Dans l'actu

Climat : les candidats proposent des mesures « partielles » et « imprécises » selon le Shift Project

Le think tank The Shift Project vient de publier son analyse au sujet des ambitions des aspirant·es à l’Elysée en matière de climat. Il apparaît que toutes et tous proposent des mesures largement imprécises et insuffisantes ; Yannick Jadot (EELV) et Jean-Luc Mélenchon (FI) s’en sortent un peu mieux que leurs adversaires.
  • Par

Shit projects ? Le think tank The Shift Project vient de pub­li­er son analyse au sujet des ambi­tions des aspirant·es à l’Elysée en matière de cli­mat. Il appa­raît que toutes et tous pro­posent des mesures large­ment impré­cis­es et insuff­isantes ; Yan­nick Jadot (EELV) et Jean-Luc Mélen­chon (FI) s’en sor­tent un peu mieux que leurs adver­saires.

« Il y a du boulot » ; voilà le titre, en forme de soupir, qu’ont choisi les ingénieur·es du « Shift » pour leur rap­port paru ce lun­di. Plutôt que d’analyser les pro­grammes des candidat·es, ils ont demandé à ceux-ci de réca­pit­uler dans une let­tre leur pro­jet pour plac­er la France sur la tra­jec­toire de la neu­tral­ité car­bone en 2050 ‒ à cette date, les dernières émis­sions de CO2 devront être com­pen­sées, notam­ment en plan­tant des arbres, pour se met­tre en con­for­mité avec la Stratégie nationale bas-car­bone, la feuille de route qui fixe les étapes pour y par­venir. Tou·tes ont joué le jeu, sauf Jean Las­salle (Résis­tons !) et Emmanuel Macron (LREM).

Leurs propo­si­tions ont été com­parées au vaste Plan de trans­for­ma­tion de l’économie française pub­lié par le Shift en févri­er dernier (notre arti­cle), qui détaille les change­ments à opér­er dans tous les secteurs pour attein­dre les objec­tifs cli­ma­tiques de la France.

Hélas, il appa­raît qu’aucun des candidat·es ne sem­ble pro­pos­er une approche sys­témique et dûment chiffrée qui per­me­tte de répon­dre aux défis à venir. « Si tous ou presque veu­lent « réin­dus­tri­alis­er » la France, les principes qui per­me­t­traient de con­stru­ire une indus­trie décar­bonée ne sont exposés au mieux que très par­tielle­ment », note, par exem­ple, le doc­u­ment. Idem sur l’épineuse ques­tion de l’emploi, de la for­ma­tion et des recon­ver­sions, « évo­quée super­fi­cielle­ment, quand elle n’est pas ignorée ». Si toutes et tous con­vi­en­nent désor­mais que la sobriété est néces­saire, notam­ment pour se libér­er du gaz russe, celle-ci n’est jamais traduite en objec­tifs et en mesures pré­cis­es, indique encore le rap­port.

Par­mi les nom­breuses dif­fi­cultés relevées par les auteur·rices : les dis­cus­sions sur la tran­si­tion énergé­tique se lim­i­tent à une oppo­si­tion « nucléaire ver­sus renou­ve­lables » ; la sor­tie du pét­role est réduite à un débat sur la voiture élec­trique ou les trans­ports en com­mun. Or, « le prob­lème est bien plus vaste et déli­cat. Il réclame de la part du pou­voir exé­cu­tif une vision lucide, artic­ulée et pré­cise. »

Si Yan­nick Jadot, Jean-Luc Mélen­chon et, dans une moin­dre mesure, Valérie Pécresse, pro­posent des mesures plus com­plètes que les autres, « on reste large­ment dans l’incantation, la pen­sée mag­ique », a déploré Matthieu Auzan­neau, directeur du Shift Project, dans les colonnes du Monde.

Pour ten­ter d’y voir plus clair, France info s’est joint aux « Shifters » ‒ une asso­ci­a­tion proche du think tank ‒ pour pass­er au crible les pro­grammes des candidat·es et véri­fi­er leur con­for­mité aux objec­tifs cli­ma­tiques de la France.