourrir », a-t-il indiqué. Le leader « insoumis » porte depuis 2008 cette idée d’un État stratège qui organise la transition, secteur par secteur. Elle doit s’appuyer, selon lui, sur la constitutionnalisation d’une « règle verte », selon laquelle on ne prélève pas davantage à la nature que ce qu’elle est en état de reconstituer.
Dans le programme de Yannick Jadot, Emmanuel Macron compte examiner « les sujets d’économie circulaire où il voulait aller encore plus vite que ce qu’on faisait ». Le programme de l’écologiste est pourtant relativement imprécis sur ce point. Le terme « économie circulaire » n’apparaît que deux fois dans son programme, pour affirmer le soutien à cette filière « en collaboration avec le tissu associatif » et via un financement issu de la Taxe générale sur les activités polluantes. Enfin, le président a indiqué qu’il se pencherait sur « les éléments de proposition sur la qualité de l’air, la qualité de l’eau, la mer » de ses deux ex-adversaires, sans donner plus de détails.
Le même jour, Marine Le Pen a, elle aussi, fait une place aux sujets environnementaux lors de la présentation de ses objectifs diplomatiques. Mais pour s’en distancier. La candidate d’extrême droite a promis qu’elle ne sortirait pas de l’Accord de Paris, au nom duquel les nations se sont promis de contenir l’emballement climatique. Son programme indique toutefois que « la France répondra aux engagements de l’Accord de Paris par les moyens qu’elle aura choisi, au rythme et selon les étapes dont elle aura décidé ». « Ce qui revient à en sortir… », a commenté sur Twitter l’avocat en droit de l’environnement, Arnaud Gossement.
La présidente du Rassemblement national compte en revanche se retirer du Fonds « vert » pour le climat, qui aide les pays les plus pauvres à lutter contre la crise climatique et à s’y adapter. Elle a précisé que la question environnementale « ne constituera pas l’alpha et l’oméga de [sa] politique étrangère ». Du reste, elle a qualifié cette thématique (ainsi que le féminisme) de « prétendus grand enjeux globaux », critiquant au passage les « postures internationales » d’organisations des Nations unies comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).
Ces derniers jours, au nom du pouvoir d’achat, la candidate a multiplié les promesses anti-climat telles que la baisse de la TVA sur les carburants, le fioul et le gaz, ou la baisse du prix des péages autoroutiers. Pour le reste, c’est son amour du nucléaire qui lui tient lieu de programme. Or, les expert·es du Shift project ont déjà mis en avant que son ambition d’atteindre une production de 100 gigawatts (GW) de nucléaire à l’horizon 2050 (contre 62 GW aujourd’hui) n’est pas réaliste au regard des capacités actuelles de la filière.
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