Reportage photo

En Italie, les militants de Bassines non merci et des Soulèvements de la Terre font converger leurs luttes avec les opposants au train à grande vitesse

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Rand’eau pour le cli­mat. Une soix­an­taine de mem­bres du col­lec­tif Bassines non mer­ci et des Soulève­ments de la Terre a par­cou­ru 1 300 kilo­mètres pour se ren­dre depuis le marais poitevin jusqu’à Vicence, en Vénétie (Ital­ie), où s’est tenu du 5 au 8 sep­tem­bre un camp pour le cli­mat dans la forêt. Vert y était.

Organ­isé dans des bois et un cen­tre social men­acés de destruc­tion par un pro­jet de ligne à haute vitesse (TAV), ce camp cli­mat a rassem­blé près de 400 per­son­nes. Il fut l’occasion de mon­tr­er, par la présence de militant·es français·es, italien·nes et d’ailleurs, que la lutte con­tre l’accaparement de l’eau n’a pas de fron­tière. Cette «tra­ver­sée des luttes de l’eau» a même poussé la prom­e­nade, le temps d’une ultime étape, jusqu’à la lagune de Venise, déjà men­acée par le sur­tourisme.

© Pierre-Yves Ler­ay­er / Vert

Le campe­ment a été mon­té dans le bois Ca’Alte, men­acé par le pro­jet de ligne à haute vitesse. A quelques cen­taines de mètres de là se trou­vent le bois Lanerossi et le cen­tre social Boc­cio­dro­mo, eux aus­si men­acés par le pro­jet de ligne à haute vitesse. Pour défendre les arbres et la bio­di­ver­sité qui y règ­nent, les activistes ont bâti des cabanes et passerelles qu’ils et elles occu­pent régulière­ment. «Nous sommes les clous con­tre vos tronçon­neuses», martè­lent les slo­gans sur les t‑shirts et les ban­deroles.

© Pierre-Yves Ler­ay­er / Vert

Entre autres activ­ités pro­posées pen­dant le camp cli­mat, des ate­liers de grimpe ont per­mis d’apprendre à mon­ter dans les arbres en toute sécu­rité avec l’aide de militant·es aguerri·es.

© Pierre-Yves Ler­ay­er / Vert

Plusieurs con­férences au con­tenu éclec­tique se sont tenues dans les bois et dans le cen­tre social men­acés, avec la présence de nom­breux col­lec­tifs de luttes. Ici avec les anciens tra­vailleurs de l’entreprise GKN, dont l’usine de Campi Bisen­zio, près de Flo­rence, a licen­cié 422 per­son­nes en 2021.

© Pierre-Yves Ler­ay­er / Vert

Le Boc­cio­dro­mo de Vicence est un cen­tre social autonome et antifas­ciste, mais aus­si un lieu de ren­con­tres cul­turelles et sportives. Des ren­con­tres y ont été organ­isées lors du camp cli­mat, alors que le bâti­ment est, lui aus­si, men­acé par le pro­jet de ligne à haute vitesse. Il est occupé quo­ti­di­en­nement par les opposant·es au TAV.

© Pierre-Yves Ler­ay­er / Vert

Des ate­liers de réflex­ions col­lec­tives ont aus­si été menés, comme ici avec le mil­i­tant Nakul Heroor, qui a ani­mé un ate­lier sur l’approche décolo­niale de la crise cli­ma­tique. Pour lui, «il y a des racines com­munes entre éco­cides et géno­cides».

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Le ven­dre­di, dans la soirée, une délé­ga­tion française d’une soix­an­taine de per­son­nes, dont des mem­bres de Bassines non mer­ci et des Soulève­ments de la Terre, a rejoint le camp après une «tra­ver­sée des luttes de l’eau» depuis le Marais poitevin. Objec­tif : aller à la ren­con­tre de luttes locales français­es et ital­i­ennes con­tre l’accaparement et la pol­lu­tion de l’eau, et tiss­er des passerelles mil­i­tantes entre les deux pays lim­itro­phes.

© Pierre-Yves Ler­ay­er / Vert

Same­di 7 sep­tem­bre, quelques cen­taines de per­son­nes ont pais­i­ble­ment déam­bulé dans les rues de Vicence con­tre le TAV, avant de rejoin­dre un sec­ond cortège, par­ti plus tôt, en sou­tien à la Pales­tine. Les chants ont ani­mé la man­i­fes­ta­tion, ponc­tuée de quelques pris­es de parole sur l’ensemble du par­cours.

© Pierre-Yves Ler­ay­er / Vert

La prochaine ligne du TAV, encore en cours de con­struc­tion, men­ace les bois Lanerossi et Ca’Alte de Vicence, dont les arbres sont défendus bec et ongle par les militant·es italien·nes, friand·es de jeux de mots. Ici pour mar­quer le lien entre les «arbres qui résis­tent» et les arbres qui «exis­tent».

© Pierre-Yves Ler­ay­er / Vert

En par­al­lèle, la délé­ga­tion française de Bassines non mer­ci et des Soulève­ments de la terre a pour­suivi son chemin vers la lagune de Venise, men­acée par le sur­tourisme et ses immenses paque­bots. Pour l’occasion, une bar­que a été emportée jusque-là depuis le Marais poitevin afin de don­ner quelques coups de rame sym­bol­iques dans «cet espace mag­nifique et frag­ile».

© Pierre-Yves Ler­ay­er / Vert

S’il avait pu, Julien Le Guet, porte-parole de Bassines non mer­ci qui «a un rap­port très fusion­nel avec la bar­que», «aurai[t] ramé toute la journée sur la lagune». Pour lui et ses cama­rades, l’objectif de créer une passerelle entre les luttes pour la défense de l’eau, par-delà les fron­tières, est large­ment réus­si.

© Pierre-Yves Ler­ay­er / Vert

La tra­ver­sée des luttes de l’eau, «de la Venise verte à la lagune de Venise», a même visé plus grand que son objec­tif ini­tial. Un groupe d’une quin­zaine de per­son­nes s’est ren­du jusqu’au cœur de Venise, où des ban­deroles ont pu être déployées sur les ponts qui enjam­bent les canaux de la cité véni­ti­enne, sous le soleil et les regards sur­pris des touristes.