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En France, branle-bas de combat pour éviter la «guerre de l’eau»

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Sèche eau. Près de la moitié des départe­ments français sont déjà sous le coup d’arrêtés pré­fec­toraux en rai­son de la sécher­esse, et la sit­u­a­tion pour­rait s’aggraver avec l’été.

«La guerre de l’eau provo­quée par une baisse des réserves con­stitue une men­ace pour notre cohé­sion nationale», a alerté le min­istre de la tran­si­tion écologique, Christophe Béchu lors de la réu­nion du Comité d’anticipation et de suivi hydrologique (Cash) ce jeu­di. Une ren­con­tre entre sci­en­tifiques, représentant·es de l’État, asso­ci­a­tions et usager·es de l’eau, ain­si que des médias, pour faire le point sur l’état de la sécher­esse en France. Un exer­ci­ce de trans­parence qui souligne l’importance cap­i­tale que va pren­dre le sujet des ressources en eau dans les prochains mois.

La sit­u­a­tion est déjà cri­tique : 75% des nappes phréa­tiques du pays présen­tent des niveaux inférieurs à la nor­male, con­tre 58% à la même époque en 2022, d’après un récent bilan du Bureau de recherch­es géologiques et minières (BRGM). Cer­taines régions, comme la Bre­tagne et la Nou­velle-Aquitaine, ont béné­fi­cié «d’épisodes con­séquents de recharge» des nappes grâce aux pré­cip­i­ta­tions print­anières, mais la par­tie sud du pays reste très assoif­fée.

Au moins 45 départe­ments mét­ro­pol­i­tains sont déjà sous le coup d’un arrêté pré­fec­toral de vig­i­lance sécher­esse ; plus d’une dizaine sont locale­ment en état d’alerte (avec cer­taines restric­tions des usages de l’eau) ; sept sont en sit­u­a­tion d’alerte ren­for­cée (forte lim­i­ta­tion des usages). Le Gard, les Bouch­es-du-Rhône et le Var sont par­tielle­ment touchés par des arrêtés de «crise» — le niveau max­i­mal -, ce qui sig­ni­fie que seuls les prélève­ments pri­or­i­taires (san­té, eau potable, salubrité et sécu­rité civile) y sont autorisés.

Les Pyrénées-Ori­en­tales, qui n’ont pas con­nu un jour de pluie depuis plus d’un an et où qua­tre com­munes ne sont plus ali­men­tées en eau potable, pour­raient bas­culer en sit­u­a­tion de crise ce ven­dre­di. Le niveau des nappes souter­raines, les plus pro­fondes, y est si bas que l’intrusion d’eau salée venant de la mer y est envis­age­able, ce qui rendrait l’eau impro­pre à la con­som­ma­tion, a prévenu le BRGM.

Le min­istre de l’é­colo­gie, Christophe Béchu, sur les berges de l’Agly à sec à Rivesaltes le 27 avril 2023. © Ray­mond Roig/AFP

En vis­ite dans le départe­ment jeu­di, Christophe Béchu a annon­cé la mise en place d’une cel­lule de sou­tien aux petites com­munes touchées par des prob­lèmes d’alimentation en eau potable à par­tir de juin. Les préfet·es recevront bien­tôt des con­signes pour amélior­er le pilotage des crises dans leur ter­ri­toire, avec des délais rac­cour­cis pour bas­culer d’un niveau de grav­ité (vig­i­lance, alerte) à un autre (état de crise). Le min­istre a égale­ment promis davan­tage de trans­parence sur cer­taines déro­ga­tions — l’année dernière, des excep­tions accordées à cer­tains golfs en pleine sécher­esse avaient fait polémique (Vert). Rien toute­fois sur le partage de l’eau entre les exploita­tions agri­coles et les autres usages, ni sur les «mégabassines» qui attisent la colère d’une part crois­sante de la pop­u­la­tion.

Enfin, une cel­lule de recense­ment sera lancée dès juin pour décompter les com­munes touchées par le manque d’eau en temps réel. Le min­istre a rap­pelé que 1 000 com­munes avaient essuyé de sérieux prob­lèmes et que 400 avaient dû être appro­vi­sion­nées en eau par des citernes pen­dant l’été 2022. Par manque d’anticipation, le gou­verne­ment n’avait pu recenser ces don­nées qu’après coup. C’est bas‑l’eau !