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En France métropolitaine, onze millions de personnes vivent éloignées des transports en commun

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Délaissé pour compte. Des millions de Français·es, notamment dans les départements ruraux, n’ont pas facilement accès aux transports en commun, que ce soit à pied ou à vélo, selon une étude de l’UFC-Que Choisir. L’association milite pour une refonte du mode de financement des mobilités publiques.

Onze millions de Français·es, soir «environ 17% de la population métropolitaine […] n’a aucun accès aux transports en commun dans un rayon de dix minutes de marche», avance l’association de consommateur·ices UFC-Que Choisir, dans une étude publiée mardi. Une absence d’arrêt d’autobus ou de gare criante dans les petites localités : près de la moitié (45%) des communes de moins de 1 000 habitant·es en sont totalement privées.

Dans le Gers, le Lot et la Lozère, plus de 60% de la population ne dispose d’aucun arrêt de transport en commun à moins de dix minutes à pied. «Plus largement, la diagonale du vide ressort de cette analyse : des Ardennes au nord jusqu’aux Landes dans le sud. Les départements du sud-ouest montrent des taux importants d’inaccessibilité, comme la Dordogne, où cela concerne 245 000 personnes», précise à Vert Lucile Buisson, chargée de mission environnement, transport et énergie à l’UFC-Que Choisir.

Au contraire, en Ile-de-France, plus de 90% des gens peuvent se rendre à pied de leur domicile à un arrêt d’autobus, de tramway, de métro ou bien à une gare en moins de dix minutes. «La région Hauts-de-France est aussi bien desservie, grâce à la fois à la structure de la localisation de sa population et au déploiement du réseau. Dans le nord, il y a des grappes urbaines de villes moyennes, propices à un bon niveau de desserte. La Moselle, la Meurthe-et-Moselle et la Meuse s’en sortent bien aussi, ce qui est à notre sens lié à tous les transports en commun organisés pour les transfrontaliers qui vont au Luxembourg», abonde l’autrice de l’étude. Le niveau de disponibilité de ces transports est également plutôt bon dans le sud-est.

Aller à la gare en vélo, un casse-tête

L’UFC-Que Choisir a aussi étudié la présence de transport ferré (train, métro, tramway) dans l’environnement immédiat. «85,3% de la population française n’a pas de gare à moins de dix minutes de marche», indique l’étude. Et «53% de la population française se trouve à plus de dix minutes à vélo d’une gare». «Sur ce plan, il y a une dichotomie entre les zones urbaines et le reste de la France. On voit se dégager des zones bien desservies le long des réseaux TER», ajoute Lucile Buisson.

La gare de La Bastide – Saint-Laurent-les-Bains, l’une des rares en Lozère. ©Wikimedia Commons

Seule l’Ile-de-France a un niveau élevé d’accessibilité au train grâce au vélo. Dans plus de 80 départements, soit la quasi totalité de la France métropolitaine, plus de la moitié de la population doit pédaler plus de dix minutes pour prendre un train.

L’UFC-Que Choisir remet en question le mode de financement des transports publics. Celui-ci repose en grande partie sur une contribution des entreprises locales – le versement mobilité. «Cela pénalise les territoires ruraux, alors que les entreprises se concentrent globalement dans les grands centres urbains», déplore l’association. Et de demander une «refonte du financement des autorités organisatrices de mobilités locales leur garantissant les ressources nécessaires pour le développement des transports en commun».

Alors que le budget est âprement négocié en ce moment à l’Assemblée, Lucile Buisson insiste sur le nécessaire rôle de l’Etat dans le financement des transports en commun : «Il y a un besoin d’investissements, d’un choc d’offre. L’apport de l’État est pour le moment limité, il y a la nécessité de flécher davantage de budget étatique sur les réseaux de transport urbain. C’est maintenant que se joue l’avenir des transports en commun pour 2025.»