Témoignages

De la peur, de la colère, mais surtout de la détermination : les lecteurs de Vert réagissent au dernier rapport du Giec

Rapport après rapport, le Giec a établi un état des lieux alarmant de l'évolution du climat ainsi que des pistes pour contenir le réchauffement et maintenir une planète vivable. Comment réagissez-vous à la lecture de ses conclusions ? Témoignages.
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À tra­vers les dizaines de témoignages que vous nous avez fait par­venir, la peur est l’émotion qui domine. Bar­bara, archi­tecte de 31 ans, racon­te son angoisse et le «sen­ti­ment de [s]e faire dépos­séder de [s]on avenir et de celui des généra­tions futures». Marie, étu­di­ante de 20 ans : «J’ai peur et ça m’angoisse de ne pas réus­sir à faire les bons choix pour le futur de notre planète et de l’espèce humaine». «J’ai d’abord eu les larmes aux yeux en enten­dant Guter­res dire que la syn­thèse est un “guide de survie pour l’hu­man­ité”. J’avais sous les yeux mon fils de deux ans et mon cœur s’est ser­ré parce que je sais qu’il sera sûre­ment con­fron­té à une dure réal­ité plutôt tôt que tard», exprime Pauline, 36 ans, en recherche d’emploi.

Certain·es lecteur·rices se révè­lent désemparé·es face à ces infor­ma­tions, qui soulèvent nom­bre de doutes et ques­tions. «Je sais que me met­tre en mou­ve­ment m’aiderait à sur­mon­ter l’angoisse, mais je ne sais pas com­ment, avec qui… quit­ter mon boulot-con­fort ? Vis­er l’adaptation en virant sur­vival­iste ? Ten­ter l’atténuation [réduire les émis­sions de gaz à effet de serre] en visant l’espoir ? Les deux ? M’en foutre totale­ment ?», s’interroge Nico­las, 46 ans, cadre dans une com­pag­nie d’assurances.

De la «rage» de Pauline à la «colère froide» de Dorothée en pas­sant par l’indignation de Léon face «au manque de vis­i­bil­ité don­né à ce rap­port si impor­tant» et le «vague sen­ti­ment de révolte» de Lau­re, ces témoignages révè­lent aus­si une porosité entre l’angoisse et la colère. «Je m’aperçois que je tape fort sur mon clavier en vous écrivant. Je réalise que j’ai une énorme boule dans la gorge, ça me donne envie de fon­cer, de faire bouger les lignes. Plutôt qu’être spec­ta­trice du désas­tre, je préfère me bat­tre pour un avenir meilleur», rap­porte Aman­dine, for­ma­trice de 36 ans.

Passée l’abattement et la frus­tra­tion, la grande majorité d’entre vous man­i­fes­tent leur moti­va­tion et déter­mi­na­tion à chang­er les choses. Cette envie de faire mieux s’exprime notam­ment à l’échelle indi­vidu­elle. «J’ai envie de m’améliorer per­son­nelle­ment et d’apporter ma pierre à l’édifice», écrit Bar­bara, qui évoque un «regain de moti­va­tion per­son­nelle pour être en phase avec [s]es con­vic­tions». «Je finis tou­jours par me dire : con­tin­ue à faire ce que tu fais au quo­ti­di­en, tiens bon, et fais en encore plus !», racon­te Del­phine, médi­atrice dans une asso­ci­a­tion de cul­ture sci­en­tifique. «C’est dans l’ac­tion que l’on peut garder le moral, parce qu’on change les choses à notre échelle. Même si l’on sait que c’est insuff­isant, c’est très impor­tant», juge Aymer­ic, artiste de 55 ans.

Une dynamique qui s’écrit aus­si à l’échelle col­lec­tive. Vanes­sa, vétéri­naire de 39 ans, est déter­minée à s’engager citoyen­nement, «pour favoris­er le verdisse­ment des villes ou l’émergence de col­lec­tifs». Plusieurs per­son­nes se dis­ent tenté·es par l’activisme et la désobéis­sance civile face à l’indifférence et l’inaction des décideurs. Les épisodes comme la pub­li­ca­tion de ce rap­port peu­vent devenir des moments charnières, un déclic pour bas­culer dans l’action. Par exem­ple, au lende­main de la prési­den­tielle, en avril dernier, le mou­ve­ment écol­o­giste Alter­nat­i­ba avait observé un «effet élec­tion» via une vague mas­sive de nou­velles recrues (France info). Reste à voir si les ONG observeront aus­si un «effet Giec».

Pauline, elle, se dit «déter comme jamais !». Chez Vert aus­si, nous sommes «déter comme jamais» pour con­tin­uer à chroni­quer le change­ment cli­ma­tique, et les solu­tions pour enray­er la crise.