L’action aura été éclair – dix minutes, pas plus. Vendredi, vers 9h20, quelques militant·es ont fait irruption dans le hall du siège de la banque BNP Paribas, situé en plein cœur de Paris (9e arrondissement). Affublé·es de masques à l’effigie de la banque et de TotalEnergies et déguisé·es en actionnaires, les militant·es ont déversé de faux bidons de pétrole et jeté des billets.
Leur objectif : organiser une saynète pour attirer l’attention sur les financements que la banque accorde aux énergies fossiles (le pétrole, le charbon et le gaz), et notamment à TotalEnergies. L’entreprise organise son assemblée générale annuelle ce vendredi après-midi, après avoir réalisé un bénéfice de 15,2 milliards d’euros en 2024.

Entre 2021 et 2023, la BNP Paribas a été la plus grande financeuse du pétrolier français avec un soutien à hauteur de deux milliards de dollars (1,8 milliard d’euros), d’après la dernière édition du rapport international Banking on climate chaos.
«On veut dénoncer les principales banques, dont BNP Paribas, qui continuent à financer les énergies fossiles sachant que le Giec et l’Agence internationale de l’énergie ont dit qu’il fallait cesser immédiatement tout nouveau projet», explique Fred (prénom d’emprunt), d’Extinction rebellion.
«L’emblème d’une société délétère pour le climat»
«Total est l’emblème d’une société délétère pour le climat et qui fait preuve d’un cynisme absolu», martèle l’activiste. Elle dénonce notamment le projet d’oléoduc chauffé traversant l’Ouganda et la Tanzanie, EACOP, et ses lourdes conséquences pour les populations locales, le climat et la biodiversité.
La saynète a rapidement été interrompue par la sécurité du bâtiment avant que les militant·es ne puissent déployer une banderole. Les vigiles ont ensuite été rejoints par la police qui a brutalement sorti les militant·es du hall, les jetant à terre sur le trottoir. Sept d’entre elles et eux ont été interpellé·es et au moins trois ont été placé·es en garde à vue.

Depuis plusieurs années, le jour de l’assemblée générale de TotalEnergies est devenu un rendez-vous pour de nombreuses organisations écologistes qui en profitent pour dénoncer la stratégie expansive de l’entreprise et son impact sur le climat. L’année dernière, plusieurs centaines d’activistes avaient été nassé·es par les forces de l’ordre pendant de longues heures devant le siège d’Amundi, un gestionnaire d’actifs faisant partie des principaux actionnaires de TotalEnergies (notre reportage).
Tout au long du mois de mai, une dizaine d’organisations membres de la coalition Carnage Total (Extinction rebellion, les Soulèvements de la Terre, etc) organisent une séquence intitulée MaiMorable avec des actions contre l’entreprise française et ses nombreux soutiens.
Les actionnaires de TotalEnergies se réuniront à 14 heures au siège de l’entreprise, dans le quartier de La Défense à Courbevoie, pour tenir leur assemblée générale.
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